(BFM Bourse) - Le marché parisien s'est replié de 1,6% mardi, rattrapé par le coup de froid à Wall Street au vu du regain de tensions entre la Chine et les Etats-Unis. De grosses déceptions chez certaines grandes entreprises tricolores cotées n'ont pas aidé.
L'indice phare tricolore qui avait somme toute limité son recul lundi, à 1,18% en clôture, a flanché plus nettement mardi alors que le représentant américain au Commerce Robert Lightizer a réaffirmé la ferme intention des Etats-Unis de relever les taxes douanières sur les produits chinois face à un revirement allégué des négociateurs chinois sur une partie des avancées des dix précédents rounds de discussions - tout en laissant entendre que la délégation chinoise était toujours attendue cette semaine à Washington. Le CAC 40 a ainsi clôturé à 5.395,75 points, en recul de 1,6% soit le plus bas de la séance. À noter que si le 8 mai est férié en France, la Bourse de Paris sera néanmoins ouverte demain.
Bien dans le style du président des Etats-Unis, la saillie de Donald Trump dimanche dernier pourrait s'apparenter à une façon de hâter la conclusion des négociations en vue d'aboutir à un accord commercial entre les deux géants économiques. Mais le pari reste risqué.
Au moment de la clôture européenne, l'indice Dow Jones accentuait son repli à près de 1,44%, le S1P 500 cédant 1,42% et le Nasdaq -1,6%.
L'incertitude sur la tonalité réelle des échanges et la possibilité semble-t-il accrue d'un échec pur et simple des négociations incite globalement les opérateurs à ouvrir les parapluies, et réduire leurs positions à risque. D'autant qu'après un gain non négligeable pour les grands indices depuis le début de l'année (de plus de 15% s'agissant du CAC 40) c'est la période estivale, traditionnellement moins propice aux performances boursières, qui débute.
Par ailleurs, l'actualité des entreprises n'a pas manqué ce mardi avec des publications diversement accueillies, Solvay et Imerys en particulier ayant fortement déçu.
Le chimiste franco-belge, issu du rapprochement entre Solvay et Rhodia, a abaissé ses prévisions 2019 en raison d'une détérioration de la conjoncture économique sur ces marchés depuis février et qui se poursuit au cours du deuxième trimestre. L'action a perdu 7,2%, le groupe tablant désormais sur un Ebitda stable voire légèrement en baisse en 2019, au lieu d'une hausse "modeste".
Quant à Imerys, le titre a abandonné 15% après un repli des résultats au premier trimestre et surtout une grosse erreur de communication de la part de la société. Dans un premier temps le groupe n'avait pas signalé que la fermeture temporaire de son site américain de Willsboro pour des questions de contrôle qualité s'accompagnait d'une contamination (certes apparemment sans gravité) à l'amiante.
Également en vif retrait, Maisons du Monde qui avait perdu 4,3% lundi à l'annonce de l'ouverture à venir d'un magasin Ikea en plein Paris a encore reculé de 4,5%. Vicat a cédé 2,1%, malgré l'objectif d'une nette amélioration de la rentabilité cette année. De même, la confirmation par Akka Technologies n'a pas réussi non plus au titre, qui a lâché 5,6%. Worldline, désormais déconsolidé d'Atos, a abandonné 4,9%.
Le tableau n'était cependant pas entièrement négatif, en témoigne le beau rebond (+4,75%) d'Iliad après l'annonce de la cession de tours télécoms à Cellnex pour 2 milliards d'euros, une opération qui permettra au groupe de se désendetter et donc de réinvestir dans le déploiement de son réseau 5G notamment. De plus, après un premier trimestre encourageant, l'opérateur a livré les ambitions de son plan 2024. La société d'ingénierie aéronautique Sogeclair a quant à elle bondi de 7,4% après un excellent début d'année (+15,2% de croissance organique au T1).
Lagardère et Alstom ont gagné plus de 1,1% chacun également, Lagardère après son chiffre d'affaires à fin mars et Alstom son chiffre d'affaires annuel (le groupe suit un exercice décalé par rapport à l'année civile).
Du côté des medtechs/biotechs, Mauna Kea Technologies a monté de presque 10% après la publication d'un article scientifique relatant une étude clinique montrant l'intérêt de sa technologie d'endomicroscopie pour le diagnostic et l'évaluation en temps réel du cancer du poumon - première cause de décès lié au cancer dans le monde. GeNeuro a pris 3,9% après des résultats à douze mois dans le diabète insulino-dépendant. Enfin Erytech a gagné 2,2% après son point trimestriel, et la confirmation par la société que son horizon de trésorerie s'étendait jusqu'à fin 2020.
Sur le marché de l'énergie, les cours du pétrole redescendaient mardi soir après la hausse provoquée lundi par l'envoi d'un porte-avion américain vers le Proche-Orient. Le WTI reculait de 1,45% à 61,35 dollars et le Brent de 1,54% à 70,14 dollars.
Du côté des devises, l'euro cédait un peu de terrain à 1,1184 dollar (-0,13%).