(BFM Bourse) - Au quatrième jour d'un sommet qui devait n'en durer que deux, les dirigeants de l'UE ont fait état de progrès dans la recherche d'un compromis lundi, même s'ils se montrent toujours prudents quant aux chances de parvenir effectivement à un accord. Suffisant pour le CAC, qui s'accroche à l'espoir d'une issue positive et avance de 0,47%.
Après avoir fait preuve de nervosité et perdu jusqu'à plus de 1% peu après l'ouverture des échanges lundi, le CAC 40 est revenu autour de l'équilibre à la mi-journée avant de prendre un peu de hauteur dans l'après-midi pour boucler la séance sur un gain de 0,47% à 5.093,18 points. Le volume d'échanges particulièrement restreint -tout juste supérieur à 2,3 milliards d'euros, témoigne toutefois de la prudence qui a animé les investisseurs dont l'attention était tournée vers Bruxelles.
Difficiles négociations à Bruxelles
Initialement prévues vendredi et samedi, les négociations entre les dirigeants des 27 doivent reprendre en fin d'après-midi (la reprise des discussions a été plusieurs fois repoussée), les 27 chefs d'Etat et de gouvernement n'ayant jusqu'ici pas trouvé d'accord sur un plan de relance commun. Médiateur du sommet, le président du Conseil européen Charles Michel doit présenter un nouveau projet de compromis. Le montant des aides accordées sous forme de subventions continue de susciter la discorde, les pays dits "frugaux" (Pays-Bas, Suède, Danemark, Autriche) et la Finlande, souhaitant le faire baisser en deçà des 500 milliards d'euros prévus dans la première proposition.Ce n'est "pas terminé, mais difficile", a lâché le président français Emmanuel Macron en sortant de la réunion. "Un accord est possible et un accord est nécessaire", a déclaré son ministre de l'Economie Bruno Le Maire depuis Paris. Pour le ministre allemand aux Affaires étrangères Heiko Maas, la poursuite des discussions "montre que tout le monde veut une solution, plutôt que de remettre le problème à plus tard". "Nous n'avons pas encore trouvé d'issue, cela peut encore échouer. Mais je suis plus optimiste que je ne l'étais cette nuit à un moment donné, où je me suis dit: c'est fini", a pour sa part expliqué Mark Rutte, ministre des Finances des Pays-Bas parmi les plus difficiles à convaincre.
Les dirigeants européens butent notamment sur le montant des subventions qui pourront être accordées et que les Etats "frugaux" souhaitent voir réduit. Un accord se dessinerait cependant autour d'une somme de 390 milliards d'euros, un montant inférieur aux 500 milliards initialement proposés. Si certains stratégistes prévoyaient un pic de volatilité sur les marchés cet après-midi, le report des négociations de 16 à 17 puis à 18h. À noter que ce sommet pourrait bientôt battre le record de celui de Nice, en novembre 2000, où il avait fallu environ 85 heures aux dirigeants pour s'accorder sur une révision des traités dans le cadre de l'élargissement à l'Est.
"Le plus vite les 27 pourront se mettre d'accord, le mieux ce sera pour tout le monde, en particulier pour des pays comme l'Espagne et l'Italie, qui ont été durement touchés par la crise sanitaire et dépendent fortement du tourisme", note David Madden, analyse de CMC Markets. "Le marché a encore de multiples raisons d'être inquiet, notamment en ce qui concerne la pandémie" souligne également Christopher Dembik responsable de la recherche économique chez Saxo Banque.
Wall Street attend aussi un plan de soutien
Sa résurgence depuis quelques semaines aux Etats-Unis, pays le plus touché, représente "le principal risque" pour l'économie américaine, a estimé vendredi le FMI. Le secrétaire américain au Trésor, Steven Mnuchin a déclaré que les petites et moyennes entreprises "les plus touchées" par la crise du Covid-19 devraient bénéficier d'un deuxième prêt fédéral, en priorité dans les secteurs du voyage et de la restauration.En attendant, la Bourse de New York évolue sans direction claire lundi en début de séance, attentive à l'évolution de la pandémie aux Etats-Unis et aux négociations politiques au Congrès sur un nouveau plan de soutien. Sur le plan politique, Démocrates et Républicains entamaient des négociations sur des mesures supplémentaires pour faire face à l'impact économique du coronavirus. Alors que de nombreux Etats fédérés ont dû fermer à nouveau une partie de leur économie, le Congrès pourrait notamment voter une rallonge de l'aide exceptionnelle de 600 dollars hebdomadaires pour les chômeurs, mise en place fin mars par le gouvernement et censée prendre fin le 31 juillet.
