(BFM Bourse) - D'habitude sans grande répercussion sur les marchés, la publication du compte-rendu de la dernière réunion de la Réserve fédérale a cette fois-ci entraîné un mouvement de repli de la part des investisseurs, au lendemain de nouveaux sommets pour le CAC 40.
Il était difficile d'envisager que le marché parisien poursuive sa marche en avant au rythme auquel il a démarré 2022 (+3,1% sur les trois premières séances de l'année, portant à près de +10% sa hausse depuis le creux de début décembre dernier). Au lendemain d'un nouveau sommet historique atteint en clôture, le marché parisien a ainsi rétrocédé près de 130 points jeudi, terminant en recul de 1,72% à 7.249,66 points, dans un volume d'échanges extrêmement nourri de 4,2 milliards d'euros.
Le ton légèrement plus restrictif que prévu adopté par la Fed lors de sa dernière réunion de politique monétaire apparaît plus comme un prétexte pour s'adonner à quelques prises de bénéfices que comme une réelle surprise, selon Jeffrey Halley, analyste chez Oanda. Le procès-verbal a révélé que les membres du comité de politique monétaire ont estimé que "les risques d'inflation élevée étaient désormais persistants, et qu'il y avait un accord général sur l'accélération de la hausse des taux, avec trois hausses de taux provisoires prévues. Soit exactement ce qui nous avait été dit lors de la réunion "post-FOMC" par le président Jerome Powell. La seule surprise, si on peut l'appeler ainsi, est que certains membres ont estimé que la Fed devrait commencer à réduire son bilan peu après sa première hausse de taux" a commenté le spécialiste, en prenant soin de prévenir les investisseurs les moins expérimentés que le début de normalisation monétaire se traduira par des mouvements plus marqués qu'au cours des 18 mois précédents, et qu'il faut se préparer à subir davantage de volatilité - dans les deux sens.
"La discussion sur le resserrement quantitatif ('quantitative tightening') dans les minutes est très significative" juge pour sa part Antoine Bouvet, stratégiste principal des taux chez ING, selon qui "cela montre avant tout l'ampleur du changement de ton de la Fed, qui envisage une réduction plus agressive de son bilan parallèlement aux hausses" (de taux). Cette possibilité continue de soutenir les rendements des emprunts d'Etat américains et par ricochet ceux en Europe. Le rendement du bon du Trésor américain à dix ans progressait ainsi à plus de 1,743%, au plus haut depuis le printemps 2021.
Carrefour porté par une potentielle offre d'Auchan
Aux valeurs à Paris, cette tendance s'est traduit par une nouvelle orientation positive des valeurs bancaires, Crédit Agricole et BNP Paribas gagnant respectivement 1,15% et 1,3%. Société Générale a pris de son côté 1,9%, après avoir annoncé le projet d'acquisition, par sa filiale ALD (+8,35% pour ce dernier), de son concurrent néerlandais LeasePlan, le n°1 européen de la location de véhicules longue durée, pour près de 5 milliards d'euros. C'est néanmoins Carrefour qui a dominé le palmarès de l'indice vedette avec un nouveau gain de 6,3%, consécutif à une hausse de 5,1% mercredi, à mettre sur le compte de rumeurs d'une nouvelle offre de rachat à venir par Auchan.
De l'autre côté, les valeurs dites de croissance, technologiques et du secteur du luxe en tête, ont accusé le coup (-4,7% Hermès, -4,4% pour Capgemini, -3,9% pour Hermès, -4,1% pour Teleperformance, -4% pour LVMH etc.).
Sur le reste de la cote, la reprise des actualités propres aux entreprises se fait sentir au sortir de la traditionnelle trêve des confiseurs. Dassault Aviation a ainsi décollé de près de 3%, au plus haut depuis l'été 2021, grâce à l'essor spectaculaire de son carnet de commandes sur un an (+50%), tant dans le civil que dans le militaire. Le spécialiste de l'assurance-crédit Coface a en revanche trébuché de 10,3% après le désengagement de Natixis, qui a cédé son dernier bloc de 10% au capital pour près de 175 millions d'euros.
Sodexo a déclaré jeudi que le recours des entreprises au télétravail cet hiver pourrait peser sur ses volumes, mais s'est voulu rassurant quant aux conséquences économiques tant que les nouvelles mesures mises en place restent de courte durée. Après avoir lâché 2% dans la matinée, le titre a grappillé 0,4%. Le groupe de prêt-à-porter SMCP a reculé de 1% alors que les anciens actionnaires majoritaires ont lancé une procédure pour "ajourner" la tenue de l'assemblée générale du groupe textile le 14 janvier, qui doit leur faire perdre le contrôle de son conseil d'administration.
Nanobiotix flambe
Au chapitre des biotechs, Nanobiotix a flambé de 22,6% après avoir annoncé le recrutement d'un premier patient dans l'étude clinique visant à homologuer son traitement combiné de la radiothérapie chez des patients atteints de cancer de la tête et du cou, son indication phare.
Les cours pétroliers connaissaient une nouvelle flambée face à la multiplications des inquiétudes autour de l'offre, après que l'Opep+ s'est abstenu d'accélérer la reprise de sa production. D'après les analystes de Commerzbank, citant une étude de l'agence Bloomberg, l'organisation de pays exportateurs de pétrole produirait d'ailleurs encore moins qu'il n'était prévu d'après l'accord en vigueur. De plus, les troubles au Kazakhstan font craindre une perturbation de l'approvisionnement de la part de ce pays (qui pompe environ 1,6 millions de barils par jour habituellement) Ces craintes propulsaient en fin de journée le baril de Brent à 82,35 dollars (+1,92%), au plus haut depuis novembre . Celui de WTI se traitait au même moment à 79,82 dollars (+2,53%).
Sur le marché des changes, la monnaie unique n'évoluait guère face au billet vert (-0,09% à 1,1303 dollar). Le bitcoin, en revanche, lâchait encore du lest (-1,8% à 42.867 dollars), subissant notamment les anticipations de hausses de taux plus rapide que prévu