(BFM Bourse) - Au lendemain d'un pic, le principal baromètre du marché parisien rétrocède quelques points en dépit de publications encore probantes de la part des pensionnaires du CAC (BNP Paribas, Safran, EssilorLuxottica). Apple et Amazon ont en revanche déçu Wall Street.
Le CAC 40 semble se diriger vers sa 4e progression hebdomadaire consécutive, soutenu par les publications des poids lourd de la cote, mais lâche du lest ce vendredi à la mi-journée, après l'annonce, par Eurostat, d'un bond de l'inflation à un sommet depuis plus de 13 ans en zone euro en octobre. Alimentée par la poursuite de la flambée des cours de l'énergie (+23,5% sur un an), celle-ci a grimpé à 4,1% sur le mois en cours selon la première estimation, quand les économistes et analystes interrogés par Reuters prévoyaient en moyenne 3,7%. Si cette nette accélération (après +3,4% en septembre) de la hausse des prix à la consommation n'a pas entravé la croissance du PIB en zone euro (+2,2% au 3e trimestre, contre un consensus à +2,0%), elle ressort désormais plus de deux fois supérieure à l'objectif de 2% fixée par la BCE, ce qui pourrait conforter certains responsables de l'institution dans leur volonté de réduire les mesures de soutien au marché.
Jeudi, la présidente de la BCE Christine Lagarde a reconnu que les prix resteraient élevés plus longtemps que prévu du fait des tensions sur l'offre mais a -encore- insisté sur le fait qu'elle retombera sous la cible de 2% dès 2022 - une vision que le marché "n'achète plus" à en juger par les anticipations d'inflation en nette hausse.
La publication de chiffres nettement supérieurs peu avant 12h a donc provoqué une rechute du CAC (-0,64% à 6.760,79 points à 12h40), au lendemain d'une avance de 0,5% qui lui avait permis de revenir au-dessus du seuil des 6.800 points en clôture pour la première fois depuis le 17 août dernier. Malgré les publications -encore- très solides des fleurons de la Bourse de Paris, "les résultats d'Apple et d'Amazon (publiés jeudi soir), moins robustes que prévu, semblent avoir entamé un peu l'élan" constate Sebastian Paris Horvitz, analyste de LBPAM.
S'ils ont respectivement engrangé 83,3 milliards de dollars (+29% sur un an) et 110,8 milliards (+15%) de revenus au 3e trimestre, les résultats trimestriels d'Apple et Amazon ressortent en-deçà des attentes, notamment sur les bénéfices, les deux géants ayant pâti des mêmes maux que le reste de l'économie: les difficultés de recrutement et la pénurie de semi-conducteurs. "Et il n'y a pas grand-chose pour améliorer l'humeur, car Joe Biden a toujours du mal à faire passer son méga plan d'investissements, les cas de Covid-19 sont en hausse et la croissance américaine n'a pas répondu aux attentes dans la dernière publication", énumère Ipek Ozkardeskaya, analyste chez Swissquote.
Solides publications pour EssilorLuxottica, BNP Paribas et Safran
Si les nouvelles sur le front macroéconomique ne rassurent pas les opérateurs, ils peuvent trouver un peu de réconfort dans les (nouveaux) probants résultats semestriels des grands noms de la Bourse de Paris. Après Stellantis, Airbus, TotalEnergies, Dassault Systèmes, STMicro ou encore Sanofi jeudi, c'est au tour de BNP Paribas, EssilorLuxottica et Safran d'afficher un bon bulletin de santé. La première banque tricolore a agréablement surpris le marché en publiant un bénéfice net -en hausse de 32,2% à 2,5 milliards d'euros- meilleur que prévu au troisième trimestre, assorti d'un programme de rachat d'actions de 900 millions d'euros. Toutes les lignes des comptes de résultats de BNP Paribas ressortent par ailleurs au-dessus de leur niveau d'avant-crise, et le titre gagne 0,7% à 13h15.
Le géant mondial de l'optique EssilorLuxottica avance pour sa part de 2,5% après avoir relevé ses prévisions annuelles (et vise une croissance de "5 à 9%" de ses revenus contre "environ 5%" précédemment) dans le sillage d'un 3e trimestre meilleur que celui de 2019.
L'équipementier et motoriste Safran (+1,8%) a de son côté profité de la reprise du trafic aérien pour enregistrer une croissance à deux chiffres de ses revenus, et rehausse également sa prévision de cash-flow libre sur l'ensemble de son exercice.
Le géant des matériaux Saint-Gobain a pour sa part annoncé jeudi soir une hausse de 13,3% à 10,3 milliards d'euros de son chiffre d'affaires entre juillet et septembre, le gonflement des prix lui ayant permis de compenser l'inflation des coûts des matières premières et de l'énergie, mais lâche 4,6% à la mi-journée alors que son bénéfice d'exploitation devrait atteindre un niveau record en 2021.
Ubisoft rassure
Hors de l'indice phare, la publication d'Ubisoft rassure également (+6%) les investisseurs malgré le nouveau report de trois titres, l'éditeur de jeux vidéo ayant pu compter sur le succès d'Assassin's Creed Valhalla. Air France - KLM redécolle aussi (+4%) après avoir renoué avec un bénéfice opérationnel au 3e trimestre grâce à une "belle saison estivale", et nettement réduit sa perte nette sur un an (à -192 millions, contre -1,5 milliard au 3e trimestre 2020). TF1 bondit également de 6% dans le sillage de son relèvement d'objectif de taux de marge opérationnelle à "plus de 12%" après un 3e trimestre très dynamique (+21% à 1,65 milliard d'euros de revenus).
DBV rebondit par ailleurs fortement (+14%) après avoir été massacré lors des deux dernières séance (-25% puis -14%) à la perspective d'un report de la commercialisation de son patch contre l'allergie à l'arachide.
Au chapitre énergétique, les cours de l'or noir, qui se sont stabilisés jeudi grâce à l'annonce par le groupe Opep+ d'une prévision de baisse des stocks mondiaux plus importante que prévu, repartent légèrement à la hausse ce vendredi (+0,5% à 84,1 dollars pour le baril de Brent à 13h30). Sur le Forex, la monnaie unique rétrocède une partie de ses gains de la veille (-0,24% à 1,1655 dollar.