(BFM Bourse) - Faute d'accord commercial global entre les deux plus grandes puissances économiques, le marché semble désormais se contenter de la possibilité d'un accord restreint entre la Chine et les États-Unis, le CAC 40 s'offrant un rebond de 0,78% à la veille de la reprise des discussions à Washington.
Tout ça pour ça ? Après avoir fait miroiter un accord commercial global aux marchés financiers depuis maintenant plus d'un an, la Chine et les Etats-Unis semblent se résoudre à devoir conclure un accord a minima, selon les dernière indiscrétions à l'aube de la reprise des discussions à Washington. La perspective d'une potentielle percée, même limitée, dans ces négociations au long cours suffit néanmoins à contenter les investisseurs, signe que le marché a peut-être déjà intégré le fait que les deux parties ne parviendront jamais à un accord complet, leurs positions respectives apparaissant toujours aussi inconciliables. Le CAC 40 profite tout de même de cet espoir d'avancées pour s'offrir un rebond de 0,78% qui lui permet de tutoyer de nouveau le seuil des 5.500 points, à 5.499,14 points en clôture jeudi. Le volume d'échanges, toujours inférieur à 3 milliards d'euros, témoigne toutefois d'un optimisme modéré sur la place parisienne.
Alors que les deux premières économies mondiales auraient toutes deux bien besoin d'un signal rassurant sur le commerce mondial, chaque camp paraît s'employer à faire monter la pression avant le démarrage d'un tour de discussions pourtant attendu depuis des mois.
Du côté américain, on a ajouté plusieurs entreprises chinoises de technologies (28 dont 8 particulièrement importantes sur leur secteur) à une liste de sociétés interdites, sauf autorisation expresse, de commerce avec les Etats-Unis. Côté chinois, si les autorités maintiennent l'envoi d'une délégation à Washington, il a été précisé que le vice-Premier ministre Liu He ne ferait pas le déplacement en tant qu'envoyé spécial du gouvernement, laissant entendre qu'il n'avait pas mandat pour négocier quoi que ce soit d'important. De plus, la délégation chinoise quittera Washington dès vendredi 11, ne laissant donc même pas deux jours aux discussions.
Citant un responsable chinois proche des négociations, l'agence de presse Bloomberg a rapporté mercredi que Pékin n'espérait pas vraiment parvenir à un grand accord, mais que les Chinois accepteraient un accord limité si le président américain Donald Trump renonçait aux tarifs douaniers supplémentaires qu'il a menacé de mettre en oeuvre d'ici à la fin de l'année.
La Fed au soutien ?
Les investisseurs semblent donc en avoir fait leur deuil, et reporter leurs attentes vers la banque centrale américaine. Mardi soir, le président Powell a indiqué que la Fed annoncerait bientôt des mesures pour accroître à nouveau son bilan, sans les expliciter à ce stade. Il a également souligné les incertitudes qui pèsent actuellement sur la conjoncture -le commerce et le Brexit principalement- et assuré que l'institution tiendrait compte des dernières données et perspectives pour prendre sa décision sur le niveau des taux. Alors que la prochaine réunion du comité monétaire de la Fed interviendra dans trois semaines, le niveau des contrats à terme attribue une probabilité de près de 85% à l'hypothèse d'une nouvelle baisse...Concernant l'autre dossier chaud, celui du Brexit, le négociateur de l'UE Michel Barnier a déclaré mercredi que les Européens n'étaient actuellement pas en mesure "d'envisager et de trouver un accord" avec le Royaume-Uni, à une semaine d'un sommet crucial de l'Union européenne
L'optimisme règne aussi à Wall Street
Encouragée par les informations de presse affirmant que la Chine était disposée à parvenir à un accord commercial partiel avec les Etats-Unis, la Bourse de New York est bien orientée mercredi, après avoir terminé en net repli mardi, craignant que l'annonce des nouvelles sanctions américaines ne puisse mettre en péril les négociations. Peu avant 18h, le Dow Jones prend 0,6%, le S&P 0,8% et le Nasdaq 1%.L'envol de Gensight
Au sein du marché parisien, la biotech Gensight Biologics bondit de 40% après avoir présenté les résultats de recherches mettant en évidence in vivo un phénomène de diffusion de sa thérapie génique GS010 d'un œil à l'autre après une injection unilatérale. Ce qui tend à expliquer rétrospectivement l'effet bilatéral, totalement inattendu au départ, observé dans la première étude clinique menée chez l'homme (le critère de réussite consistait à mesurer l'amélioration de la vision dans l’œil traité par rapport à l’œil non traité, et n'avait donc pas été atteint stricto sensu même si le produit avait permis une vive progression de la vision des patients atteints d'une brutale dégénérescence des cellules rétiniennes).Dans un mouvement inverse de celui de la veille, valeurs industrielles et automobiles se retrouvent aux premiers rangs, avec +1% pour Rexel, +2,7% pour Schneider Electric, +1,7% pour Valeo ou encore +2,3% pour Bouygues. Alstom prend 1,2% après une émission d'obligations de 700 millions d'euros à sept ans, sur lesquelles le groupe ne paiera que 0,25% de coupon annuel. En vue de la publication après Bourse de son chiffre d'affaires pour la période de juillet à septembre, LVMH est aussi bien orienté (+1,7%).
Après Verallia, la plus grosse opération sur le marché parisien depuis 2017, une entreprise industrielle, Boostheat, vient aussi de franchir avec succès le portillon de la Bourse, certes à une échelle bien plus petite. Stable à la mi-séance, le titre a néanmoins affiché en matinée une belle progression (+3,5%) pour ses premiers pas en Bourse sous forme de promesses d'actions.
En revanche, Plastic Omnium se signale à contre-courant avec près de 5% de baisse après un deuxième avertissement sur son niveau de marge 2019. La faute incombe cette fois aux difficultés de la montée en cadence de la production d'un nouveau site américain, face auxquelles le groupe assure avoir pris les mesures nécessaires. EDF poursuit sa lente dévalorisation, soit encore -1,4% sur le titre après le chiffrage du surcoût lié aux problèmes de soudures révélés en juin sur le site de Flamanville.
Enfin, DBV Technologies (-7,5%) va de nouveau lever plus de 100 millions d'euros et peut compter sur le soutien de son partenaire Baker Bros.
Le marché du pétrole reprend du poil de la bête avec un prix de 53,48 dollars par baril de WTI (+1,62%) et de 59,05 dollars pour le Brent (+1,39%) vers 18h.
Au chapitre des devises, l'euro remonte de 0,19% à 1,0977 dollar.