(BFM Bourse) - Le CAC 40 a accéléré sa chute après l'intervention du patron de la Fed, qui a prévenu que l'économie américaine pourrait connaître une "période prolongée" de croissance faible. Avec son repli de 2,85% en clôture, le baromètre parisien lâche déjà près de 5% depuis le début de la semaine.
Déjà particulièrement morose depuis le début de la semaine et avant l'intervention de Jerome Powell, l'humeur des investisseurs s'est encore détériorée après les propos du patron de la Fed, ce dernier ayant livré des perspectives peu réjouissantes pour l'économie américaine. À la clôture, le CAC 40 -qui lâchait déjà 1,6% à la mi-journée- abandonne ainsi 2,85% à 4.344,95 points. Après avoir déjà reculé de 1,31% lundi puis de 0,39% mardi, le baromètre du marché parisien touche un plus bas depuis le 6 avril dernier.
La teneur du discours du président de l'institution monétaire américaine a donc jeté un coup de froid sur les marchés. Il faut dire que "Jay" Powell a déclaré que l'économie américaine pourrait connaître une "période prolongée" de croissance faible conjuguée à une stagnation des revenus. S'il estime que la réponse des autorités monétaires et politiques à la crise provoquée par la pandémie de coronavirus a jusqu'à présent été "particulièrement rapide et forte", la reprise pourrait tout de même "avoir besoin de temps pour trouver sa dynamique (...) et elle sera soumise aux progrès de la lutte contre le virus" a-t-il poursuivi.
À ces propos peu enclins à titiller l'appétit pour le risque des investisseurs -la prudence était encore de mise, avec un volume de transactions inférieur à 2,7 milliards d'euros à la Bourse de Paris mercredi- s'ajoute la crainte de voir une seconde vague d'épidémie au niveau mondial, après la découverte de nouveaux cas, notamment en Chine. L'avertissement d'Anthony Fauci sur les risques que fait courir une réouverture trop rapide et trop étendue des activités économiques avait également refroidi Wall Street mardi.
Pour ne rien arranger, le regain des tensions sino-américaines ne semble guère en voie d'apaisement alors que l'administration vise à geler les investissements de fonds américains dans des entreprises chinoises que Washington soupçonne de menacer la sécurité des États-Unis.
Powell fait aussi plonger Wall Street
Après avoir déjà fini dans le rouge mardi, accélérant ses pertes en fin de séance, dans un marché sur ses gardes alors que l'activité économique redémarre progressivement dans les Etats fédérés américains, la Bourse de New York est de nouveau mal orientée mercredi matin. L'intervention de Jerome Powell provoque un nouveau reflux des principaux indices, qui lâchent entre 1,64% pour le Nasdaq et 2,14% pour le Dow Jones peu avant 18h.Le patron de la Fed a ajouté que les répercussions économiques de la pandémie "justifient les plans d'aides d'urgence "coûteux" mais incontournables pour éviter une profonde récession". Pour rappel, le Congrès a fourni quelque 2.900 milliards de dollars de soutien budgétaire aux ménages, aux entreprises, aux prestataires de soins de santé et aux Etats et collectivités locales. Jerome Powell a également jugé que des aides supplémentaires pourraient s'avérer nécessaires. À cet égard, les démocrates ont dévoilé mardi soir au Congrès américain un nouveau plan d'aide de 3.000 milliards de dollars pour secourir l'économie des Etats-Unis. Celui-ci a néanmoins peu de chances d'être adopté au Sénat, contrôlé par les républicains.
Unibail, ArcelorMittal et Publicis dévissent
Les valeurs cycliques sont dans ce contexte les plus sanctionnées à l'image d'ArcelorMittal qui poursuit sa dégringolade (-8%) et figure parmi les plus mauvaises performances du jour au sein de l'indice phare, en compagnie d'Unibail-Rodamco (-8,1%) et Publicis (-7,7%). Le secteur biotech est aussi attaqué notamment Erytech (-11,1%), Adocia (-11%), DBV (-7,2%), Innate (-5,5%) ou même Genfit (-4,7%) après sa chute historique de mardi.Les résultats dégradés de plusieurs établissements européens, dont Commerzbank, pénalise le secteur bancaire dans son ensemble, Société Générale (-4,8%) et BNP (-4,7%) étant plus affectés que Crédit Agricole (-2;6%).
L'action JCDecaux limite son recul à 3,5%, après l'annonce d'un repli de 14% de son chiffre d'affaires au premier trimestre.
Natixis recule de 3,2%. Le financier allemand Lars Windhorst a conclu un accord pour racheter des actions et des obligations illiquides de H2O Asset Management, filiale de gestion du groupe, a rapporté le Financial Times.
Hermès surnage
Seul Hermès termine dans le vert (+0,5%) au sein de l'indice phare, que Renault a limité son repli à 0,5%, le constructeur bénéficiant des informations selon lesquelles son partenaire Nissan préparerait un plan de restructuration énergique pour réduire ses coûts. Hors du CAC 40, Virbac était particulièrement recherché (+11%) en vue de la cession d'une gamme de produits (marque Sentinel) à la branche santé animale de Merck pour 400 millions de dollars en numéraire. Le groupe avait racheté en 2015 à Lilly les produits antiparasitaires sous cette marque.
En vogue depuis une semaine, Rémy Cointreau prend encore 3,1% dans le sillage notamment de la récente finalisation du rachat de la vénérable maison de cognac Brillet. Quant à Scor, son cours reprend 2,2% après la décision de Covéa de renoncer à l'acquisition de PartnerRe, ce qui relance la spéculation sur une éventuelle approche hostile sur Scor.
Peu de mouvement à signaler du côté des devises avec un euro à 1,0835 dollar (-0,12%) tandis que l'élan retombe pour le pétrole. Le baril WTI perd 1,09% à 25,50 dollars et le Brent cède 1,53% à 29,52 dollars peu après 18h10.