(BFM Bourse) - Alimentées par la poursuite de la hausse des prix de l'énergie, les craintes vis-à-vis d'une poussée inflationniste qui ne serait pas aussi "transitoire" qu'espéré ont chahuté mardi la Bourse de Paris, qui s'en tire avec un repli néanmoins modéré (-0,34%)
Nerveux dans la matinée, le marché parisien s'est assoupi dans l'après-midi, et termine cette séance sans grand changement par rapport à la mi-journée, soit sur un recul de 0,34% à 6.548,11 points pour l'indice phare de la cote tricolore. Un moindre mal après une ouverture dans le rouge vif, le CAC ayant lâché jusqu'à 1,2% dans les premiers échanges alors que l'appétit pour le risque semblait avoir déserté les places boursières. En cause, l'approche d'une nouvelle saison de résultats trimestriels coïncidant avec une forte poussée des prix de l'énergie, et plus généralement de l'ensemble des matières premières. "La hausse du prix du baril de pétrole pourrait affecter la croissance mondiale" explique John Plassard, directeur adjoint des investissements chez Mirabaud, constant que le débat sur l'évolution de l'inflation est "de plus en plus intense". À la nervosité ambiante s'ajoute une bonne dose de prudence, à en juger par le volume de transactions faible, de nouveau inférieur à 3 milliards d'euros.
"L'inflation continue à agiter les marchés, poussée par les prix de l'énergie", corrobore Jeffrey Halley, analyste d'Oanda, d'autant que cette hausse des prix semble selon lui de jour en jour de plus en plus ancrée ou de moins en moins transitoire, contrairement au scénario des banques centrales. Les prix du pétrole restent proches de leurs récents plus hauts, correspondant à des sommets depuis plusieurs années, et ceux de métaux de base comme le nickel ou l'aluminium continuent de grimpent, contribuant craintes inflationnistes dans un contexte toujours dominé par des goulets d'étranglement sur les chaînes d'approvisionnement mondiales. Et si les banques centrales ont maintenu jusqu'ici leur analyse selon laquelle la forte poussée des prix à la consommation des derniers mois n'est que temporaire, une poussée plus prononcée qu'anticipé de l'inflation pourrait les inciter à hâter leur stratégie actuelle de resserrement monétaire, scénario jugé défavorable par les marchés.
Au lendemain d'un nouveau repli généralisé des indices new-yorkais (entre -0,64% pour le Nasdaq et -0,72% pour le DJIA) dans un marché déserté (en l'absence de nombreux investisseurs pour cause de "Columbus Day"), ceux-ci affichent un rebond timoré ce mardi, reprenant entre 0,2% pour le Dow et le S&P et 0,3% pour le Nasdaq peu après 11h (heure locale). La Chambre des représentants américaine doit pourtant voter ce jour en faveur du relèvement du plafond de la dette des Etats-Unis jusqu'en décembre, un répit attendu dans une saga interminable - mais insuffisant dans ce contexte où les opérateurs privilégient la retenue. Les analystes s'attendent de fait à une hausse, sur un an, de 29,6% des bénéfices des entreprises composant le S&P 500 au troisième trimestre, contre une croissance de 96,3% au trimestre précédent (qui bénéficiait certes d'un effet de base particulièrement favorable) selon les données IBES de Refinitiv publiées vendredi.
Aux valeurs, outre les nombreuses à profiter des annonces du plan d'investissements de 30 milliards d'euros dévoilé par Emmanuel Macron ce mardi matin, parmi lesquelles on peut citer EDF (+2,8%), McPhy Energy (+16%) ou Vergnet (+11%), peu de mouvements significatifs sont à signaler. Au sein du CAC, Eurofins rebondit de 1,5% après avoir subi de gros dégagements depuis son intégration dans l'indice phare, tandis que Safran accuse la plus forte chute (-2,6%) à ce stade. Malgré la poursuite de la hausse des cours pétroliers et sa présence dans les renouvelables, axe stratégique de développement établi par le président de la République, TotalEnergies rétrocède en revanche 1,1% par rapport à ses gains récents. Les craintes d'un ralentissement de la croissance économique affectent par ailleurs les valeurs cycliques, à savoir les compartiment automobile (-0,6% pour Stellantis, -0,3% pour Renault), aéronautique (-1,1% pour Airbus) et bancaire (-1,5% pour Crédit Agricole notamment).
Parmi les "smallcaps", Abionyx s'est détaché avec un bond de 31% après l'annonce de l'ouverture de discussions avec Iris Pharma, une société de recherche clinique sous contrat (CRO) figurant parmi les leaders mondiaux de la spécialité, en vue d'un rapprochement stratégique. Interparfums a décollé de 9,2% après une note positive d'Oddo BHF, qui réitère son conseil à surperformance deux semaines avant la publication trimestrielle du distributeur de parfums. Les parapétrolières TechnipFMC (-5,5%) et Vallourec (-6,4%) subissaient de leur côté de larges prises de bénéfices après leur récent "rallye".
Du côté des changes, la monnaie unique continue de s'affaiblir par rapport au billet vert, qui profite des perspectives d'un resserrement monétaire plus rapide de la Fed que de la BCE, et cède 0,15% supplémentaires à 1,1541 dollar vers 18h10. Enfin, le bitcoin s'effrite quelque peu après avoir repris plus de 30% en deux semaines, mais s'échange toujours autour de 56.000 dollars.