(BFM Bourse) - Inquiète de l'écartement brutal des rendements de la dette des différents Etats-membres, la Banque centrale européenne a convoqué une réunion impromptue du conseil des gouverneurs et pourrait sortir de sa boîte à outils un dispositif pour combattre la "fragmentation". Dans cette perspective, les taux se calment tandis que l'euro et les actions européennes rebondissent - sans excès.
Après les paroles, la BCE va passer aux actes. "Nous ne tolérerons pas les modifications des conditions de financement [des Etats en particulier] qui ne sont pas fondamentalement justifiées et qui menacent la transmission [l'efficacité] de la politique monétaire", a déclaré mardi Isabel Schnabel, une des membres du directoire de l'institution, dans un discours vantant "l'unité dans la diversité" prononcé à l'université Panthéon-Sorbonne. Confrontée à l'augmentation des rendements obligataires et surtout à la divergence grandissante de la rémunération exigée par les investisseurs entre la dette des pays les plus solides et ceux jugés financièrement plus fragiles (le spread c'est-à-dire l'écart entre le rendement du Bund allemand à dix ans et son équivalent italien a atteint mardi un plus haut niveau depuis plus de deux ans), la Banque centrale de la zone euro est obligée de passer sans plus tarder à l'action.
Vers 12h, alors que le Bund allemand affiche un taux de 1,71%, l'OAT à 10 ans français se négocie à 2,3%, le 10 ans espagnol à près de 3% et le 10 ans italien à près de 4%.
Les gouverneurs ont été rappelés en urgence pour une réunion impromptue qui devrait aboutir à sortir une mesure forte (même sur un plan symbolique) du vaste arsenal à la disposition de la BCE. Un scénario de nature à redonner un peu de baume au cœur des investisseurs: à l'approche de la mi-séance, le CAC 40 tricolore reprend 1,08% à 6.013,94 points vers 11h55, après avoir enchaîné six séances dans le rouge d'affilée.
L'euro de son côté regagne 0,63% à 1,0483 dollar et les rendements obligataires redescendent d'autant plus sensiblement qu'on s'éloigne de la référence allemande à dix ans (avec des taux souverains qui baissent de 1,55% sur le Bund, de 3,3% sur l'OAT française, de 3,6% sur l'équivalente espagnole et de 4,7% sur l'italienne vers 12h05).
Les yeux rivés sur la Fed
Outre-Atlantique, où les principaux indices ont fini en ordre dispersé mardi, la banque centrale est également de sortie ce mercredi mais dans le cadre du cours normal de ses réunions périodiques. La Fed pourrait annoncer une hausse de 0,75 point de pourcentage de son taux directeur, anticipent désormais les marchés, après 0,50 point en mai. La décision sera officialisée à partir de 20h00, heure française.
Parmi les autres actifs, le bitcoin flanche encore de 8% à 20.149 dollars après l'accident industriel de Celsius, tandis que l'once d'or grappille quelques dollars (1824,60 dollars). En revanche les tarifs pétroliers reculent à 119,73 dollars le baril de Brent (-1,19%) et 117,34 dollars (-1,34%) le WTI.
Sur la cote parisienne, SQLI prend la tête du contingent du SRD alors que son actionnaire majoritaire DBAY Advisors a acquis un bloc de 5,6% du capital à 38,50 euros par action, un prix supérieur de près de 25% à celui de l'OPA qu'il avait mené en début d'année, avec un demi-succès. Le titre s'enflamme de 13%.
Oeneo profite de la publication des résultats "les plus élevés de son histoire" au titre de son exercice 2021-2022, dans un contexte de reprise progressive des investissements des viticulteurs. Le cours de la société spécialisée dans le bouchage et l'élevage du vin, contrôlée par la famille Hériard-Dubreuil, progresse de 2,4%. Euronext avance au même rythme grâce à l'achèvement de la migration de son centre de données principal depuis Basildon au Royaume-Uni vers son nouveau site de Bergame en Italie. Une opération bouclée dans le délai de 14 mois annoncé au moment du rachat de Borsa Italiana.
EDF à la relance
La signature d'un protocole d'accord avec les Chantiers de l'Atlantique pour le développement de plateformes de production d'hydrogène en mer permet à Lhyfe d'engragner 2,3%.
La magie du verbe opère pour EDF, qui prend 1,7% alors que le ministre français de l'Economie a assuré sur BFMTV que toutes les options étaient sur la table pour l'entreprise, n'écartant pas l'hypothèse de sa nationalisation (au sens d'un rachat des minoritaires donc, puisque EDF est déjà majoritairement contrôlée par l'Etat).
Au sein du CAC 40, le rebond apparaît généralisé, ne laissant sur le bas-côté que quelques défensives comme Danone (-1,1%) ou TotalEnergies (-0,5% sous l'effet du reflux du baril).