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Pour sa première, la nouvelle présidente de la BCE Christine Lagarde impose son style

jeudi 12 décembre 2019 à 17h13
Christine Lagarde inaugure une chouette présidence de la BCE

(BFM Bourse) - Tout comme la dernière conférence de Mario Draghi, la première intervention de Christine Lagarde à l'issue du conseil des gouverneurs de l'institution qu'elle préside désormais n'a donné lieu à aucune inflexion technique. Mais l'ex-patronne du FMI a profité de l'occasion pour énoncer clairement son style. Ni faucon, ni colombe, c'est de la "chouette" qu'elle s'efforcera de s'inspirer - en référence à la symbolique de la sagesse que véhicule le rapace nocturne.

Le conseil des gouverneurs de la Banque centrale européenne (BCE) a tenu jeudi après-midi la première de ses réunions sous la présidence de la Française Christine Lagarde, qui a succédé le mois dernier à Mario Draghi. D'un point de vue technique, cette réunion n'a strictement apporté aucun changement, conformément à ce qui était anticipé. Le communiqué résumant les décisions de politique monétaire a repris mot pour mot celui d'octobre, sauf pour indiquer que les achats nets ont repris (comme prévu) le 1er novembre à un rythme mensuel de 20 milliards d’euros, alors que c'est logiquement le futur qui était employé dans la même phrase le 24 octobre. Pour le reste, le biais accommodant est maintenu, la BCE restant prête à assouplir encore sa politique au besoin.

En revanche, l'exercice était symboliquement important pour donner le ton de la présidence Lagarde. D'emblée, cette dernière a prévenu qu'en matière de style, elle assumait le sien - qui apparaît simple et direct, précis sans être jargonneux, assuré mais pas arrogant. Sans exclure une pointe d'humour bienvenue. Christine Lagarde a en outre recommandé aux reporters présents de ne pas essayer de chercher des messages cachés dans ses propos, et assuré que "si je ne sais pas [répondre], je vous dirais que je ne sais pas !".

Pour autant, l'ancienne avocate ne s'est pas laissée prendre en défaut par les questions des journalistes financiers, qui ont pourtant débuté dans le vif du sujet avec une demande de commentaire sur le résultat apparemment mitigé de la dernière opération de refinancement ciblé à long terme (TLTRO-III). Précisant du tac-au-tac le montant alloué aux banques, proche de 100 milliards d'euros, elle a précisé que si un montant plus proche de 120 milliards aurait sans doute été plus satisfaisant dans l'absolu, il fallait aussi relativiser l'impact de cette nouvelle allocation. Le succès (en termes d'appétit manifesté par les banques) de cette nouvelle série d'opérations de refinancement à long terme ciblées doit s'apprécier à l'échelle de plusieurs allocations, sept étant prévues.

Ni "colombe", ni "faucon"

Interrogée plus généralement sur la pertinence et l'efficacité des différents outils à la disposition des l'institution, conventionnels comme non-conventionnels, sa préférence éventuelle pour les taux négatifs par rapport aux rachats d'actifs, elle s'est attachée à une forme de synthèse. Les différents dispositifs de politique monétaire forment un ensemble, un édifice bâti pierre par pierre pour agir à différents niveaux de la courbe des taux. Ceci posé, la présidente juge tout à fait légitime d'examiner si certains outils sont plus adaptés que d'autre, d'évaluer lesquels ou quelle combinaison ont mieux fonctionné, pour toujours améliorer l'efficacité de la politique menée. Reste qu'une fois débattues de bonne foi et consciencieusement, les décisions prises doivent s'appliquer, a-t-elle rappelé.

"Je vois très bien où vous voulez m'amener et je ne suis ni une colombe ni un faucon, en me gardant de toute prétention j'espère être un peu la chouette, cet animal qu'on associe à la sagesse", a-t-elle lancé à une confrère qui lui demandait de s'auto-définir sur l'échelle allant de restrictif (faucon) à accommodant (colombe).

Gros chantier en vue en 2020 sur le cadre de la politique

Christine Lagarde a également annoncé le lancement en janvier une revue stratégique du cadre de sa politique monétaire, la première depuis seize ans, avec pour objectif d'aboutir d'ici la fin de l'année. Si le mandat fixé par les traités européens -la stabilité des prix- demeure, cette revue stratégique passera aussi par la façon dont ce mandat est mené, en mettant notamment l'accent sur la surveillance des effets secondaires des politiques employées. Cette revue prendra également en compte la question "essentielle" du changement climatique, une première pour l'institution.

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