(BFM Bourse) - Le CAC 40 a progressé de 1,3% ce lundi, le marché trouvant des éléments de réconfort dans le rachat de Credit Suisse par UBS. Même si des risques demeurent sur cette opération.
Encore une séance très volatile pour la Bourse de Paris ce lundi. Après avoir nettement reculé à l'ouverture, le CAC 40 s'est redressé au cours de la journée et termine finalement en progression de 1,27% revenant au-dessus des 7.000 points, à 7.013,14 points.
Le rachat de Credit Suisse par UBS écarte dans l'immédiat une propagation des risques à l'ensemble du secteur, la première banque suisse ayant accepté de racheter la deuxième du pays à prix cassé, soit 3 milliards de francs suisses. Ce, sous la contrainte des autorités suisses.
Cette opération de sauvetage qui ne dit pas totalement son nom s'est couplée à l'intervention des grandes banques centrales qui ont lancé dimanche une action concertée pour améliorer l'accès aux liquidités et tenter de rassurer les marchés. Les institutions ont décidé de renforcer les "lignes de swap", un dispositif qui facilite l'accès de banques centrales étrangères aux dollars.
"La rapidité et l'esprit de décision avec lesquels les autorités ont agi au cours des deux dernières semaines rassureront les investisseurs au milieu de toute cette incertitude", souligne Craig Erlam d'Oanda. "Il n'y a vraiment pas de temps à perdre dans ce genre de situation et, même s'il sera temps d'évaluer ce qui aurait pu être mieux géré à l'avenir, l'important est maintenant que les investisseurs puissent aller de l'avant, même si c'est pour déterminer où se trouve la prochaine vulnérabilité", ajoute-t-il.
>> Accédez à nos analyses graphiques exclusives, et entrez dans la confidence du Portefeuille Trading
Des interrogations
Néanmoins, le rachat de Credit Suisse par UBS laisse planer des interrogations. L'opération se fera sans leur consultation et laisse apparaître une décote de 59% par rapport au cours de clôture de vendredi. Ce qui explique que l'action Credit Suisse se soit de nouveau retrouvée sous pression (-56% à Zurich), essuyant la pire séance de son histoire.
Même UBS a souffert en début de séance, en raison des risques que comporte cette acquisition, notamment sur le plan légal, et de l'abandon de son programme de rachats d'actions. Toutefois elle devrait s'avérer bénéfique à moyen - long terme, selon la direction de la banque. Après avoir perdu plus de 10%, l'action UBS s'est retournée et a gagné 1,5%.
De plus, cette opération se fait au détriment de certains créanciers, les porteurs d'obligations AT1, qui peuvent être converties en capital si la banque se retrouve en situation d'urgence forte. Les autorités suisses ont décidé que l'intervention du gouvernement, qui apporte des garanties à UBS dans cette opération, déclenchait une perte totale sur ces titres de dette, d'un total de 16 milliards de francs suisses. Ce qui remet en cause la hiérarchie des paiements, les actionnaires passant normalement après les créanciers dans l'ordre de remboursement.
"Cette décision est controversée étant donné que les fonds propres ordinaires - qui sont généralement considérés comme junior aux AT1 dans la structure du capital - n'ont pas été entièrement effacés", souligne Capital Economics. "Cette décision pourrait entraîner une réévaluation du prix des AT1 et d'autres obligations de renflouement d'autres banques", poursuit le think tank.
Ce point très précis a mis l'ensemble des banques européennes sous pression avant que la confiance revienne et que les banques amorcent même un petit rebond.
BNP Paribas a repris 1,7% et Credit Agricole SA 0,7%. Société Générale termine en baisse de 0,83%.
Christine Lagarde, la présidente de la Banque centrale européenne, a tenté de rassurer en déclarant que l'exposition des banques de la zone euro à Credit Suisse était "très limitée" et se chiffrait "en millions" d'euros. Elle a aussi prévenu que les tensions actuelles du système bancaire pourraient "accentuer" le renchérissement en cours du coût du crédit.
Thales et Axa se distinguent
Aux Etats-Unis, les banques montrent également de légers signes de regain de confiance. First Republic Bank replonge de 37% mais cette banque est pénalisée par un abaissement de sa note de crédit de plusieurs crans de la part de S&P Global Ratings, selon Marketwatch. PacWest Bancorp, une autre banque régionale américaine dans le viseur du marché, prend, elle, 7%.
Sur les valeurs, en dehors des banques, Thales a gagné 3,7% bénéficiant d'un relèvement de recommandation à "surpondérer" de la part de JPMorgan.
Axa, a également tiré vers le haut le CAC 40 avec une progression de 2,5%. L'assureur a indiqué à l'AFP avoir une exposition limitée à Credit Suisse à hauteur de 600 millions d'euros, avec une exposition inexistante sur le capital de la banque suisse tout comme sur ses titres de dette AT1.
Sur les autres marchés, l'euro reprend 0,4% face au dollar à 1,0716 dollar. Les cours du pétrole évoluent en légère baisse. Le contrat sur le Brent de mer du Nord pour livraison en mai abandonne 0,45% à 72,60 dollars le baril tandis que celui d'avril sur le WTI coté à New York perd 0,5% à 66,27 dollars le baril.