(BFM Bourse) - Miné par la nouvelle flambée des prix de l'énergie, notamment du gaz, le marché parisien a lâché jusqu'à 2,3% en mercredi matin, mais a tout de même limité son recul à -1,26% en clôture, aidé par les déclarations de Vladimir Poutine qui s'est dit prêt à "stabiliser le marché mondial de l'énergie".
Rien ne semblait pouvoir stopper la flambée des tarifs énergétiques (en particulier l'envolée ahurissante du gaz naturel ces derniers jours en Europe), jusqu'à ce qu'un "chevalier blanc", en la personne de Vladimir Poutine, ne sorte du bois pour rassurer des investisseurs alarmés des possibles répercussions de cette flambée sur l'inflation. Tout en évoquant, magnanime, la possibilité d'exporter un niveau record de gaz vers ses clients de l'ouest, le président russe n'a pas manqué de pointer la responsabilité de l'Europe, qui n'a délaissé les contrats de livraison à long terme avec Moscou, en favorisant l'approvisionnement sur le marché "spot" (au jour-le-jour) très encombré, ce qui s'est traduit par une envolée des prix, a-t-il expliqué.
Certains en Europe comme aux États-Unis accusent toutefois Moscou de ne pas ouvrir suffisamment les robinets afin d'obtenir la mise en service au plus vite de son gazoduc controversé vers l'Allemagne, Nord Stream 2, achevé et dont le remplissage a commencé. Si les prix du gaz se sont nettement détendus après la mise au point de Vladimir Poutine, il n'empêche que le marché reste très tendu (plus de 600% de hausse en un an).
Dans un contexte global de renchérissement des différentes sources énergies, les industriels ne pourront faire l'impasse sur un relèvement de leurs tarifs : Saint-Gobain a par exemple annoncé ce matin qu'il supportera 1,5 milliard d'euros de surcoûts cette année sur ses approvisionnements en énergie et matières premières par rapport à 2020, l'amenant à relever de 8% ses prix en moyenne au second semestre. Sans parler d'un effet négatif sur les revenus des ménages et par ricochet sur la croissance économique.
Dans ce contexte, par ailleurs déjà marqué par les tensions sino-américaines, l'incertitude sur l'atterrissage du marché immobilier en Chine, la difficulté à faire adopter un plan de relance aux Etats-Unis, rien d'étonnant à ce que le découragement ait gagné les opérateurs ce mercredi, avec un repli de 1,26% à la clef, à 6.493,12 points en clôture, dans un volume d'échanges supérieur à 4 milliards d'euros. La veille, le marché parisien avait relevé la tête et enregistré sa meilleure performance journalière depuis le 21 juillet dernier (+1,51%), malgré un horizon très incertain en cette fin d'année.
Au lendemain d'un timide rebond (de +0,9% pour le DJIA à +1,25% pour le Nasdaq), les indices new-yorkais refluaient d'ailleurs de nouveau ce mercredi matin, cédant entre 0,3% pour le Nasdaq et +0,9% pour le Dow Jones), inquiets d'une possible persistance de l'inflation mais aussi de l'impasse au Congrès sur le relèvement de la dette. "On se rend compte que les résultats du troisième trimestre vont beaucoup être influencés par l'inflation et les problèmes de chaînes d'approvisionnement" commente Gregori Volokhine, de Meeschaert Financial Services. "Ça, c'est déjà dans les cours, sauf que ça va influencer énormément aussi les "guidances" (prévisions), ce qui est mauvais pour le marché" avance-t-il.
Dans l'attente du début de cette nouvelle saison de publications trimestrielles (LVMH lancera le mouvement dès mardi prochain avec un point d'activité de son 3e trimestre), les opérateurs n'ont guère fait le tri ce mercredi au sein de l'indice phare parisien, 36 des 40 valeurs ayant bouclé la séance dans le rouge. Parmi celles épargnées, Vivendi a surnagé de 0,5% et Carrefour de près de 1%, alors que son concurrent britannique Tesco a relevé ses prévisions de résultats. Délaissé depuis son entrée au CAC, Eurofins a profité d'un rebond technique (+1,2%) tandis que Pernod Ricard (+1,5%, meilleure performance du jour) a tiré parti d'un relèvement de recommandations de la part d'AlphaValue.
Au-delà, valeurs endettées, cycliques, technologiques, tout le monde y est passé : Unibail-Rodamco-Westfield (-4,2%) a subi la plus forte baisse, suivi d'ArcelorMittal (-3,9%), Renault (-3,9%), Stellantis (-3,5%), Michelin (-3,2%). Saint-Gobain n'a finalement cédé que 1% en clôture après la présentation de son plan stratégique 2025.
Sur le reste de la cote, Eramet a affiché l'une des rares progressions substantielles de la séance avec un bond de 6% occasionné par le relèvement de l'avis d'Exane BNP Paribas. L'influent bureau d'études mise désormais sur une surperformance de la valeur, en misant sur une flambée durable des cours du manganèse. Eutelsat a pris de son côté 1;6% après l'exercice d'une option pour monter à 22,9% du capital de OneWeb, le plaçant désormais au deuxième rang des actionnaires derrière l'indien Bharti et ses 30%. Rexel s'est contenté d'un gain de 1,2% après l'annonce du rachat de Mayer, un distributeur très présent dans le sud-est des Etats-Unis qui va renforcer de façon significative la position du groupe français dans le pays, lui apportant un supplément de chiffre d'affaires de 1,2 milliard de dollars sur une base pro forma. SMCP a reflué en revanche de 4% alors que, sans surprise, les créanciers de son actionnaire majoritaire chinois Shandong Ruyi viennent de récupérer 23% du capital du groupe tricolore du fait d'un défaut de paiement sur un emprunt convertible de 250 millions d'euros, échangeable en actions SMCP. Ruyi a toutefois indiqué qu'il entendait contester.
Sur le marché des changes, le billet vert retrouvait ses prérogatives de valeur refuge, l'euro glissant encore de 0,45% à 1,1547 dollar, au plus bas depuis juillet 2020. Au chapitre énergétique, les cours pétroliers refluaient sensiblement eux aussi après avoir touché, la veille, de nouveaux sommets depuis 2014. Le baril de Brent rétrocédait ainsi près de 2% à 80,8 dollars vers 18h25. Sans actualité particulière, le cours du bitcoin flambait de nouveau, la plus célèbre des cryptomonnaies s'échangeant de nouveau autour de 55.000 dollars - contre un creux à 40.000 dollars la semaine passée.