(BFM Bourse) - La Bourse de Paris boucle une 5e séance consécutive dans le rouge et creuse ses pertes, après avoir comme la veille tenter un rebond dans la matinée. Le scepticisme des investisseurs par rapport aux mesures de soutien à l'économie, la guerre des prix sur le marché de l'or noir et la reclassification de l'épidémie de Covid-19 en "pandémie" n'ont pas permis au marché parisien de conserver ses gains matinaux.
Décidément, le CAC 40 n'y arrive plus. Après avoir plongé de 8,39% lundi (2e plus mauvaise performance depuis sa création) puis lâché plus de 6% "intraday" mardi pour boucler la séance sur une baisse de 1,5%, le marché parisien boucle la séance de mercredi dans le rouge, après une nouvelle tentative avortée de rebond. En hausse de près de 3% en début de matinée, le baromètre de la Bourse de Paris a progressivement effacé ses gains matinaux pour terminer la séance sur un repli de 0,57% à 4.610,25 points, dans un volume d'échanges encore nourri de 6,3 milliards d'euros. Sur les 5 dernières séances, le reflux de l'indice phare du marché parisien atteint -15,6%.
Rien n'y fait, ni les mesures de soutien à l'économie annoncées par les différentes autorités monétaires et budgétaires, Fed et Bank of England en tête, ni l'avantage -a priori décisif- pris par Joe Biden dans les primaires démocrates, ni même la reprise de l'activité dans la province de Wuhan en Chine ne semblent donner du baume au cœur d'investisseurs sceptiques.
Pour ne rien arranger, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) a déclaré mercredi que l'épidémie du Covid-19, qui a contaminé plus de 110.000 personnes dans le monde depuis fin décembre, pouvait être considérée comme une "pandémie". "Nous avons estimé que le Covid-19 peut être caractérisé comme une pandémie", a déclaré le directeur général de l'OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus.
Baisse des taux en Angleterre
En attendant la Banque centrale européenne, qui devrait annoncer jeudi lors de sa réunion mensuelle de nouvelles mesures de soutien à l'activité des entreprises, c'est la Bank of England qui est sortie du bois mercredi en abaissant son principal taux directeur de 50 points de base (de 0,75% à 0,25%), en dehors de l'agenda habituel de ses réunions, rééditant la manœuvre opérée par la Réserve fédérale mardi dernier.
À l'issue d'un sommet extraordinaire organisé par vidéoconférence, épidémie oblige, les dirigeants de l'Union européenne ont dévoilé mardi soir un plan d'investissement de 25 milliards d'euros. Un assouplissement des règles de déficit est également dans les tuyaux, même l'Allemagne (!) reconnaissant désormais qu'une hausse de la dépense publique est inévitable.
Mais ces contre-feux ne font nullement oublier que l'incendie du coronavirus est bel et bien allumé, et que les économies développées -faute de mesures de confinement plus énergiques qu'aujourd'hui- sont à la merci d'une accélération de l'épidémie avec le risque d'une saturation des services de santé, une augmentation de la mortalité, et des conséquences encore plus drastiques sur l'économie.
Dans un avenir proche, la volatilité sur les marchés va rester très élevée pour trois raisons, souligne Stéphane Déo de La Banque Postale Asset Management. Primo, l'évolution du coronavirus (imprévisible). Secundo, les ajustements techniques du marché (erratiques). Tertio, les réponses de politique économique, qui restent parcellaires et insuffisantes. "Il faudra plus que ce saupoudrage pour calmer les marchés et surtout pour aider l’économie", note le stratégiste.
Du rouge vif à Wall Street
Au lendemain d'un vif rebond (+4,89% pour le Dow, +4,96% pour le Nasdaq, meilleures performances depuis 2018) qui faisait suite au bain de sang du "lundi noir", la Bourse de New York s'enfonce de nouveau dans le rouge mercredi, alors que les opérateurs s'interrogent sur les mesures de soutien que compte présenter l'administration Trump pour tenter de limiter les répercussions économiques de la crise sanitaire. À 17h30 (12h30 heure locale), le Dow dévisse de 4,01%, le S&P cède 3,6% et le Nasdaq lâche 3,2%. Les valeurs bancaires et pétrolières sont encore en souffrance.
Les valeurs bancaires se reprennent timidement à Paris
Dans le contexte du maigre rebond du jour, les bancaires tentent de se reprendre avec +3% chez BNP Paribas, +2,4% chez Crédit Agricole et +3,4% pour Société Générale. Natixis se prend une nouvelle fois les pieds dans les déboires de sa filiale H2O Asset Management et chute de 4,8%.Du côté du pétrole, ça ne va pas mieux alors que l'Arabie Saoudite ouvre encore plus le robinet (jusqu'à 13 millions de barils par jour...). Les Emirats Arabes Unis ont également annoncé qu'ils étaient prêts à augmenter leurs expéditions jusqu'à 4 millions de barils jour en avril. Résultat, le Brent reperd 2,66% à 36,23 dollars et le WTI 2,56% à 33,48 dollars vers 17h40, d'où une nouvelle chute des valeurs parapétrolières à Paris (-9% pour CGG, -5,9% pour Vallourec).
En dehors de l'indice phare, Technicolor emmène le palmarès du SRD, rebondissant de 3,4% (depuis un niveau abyssal s'entend) alors que Bpifrance a accru sa participation jusqu'à 7,61% des parts.
Eurofins grimpe de 4,2% après le relèvement du conseil de Morgan Stanley (pour les autres changements notables du jour, c'est ici).
La biotech Nicox avance quant à elle de 6,2% grâce à un apport de fonds notable, puisque Ocumension va lui verser 15 millions d'euros (et s'est engagé à cofinancer une étude clinique importante), dans le cadre d'un amendement de leurs accords de licence.
Terminons par un point sur l'euro, qui lâche du lest face au billet vert à 17h45 (-0,28% à 1,1275 dollar).