(BFM Bourse) - Avant les rendez-vous importants de politique monétaire, les premières publications de PIB en zone euro et les résultats des GAFAM -tout ça dans les deux prochains jours- le CAC se donne un peu d'air avec un nouveau gain de 1,47% mardi, dans un marché peu animé.
Sur sa lancée de la veille (+2,55%), le CAC 40 s'est encore adjugé 1,43% mardi en clôturant la séance de mardi à 4.569,79 points, au plus haut depuis le 12 mars dernier, séance au cours de laquelle le baromètre du marché parisien avait enregistré sa plus forte chute historique (-12,28%). Faut-il toutefois se fier à ce rebond alors que continuent à s'accumuler les signes de la détérioration inédite de la conjoncture? Pas forcément, et le volume de transactions, en nette baisse à moins de 3 milliard d'euros, tend plutôt à prouver que de nombreux opérateurs optent pour la prudence. Il faut dire qu'entre les annonces des banques centrales et celles relatives au déconfinement dans plusieurs pays, dont la France ce mardi, le potentiel de surprises (donc de déceptions) d'ici la fin de la semaine reste important.
"On peut craindre que le rebond des marchés actions ne représente une dangereuse bulle d'anticipation", craint ainsi Ostrum Asset Management.
"Une Fed sans limite" rassure les investisseurs
En termes d'anticipations, les opérateurs espèrent que les réunions de la Fed (dont la décision sera dévoilée mercredi soir) et de la BCE (annonce en vue jeudi) amplifieront encore leur soutien à l'économie. Car si leurs efforts jusqu'à présent "sont certes très utiles", observe Stéphane Déo, à La Banque Postale Asset Management, "ils n'arrivent pas à inverser la tendance sur les conditions financières qui se sont énormément détériorées depuis le début de la crise". La baisse des taux et les politiques quantitatives n'ont pas pu compenser complètement la baisse des actions et l'écartement des rendements des obligations de différentes catégories. La situation reste très tendue de ce point de vue, souligne Stéphane Déo, expliquant que les banques centrales souhaitent faire encore plus.Du côté d'Amplegest, le gérant associé Emmanuel Auboyneau rappelle que la Fed a déjà annoncé en amont de cette réunion "le doublement de son programme de soutien aux entités locales, soit 500 milliards de dollars de plus" et que l'objectif des "Fed Funds" se situe aujourd’hui entre 0 et 0,25%, "ce qui laisse peu de marge de manœuvre". S'il n'attend "pas de grande surprise", le gérant évoque "des rumeurs d'une expérimentation prochaine de taux négatifs". "Mais ce n’est pas notre scénario immédiat" précise-t-il. En revanche, les commentaires de Jerome Powell sur la situation économique retiendront davantage son attention, et le patron de l'institution monétaire devrait selon lui "acter la forte et rapide dégradation de l’activité et donner des indications sur les perspectives à court terme". "Nous pensons que l’idée d’une Fed toute puissante et sans limite continuera de rassurer les investisseurs dans cet environnement anxiogène" conclut-il.
Dans ce contexte, Wall Street évolue en ordre dispersé mardi à la mi-journée, les investisseurs se montrant optimistes sur une réouverture prochaine de l'économie américaine tout en digérant une salve de résultats trimestriels en demi-teinte (notamment Pfizer et Caterpillar). Alors que se profilent dans les trois prochains jours les publications trimestrielles des géants de la tech ainsi que ceux de Boeing, le Dow Jones (+0,1%) et le S&P (-0,1%) évoluent proche de l'équilibre tandis que le Nasdaq cède 0,8% peu avant 18h.
Capgemini surfe sur le cloud et le digital
Entre publications trimestrielles et avancées dans la lutte contre le coronavirus, l'actualité des entreprises vient à nouveau animer le palmarès des valeurs parisiennes. Capgemini (+7,9%) domine le palmarès de l'indice phare mardi alors que le groupe informatique a maintenu une croissance organique de son activité au premier trimestre. Toujours au sein du CAC, les banques et assurances soufflent (+6,5% pour BNP Paribas, +6,1% pour Crédit Agricole, +4,2% pour Société Générale, +5,3% pour Axa), à l'instar des valeurs aéronautiques (+6,4% pour Safran, +3,5% pour Airbus).
Hors de l'indice phare, les comptes d'Albioma (+4,4%) ou dans une moindre mesure d'Eurofins (+2,4%) et Thales (+0,7%) sont aussi plutôt bien accueillis. Chargeurs cède 1,1% à la mi-séance tandis que le groupe, qui a réorganisé une bonne partie de son outil industriel pour produire des équipements de protection sanitaire, confirme ses objectifs pour cette année et la suivante.
Du côté des biotechs, Erytech Pharma (+25,2%) signe la meilleure performance, devant Ameoba (+22%) et Innate Pharma, qui progresse (+5,3%) à la suite du démarrage d'un essai clinique évaluant l'effet de son anticorps avdoralimab (IPH5401), chez des patients atteints d'un Covid-19 entraînant une pneumonie sévère.
Le pétrole chute encore
Déception en revanche pour Bigben (-5,1%) alors que le chiffre d'affaires annuel du fabricant d'accessoires de jeux vidéo n'a progressé "que" de 7,3%, en-deçà des attentes. Enfin EOS Imaging s'effondre de 32,5% à la reprise des cotations, alors que l'américain Alphatec a résilié l'accord visant à racheter la société française d'imagerie médicale.
Dans un marché pétrolier toujours aussi volatil, le contrat WTI pour livraison en juin perd encore 7,04% à 11,88 dollars vers 18h05 (en raison de la crainte d'une arrivée à saturation des capacités de stockage à Cushing, ce site de l'Oklahoma où est acheminée la production du brut texan), tandis que le Brent européen, ne lâche que 1,26% à 22,78 dollars. À noter que la référence européenne a chuté, en milieu de matinée, à un plancher depuis 1986.
La monnaie unique européenne, elle, est stable face au billet vert (+0,04% à 1,0835 dollar).