Sur le plan sanitaire, "il y a de nouvelles informations sur la flambée des cas de coronavirus dans des foyers comme la Floride et sur les luttes internes entre les responsables étatiques et locaux sur la meilleure façon de ralentir la propagation du virus", observe Patrick O'Hare de Briefing.co.
Conséquence, le Dow cède 0,3% vers 18h10. À la même heure toutefois, le S&P grappille 0,2% et le Nadaq prend 1,%, de nouveau porté par les géants technologiques qui s'envolent sans actualité particulière (+6% pour Amazon, +2,8% pour Microsoft).
Si les opérateurs ont actuellement les yeux rivés vers Bruxelles, "les résultats d'entreprises seront le point d'attention majeur cette semaine, et devraient également rappeler que la parenthèse de la crise est encore très loin d'être fermée", avance Chrisopher Dembik. Parmi les publications les plus attendues de la semaine, IBM (lundi) Coca Cola (mardi), Microsoft (mercredi) et Amazon (jeudi) donneront le ton aux indices new-yorkais cette semaine, tandis que plusieurs valeurs du CAC vont ouvrir le bal à Paris, notamment STMicro, Worldline et Dassault Systèmes jeudi.
Technicolor respire, Natixis souffre
Peu d'actualités sur le front des valeurs à Paris, si ce n'est le rebond de Technicolor (+9,7%) dans le sillage de l'annonce de l'adoption, à l'assemblée générale, de toutes les résolutions nécessaires à la mise en place du plan de restructuration financière. Dans l'autre sens, Natixis lâche 7,4% en clôture après le démenti de BPCE sur des rumeurs de presse évoquant un intérêt de la maison-mère de la banque de financement pour le solde de son capital.Teleperformance domine le palmarès de l'indice phare lundi (+3,8%) grâce à un relèvement de recommandation à "surpondérer" des analystes de Morgan Stanley. L'intégralité des changements de recommandations du jour est à retrouver ici. Le compartiment technologique est bien orienté puisque Dassault Systèmes (+3,8%), STMicro (+2,3%) et Worldline (+2,1%) avancent aussi.
À noter que Casino cède 0,8% alors que sa maison-mère Rallye a annoncé vendredi avoir remboursé l'intégralité de ses opérations de dérivés grâce à un financement de 210 millions d'euros obtenu auprès de Fimalac, la société d'investissement détenue par l'homme d'affaires Marc Ladreit de Lacharrière.
Le spécialiste des véhicules autonomes Navya flambe encore (+46%), ce qui porte sa progression à plus de 230% sur les 6 dernières séances dans le sillage du lancement d'un service de navettes en autonomie complète de niveau 4, sans opérateur de sécurité à bord
Enfin, EssilorLuxottica cède 0,7% après avoir annoncé avoir engagé des poursuites judiciaires pour obtenir des informations auprès de GrandVision afin d'appréhender la façon dont le groupe qu'il souhaite acquérir a géré son activité pendant la crise sanitaire.
L'euro à un plus haut de 4 mois
Affectés par la perspective que l'augmentation des infections par le coronavirus fasse dérailler la reprise de demande de brut, les cours pétroliers évoluaient dans le rouge une bonne partie de la séance avant de revenir eux aussi à l'équilibre vers 18h20. Le baril de Brent grignote 0,05% à 43,16 dollars et le WTI s'échange à 40,75 dollars, un cours inchangé par rapport à la veille.Si les investisseurs en actions se montrent prudents, les acteurs du marché des changes et du marché obligataire sont plus optimistes concernant la conclusion d'un accord sur un fonds de rétrocède néanmoins une bonne partie de ses gains matinaux, à 1,1445 dollar (+0,15%).