(BFM Bourse) - Après une ouverture proche de l'équilibre, le marché parisien lâche du lest ce mardi à la mi-journée, victime d'un début de crise énergétique en Chine qui pourrait affecter la reprise mondiale. Dans ce contexte, et alors que les rendements obligataires se tendent, les investisseurs se reportent sur les valeurs refuges.
Et soudain, la rechute. Sans tendance à l'ouverture, la Bourse de Paris a basculé dans le rouge en milieu de matinée mardi, avant d'accentuer sensiblement ses pertes jusqu'à lâcher 1,72% à 6.536,72 points à la mi-journée. Les marchés mondiaux aux prises avec "de nombreuses interrogations concernant notamment la fièvre sur le rendement du 10 ans américain (remonté à plus de 1,5% lundi pour la première fois depuis juin), la forte hausse du prix du baril de pétrole, un potentiel effet de domino dans le secteur immobilier chinois et un début de crise de l'énergie en Chine", énumère John Plassard, responsable de l'investissement chez Mirabaud. La nette remontée des rendements souverains affecte sensiblement les valeurs de croissance, technologie et luxe en tête.
Dans le même temps, "les tensions continuent sur le marché des matières premières, les prix de l'énergie (pétrole et gaz notamment) étant sur une trajectoire haussière de long terme qui pourrait pénaliser la croissance économique dans les pays développés cet hiver" prévient Christopher Dembik, directeur stratégie et macroéconomie chez Saxo Bank. Cette crise de l'énergie qui couvre en Asie du Sud arrive de surcroît "au plus moment, juste avant la saison des achats des fêtes de fin d'année, au milieu d'une demande exponentielle provenant notamment du redémarrage de l'économie américaine (et donc de la consommation)", regrette également John Plassard.
La Chine inquiète
Du charbon plus rare et plus cher, des limitations environnementales concernant les émissions de CO2, la flambée des prix du gaz et des usines qui tournent à plein régime : la Chine fait actuellement face à des coupures de courant qui pourraient freiner sa croissance économique. À l'approche de la saison froide, la pénurie inquiète d'ailleurs les autorités, Pékin ayant appelé la semaine dernière à "stabiliser les prix des matières premières afin de garantir l'approvisionnement en électricité et en gaz naturel pendant l'hiver". Selon les données de Bloomberg, au moins 17 régions chinoises ont imposé des coupures d'électricité au cours des derniers mois."Goldman Sachs et Nomura ont dégradé cette nuit leurs perspectives annuelles pour la Chine, où des pénuries d'électricité ralentissent la production et pourraient déstabiliser encore plus les chaînes d'approvisionnement déjà en difficulté, indique de son côté Jeffrey Halley, analyste chez Oanda. Citigroup en a fait de même ce mardi matin, abaissant leur prévision de croissance du PIB de la 2e économie mondiale de 5,5% à 4,9% en 2021.
Le luxe et la technologie chutent lourdement
Le mouvement de vente touche principalement les valeurs de croissance, à savoir la "tech" et le luxe, affectés par le vif rebond des rendements obligataires dans le sillage des annonces du prochain "tapering" de la Fed. Au sein du CAC, les plus fortes baisses sont ainsi à mettre à l'actif de STMicro (-4,6%), Dassault Systèmes (-3,6%) et Capgemini (-3,5%), tandis qu'Hermès, LVMH et Kering lâchent respectivement 2,8%, 2,2% et 1,5% à 13h.De l'autre côté du palmarès, TotalEnergies -qui tient ce jour sa journée investisseurs- profite de la poursuite de la hausse des cours du brut pour s'adjuger 1% supplémentaires. D'autres valeurs défensives sont recherchées, à l'instar de Carrefour (+1,3%) et Bouygues (+0,7%). Sanofi évolue en revanche peu (+0,3%) après avoir fait état de premier résultats positifs dans le cadre d'un essai initial sur un candidat vaccin contre le Covid-19. L'objectif est moins d'amener le SP0254 un jour sur le marché que de profiter de l'expérience ainsi acquise dans l'ARN messager pour lancer des programmes dans d'autres maladies, à commencer par la grippe.
Plusieurs dossiers solides sont également vendus, à l'instar d'Eurofins qui poursuit son repli depuis qu'il a intégré l'indice phare (-2,9%), Sartorius (-4,4%) ou Somfy (-3,2%). Atos est en revanche paradoxalement recherché depuis sa sortie du CAC (+4,4%, plus forte hausse du SBF 120 à ce stade)
Sur le reste de la cote, le spécialiste des catamarans Catana décolle de 9% après avoir annoncéun quadruplement de son carnet de commandes à un niveau historique, alors que le pro des sondages Ipsos recule de 7%, déstabilisé par la volte-face du groupe quant son changement de directeur général.