(BFM Bourse) - L'effet plan de relance n'a pas suffi à la Bourse de Paris pour échapper à la vague de prises de bénéfices initiée outre-Atlantique. Le CAC 40 a néanmoins un peu mieux résisté que ses homologues européens.
Les intentions volontaristes affichées initialement par les opérateurs jeudi à Paris ont fait pschitt, pour paraphraser Jacques Chirac, disparu il y a bientôt un an. Le plan de relance voulu par l'actuel président Emmanuel Macron afin de "préparer la France de 2030" n'a en effet pas permis au marché parisien d'échapper à un subit refroidissement de l'atmosphère à Wall Street.
Au lendemain d'un rebond de 1,9%, la Bourse de Paris a d'abord accentué sa progression jeudi matin sur fond de présentation des grandes masses du plan de relance, doté d'un budget de 100 milliards d'euros - le montant le plus important annoncé jusqu'à présent en Europe. Mais les gains se sont émiettés dans l'après-midi à partir de l'ouverture de la Bourse de New York et la tendance est repassée négative dans la dernière heure alors que la cote américaine subissait la notable correction du secteur technologique. Au final, la journée s'est soldée par un recul de 0,44% pour le CAC à 5.009,52 points dans un volume de 3,3 milliards d'euros échangés. En Europe, Francfort (-1,4%) et Londres (-1,5%) ou encore Milan (-1,54%) enregistraient des replis encore plus prononcés.
Repli de Tesla et Apple
Alors que de nouveaux records ont été battus mardi soir à Wall Street (22e pic historique de l'année pour le S&P 500 et 42e pour le Nasdaq !), l'élan des valeurs technologiques a brutalement été coupé avec encore plus de 5% de baisse pour Apple (ce qui étant donné le niveau atteint récemment fait un paquet de dollars virtuels en moins: une centaine de milliards...) et -7,5% pour Tesla - soit pas loin de 20% de correction désormais pour le cours du constructeur de véhicules électriques. Résultat, le Nasdaq Composite trébuchait de 4%, le S&P 500 de 2,7% et le Dow de 1,9% à l'heure de la mi-séance à New York...
Les valeurs de l'auto, de l'hôtellerie et du BTP les plus recherchées
À Paris, les investisseurs ont cherché à se positionner sur les valeurs potentiellement les plus exposées au stimulus budgétaire, mais alors que moins de 10% des représentants du SBF 120 subissaient un repli à la mi-journée, le nombre de dossiers dans le vert s'est donc nettement restreint au fur et à mesure de la séance.
En tête du CAC 40, Publicis a tout de même conservé 4,9% de gains à la suite du relèvement à l'achat du conseil d'Oddo BHF. Les secteurs les plus sensibles à la conjoncture sont restés recherchés à l'image de l'automobile (+2,6% pour PSA et +3,2% pour Renault dont le nouveau patron a dévoilé son plan de réorganisation), de l'hôtellerie (+1,3% pour Accor), du BTP et les concessions (+1,3% pour Vinci, +4,4% pour ADP) ou encore de l'aérien (+3% pour Air France-KLM).
Etant donné l'accent mis par le gouvernement sur la santé, les biotechs étaient généralement bien placées, emmenées par Abivax (+5,9% après des résultats cliniques toujours encourageants dans une maladie inflammatoire chronique de l'intestin) et AB Science, qui prenait 4,9% à la parution d'un article suggérant un effet antiviral de son principal projet contre le coronavirus.
L'euro dégonfle un peu face au dollar
Sur le marché des changes, l'euro perdait 0,23% à 1,1829 dollar, un dégonflement jugé bienvenu alors que la monnaie unique est passée en quelques mois de 1,08 dollar au printemps à un nouveau sommet depuis 2018 de 1,20 dollar il y a quelques jours. Face à cette appréciation relativement brutale, la Banque centrale européenne (BCE) commence à donner de la voix (celle de son chef économiste Philip Lane en l'occurrence) pour freiner cette progression. Une ascension qui, si elle est trop rapide, pèse sur la croissance (en pénalisant les exportations) et sur l'inflation, comme l'analysait Frédéric Rollin, conseiller en stratégie d'investissement chez Pictet AM, dans l'émission BFM Bourse mercredi.
Au chapitre des matières premières, la correction des cours pétroliers en fin de journée s'accentuait encore, avec un recul de 2,43% à 43,35 dollar, sur le Brent européen, et de 2,26% à 40,57 dollars pour le WTI texan.