(BFM Bourse) - Soulagé par les mesures annoncées par la banque centrale américaine pour contrer l'inflation, le marché parisien s'offre un joli rebond qui le ramène au-dessus du seuil des 7.000 points ce jeudi à la mi-journée.
Après s'être retranché derrière le terme "transitoire" durant de (trop) longs mois, les annonces de Jerome Powell à l'issue du comité de politique monétaire de la Fed ont sonné comme une prise de conscience mercredi. Et celle-ci est saluée par les investisseurs, qui craignaient que la banque centrale adopte un ton trop accommodant, alors que l'inflation atteint des sommets vieux de plusieurs décennies. Dans le sillage des indices new-yorkais, le CAC a donc ouvert en nette hausse et reprend 1,61% à 7.039,27 points vers 13h30, dans un volume d'affaires lui aussi en net rebond, près d'1,3 milliards d'euros ayant déjà changé de mains à ce stade.
La Fed "s'est montrée hawkish en prévoyant une moyenne de 3 hausses de taux l’année prochaine afin de combattre une inflation nettement plus élevée que prévu et de moins en moins transitoire" relève John Plassard, directeur adjoint des investissements chez Mirabaud. "Les investisseurs ont salué la volonté de l’institution américaine de ne pas être "behind the curve" (derrière la courbe ou le cycle économique)" ajoute-t-il, constatant que Wall Street s'est retourné à la hausse après la conférence de Jerome Powell. "La Fed a doublé le rythme du "tapering" (réduction des rachats d'actifs, notamment d'obligations, NDLR) et prévu trois hausses de taux en 2022, ainsi que trois autres en 2023" précise Edward Moya, analyste chez Oanda.
Les marchés financiers étaient selon lui "nerveux à l'idée que la Fed fasse preuve de prudence sur le rythme de ralentissement de son "tapering", ce qui aurait été perçu comme une erreur de politique monétaire". "La Fed a notamment souligné que les déséquilibres de l'offre et de la demande liés à la pandémie et à la réouverture de l'économie ont continué de contribuer à des niveaux élevés d'inflation, et prévoit désormais que celle-ci se situe, en moyenne, autour de 2,6% en 2022. "Nous pensons que les investisseurs sont satisfaits que la Fed soit consciente des risques d'inflation et y réponde" résume Standard Chartered dans une note.
Pas le temps de reprendre son souffle pour les investisseurs ce jeudi puisque les grands rendez-vous de politique monétaire s'enchaînent. La Banque d'Angleterre vient ainsi d'annoncer (à 13h) qu'elle laissait le montant de son programme d'achats d'actifs inchangé, jugeant que le variant Omicron implique des risques à la baisse pour l'activité début 2022, mais relève son taux d'intérêt directeur à 0,25%, contre 0,1% auparavant. Et c'est au tour de la BCE de fournir aux marchés ses prévisions économiques, à l'occasion d'une conférence de presse de sa présidente Christine Lagarde. La BCE a indiqué qu'elle maintenait ses taux directeurs inchangés tout en annonçant une "réduction graduelle du rythme de rachat d'actifs". Les achats nets de dette dans le cadre de son programme d'achat d'urgence contre la pandémie (PEPP), forts de 1.850 milliards d'euros, seront encore réduits au premier trimestre 2022 et expireront comme prévu fin mars
Airbus, l'automobile et la tech au rebond
Si toutes les valeurs de l'indice vedette du marché parisien évoluent dans le vert à 13h10, certaines se détachent au sommet du palmarès. C'est notamment le cas du compartiment automobile (+3,5% pour Stellantis, +3,4% pour Renaut), ainsi que d'Airbus (+3,2%), l'avionneur européen ayant été préféré à Boeing par Qantas comme fournisseur privilégié pour le renouvellement de sa flotte domestique. Aidé par le net rebond du Nasdaq, les valeurs technologiques rebondissent aussi (+2,7% pour Capgemini, +2,3% pour STMicro, +1,7% pour Dassault Systèmes), tandis que les bancaires profitent de la remontée des rendements souverains (+3,1% pour Société Générale, +2,9% pour BNP Paribas). Les minières sont également recherchées, ArcelorMittal s'adjugeant 4,1% à la mi-journée (meilleure performance du CAC) quand Eramet s'offre plus de 7% de hausse.En queue de peloton du SBF 120, loin derrière tout le monde, EDF s'effondre en revanche de 12,8%, à un creux de trois mois, après avoir détecté des défauts près de circuits de refroidissement d'une centrale nucléaire, obligeant le groupe à prolonger son arrêt et à interrompre la production d'une autre centrale équipée du même type de réacteurs. Dans l'autre sens, Valneva redécolle de 14,5%, soutenu par de premières données positives pour son candidat-vaccin comme dose de rappel.
Parmi les plus petites capitalisations, le champion des semences Graines Voltz prend 7%, surfant sur la passion des Français pour le jardinage. Visant notamment un doublement de ses bénéfices en 2020-2021 (exercice clos fin septembre), le groupe évoque également de "très bonnes perspectives" pour l'exercice en cours.
Au chapitre pétrolier, les cours rebondissent également timidement ce mardi matin (+0,7% à 74,4 dollars pour le baril de Brent).
De son côté, le bitcoin s'apprécie légèrement mais ne parvient pas à reconquérir le seuil des 50.000 dollars (+0,6% à 49.100 dollars).
(Avec AFP)