(BFM Bourse) - Les investisseurs saluent l'imminence d'un accord commercial -bien que partiel- entre Pékin et Washington d'une part, et la victoire des conservateurs aux élections législatives britanniques d'autre part. Deux cadeaux de Noël par anticipation qui ont permis au CAC 40 d'atteindre un nouveau plus haut annuel vendredi matin.
Les avancées relatives au deux principaux facteurs d'incertitudes qui pesaient sur les marchés financiers -l'avenir des relations commerciales entre les deux premières puissances économiques et celui du Royaume-Uni par rapport à l'Union européenne- permettent au CAC 40 d'accentuer ses gains, au terme d'une année déjà particulièrement favorable pour les grandes capitalisations tricolores puisque l'indice pourrait bien signer sa meilleure performance depuis 20 ans.
Déjà portée jeudi par un tweet de Donald Trump affirmant qu'un "gros accord avec la Chine était très proche", la Bourse de Paris a décollé de 1,44% vendredi dès l'ouverture, atteignant ainsi son plus haut niveau depuis le début de l'année (soit un sommet depuis le 24 juillet 2007), les investisseurs saluent à la fois la la conclusion probable -ni la Chine ni les États-Unis n'ayant fait d'annonce officielle à ce stade- d'un accord commercial partiel après de longs mois de tractations, menaces et volte-faces, et la victoire considérable parti conservateur au pouvoir en Grande-Bretagne.
Vers 12h30, l'indice tricolore limitait à peine son avance, s'affichant à 5.955,11 points (+1,2%), dans un volume d'échanges très étoffé puisque proche de 1,5 milliard d'euros.
Washington semble donc avoir accepté le principe d'une suspension de l'application de certains droits de douane visant des produits chinois importés, en principe à partir de dimanche, et d'en réduire d'autres, en échange d'une promesse de Pékin d'accroître ses achats de produits agricoles américains à compter de janvier 2020. La Chine s'engagerait à acheter à acheter pour 50 milliards de dollars de produits agricoles américains en 2020, soit environ le double de ses achats pour l'année 2017.
S'il est confirmé, cet accord aussi minime qu'il soit aurait au moins le mérite d'éloigner la perspective d'un nouveau durcissement du conflit alors que les États-Unis étaient censés relever, dimanche, les droits de douane sur près de 160 milliards de dollars de produits chinois. Pour l'heure, la Chine a néanmoins seulement assuré qu'elle restait "décidée à résoudre son différend commercial avec Washington", ne confirmant pas la conclusion de ce supposé accord.
Si "la tendance du jour est alimentée par des informations selon lesquelles les Etats-Unis auraient accepté de suspendre certains droits de douane sur des produits chinois", c'est également "dans le sillage de l'apparente large majorité des conservateurs britanniques lors des élections législatives britanniques -qui laisse supposer qu'un "soft Brexit" se dessine- que les indices européens devraient ouvrir en forte hausse" notent les experts de Mirabaud Securities.
Large majorité pour les "tories", la livre sterling bondit
Outre-Manche, le Premier ministre Boris Johnson a en effet remporté haut la main son pari électoral puisque les conservateurs disposeront de la majorité absolue à la Chambre des communes, ce qui devrait lui permettre de sortir le pays de l'Union européenne le 31 janvier. Le scénario d'une majorité conservatrice à même de valider rapidement la sortie de l'UE et de diminuer les incertitudes du Brexit qui empoisonnent les marchés depuis des années est celui sur lequel misaient les investisseurs.
Les investisseurs n'avaient en revanche pas anticipé une si large avance des "tories" -qui obtiendraient une large majorité de 368 sièges sur 650 à la Chambre des communes, selon un sondage sortie des urnes, soit leur plus large victoire depuis 1987, sous Margaret Thatcher- d'où la spectaculaire réaction de la livre livre sterling qui s'est envolée tard jeudi. La devise britannique a brièvement dépassé 1,35 dollar pour la première fois depuis mai 2018, signant le bond le plus fort depuis une décennie
"Le sentiment général est que cette large majorité donne au gouvernement la possibilité de mettre en œuvre un accord Brexit modéré. Cela signifie que le parti n'a pas besoin d'avoir la droite dure du parti de son côté pour y parvenir. On s'oriente donc probablement vers une monnaie plus forte et une inflation plus faible", notent les gérants de M&G Investments - prévenant toutefois que l'embellie de la livre pourrait s'avérer de courte durée lorsque se fera jour la réalité des négociations commerciales qui débuteront l'année prochaine.
Ralentie par la remontée du sterling ce matin (+1,85% face au billet vert à 1,3403 peu avant 10h), la Bourse de Londres a ouvert en repli de 0,54% avant de vite revenir dans le vert puis de prendre de la hauteur (+1,85% à 12h30). Les Bourse de Francfort (+1,2% pour le Dax 30) et de Milan (+0,9% pour le FTSE MIB) avancent aussi.
L'automobile et les matières premières recherchés
Comme à l'accoutumée, les secteurs les plus sensibles à la thématique commerciale réagissent vivement aux nouvelles annonces, l'indice Stoxx européen des matières premières ayant gagné 2,08% à l'ouverture, quand celui de l'automobile progressait de 2,62%. À Paris, les constructeurs en profitent pour dominer le palmarès de l'indice phare (+3,2% pour Peugeot, +2,5% pour Renault). Les valeurs minières et liées aux matières premières sont également particulièrement recherchées vendredi matin comme en témoigne l'avance d'ArcelorMittal (+1,3%).
Dans le reste de l'actualité, Vetoquinol grimpe de 1,6% après l'annonce d'un accord de licence mondial (hors Chine) pour l'utilisation d'une technologie permettant de traiter de nombreuses pathologies des animaux de compagnie, notamment des affections de la peau, avec un appareil à énergie lumineuse fluorescente, réduisant les prises de médicaments.
A rebours du reste du marché, le secteur biotechnologique tricolore se signale malheureusement une nouvelle fois par une série de mauvaises nouvelles. Transgene plonge de 19% après l'arrêt de son projet le plus avancé, TG4010, qui n'a pas atteint son critère de réussite dans un essai clinique. Introduit en 1998, le titre de la biotech strasbourgeoise a même touché en matinée un nouveau plancher historique.
De son côté Innate Pharma perd 5,5%. L'efficacité de son IPH4102 (lacutamab) n'est pas en cause à ce stade, mais la firme marseillaise doit suspendre le recrutement de nouveaux patients dans un essai clinique parce qu'un sous-traitant autrichien a déclaré un problème de conformité sur les lots cliniques (aucun signal négatif sur la sécurité des patients n'a toutefois été identifié).