(BFM Bourse) - Auteur d'une spectaculaire remontée "intraday", le CAC 40 boucle la première séance -particulièrement agitée- de la semaine sur un recul de 1,31%, après avoir flanché de près de 5% en matinée puis remonté en légère hausse dans l'après-midi. L'indice échoue néanmoins à préserver le seuil des 6000 points, sous lequel il n'était pas tombé depuis le 29 mars 2021.
Accaparant l'attention de tous les intervenants, la guerre en Ukraine engendre un surcroît notable de volatilité sur les marchés mondiaux. Si certains marchés de matières premières (énergie, blé, nickel, etc.) sont saisis de folie spéculative, la panique s'empare des marchés actions, comme en attestent les improbables variations "intraday" des dernières séances. Près de 360 points séparent de fait le plus bas touché ce lundi vers 9h30 (5.756 points) du plus haut atteint à l'ouverture des marchés américains, vers 15h30, à 6.115 points. Soit une variation de plus de 5,7% entre les deux pour le CAC 40, une ampleur qu'on n'avait plus observé depuis le krach de mars 2020.
Après son ouverture chaotique puis son impressionnant rebond, le baromètre du marché tricolore s'est toutefois de nouveau replié de plus de 2% par rapport au pic de la journée sur les deux dernières heures de cotation, pour boucler la séance en repli de 1,31% à 5.982,27 points, dans un volume d'échanges encore extrêmement nourri de plus de 8 milliards d'euros. Entre la prudence et la peur, les investisseurs tentent toujours de jauger en temps réel l'évolution du conflit russo-ukrainien et les conséquences économiques des sanctions occidentales, notamment sur le marché pétrolier. La conduite des marchés "est dictée par le flux constant d'informations liées à l'invasion" russe de l'Ukraine, constate Craig Erlam, analyste chez Oanda.
Assommé par les annonces du week-end et l'éventualité d'un embargo occidental sur le pétrole russe, le marché parisien a chuté en territoire de "bear market" ce lundi matin, accumulant un recul de plus de 20% depuis son dernier sommet, enregistré début janvier à près de 7400 points.
Au douzième jour d'une guerre qui a déjà fait des milliers de morts dans les deux camps, le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken a évoqué la possibilité d'interdire les importations de pétrole russe, provoquant une flambée de près de 20% des principales références mondiales de brut dans les échanges asiatiques, à des niveaux inexplorés depuis 2008. Le Brent et le le WTI ont depuis effacé une large partie de leurs gains initiaux mais le premier cité affiche encore une hausse de 4,4% à 123,3 dollars vers 18h.
"L'invasion de l'Ukraine par la Russie a élargi la probabilité de distribution de la performance des marchés boursiers. L'augmentation de l'incertitude découle d'un éventail de facteurs, dont de façon non exhaustive : les intentions du président Poutine, l'étendue des sanctions futures, le sort des armes, la politique de défense des États non-OTAN, la position perçue de la Chine, les prix des matières premières, la croissance mondiale, l'inflation et la politique des banques centrales", observe l'équipe de stratégie d'UBS.
"En conséquence, nous avons désormais moins confiance dans la possibilité que se matérialise n'importe quel scénario donné et l'éventail des développements potentiels est également plus large - à la fois à la hausse et à la baisse. Bien que notre scénario central reste une progression des marchés actions d'ici la fin de l'année par rapport à aujourd'hui, un rapport risque/rendement moins clair implique que nous modifions notre positionnement tactique sur les actions, de classe d'actifs favorite à neutre", explique la banque.
Thales, Dassault Systèmes et TotalEnergies surnagent
Schématiquement seul deux secteurs trouvent grâce aux yeux des investisseurs : d'un côté la défense (avec encore +6,6% pour Thales, qui gagne presque 50% depuis le début de l'année) et de l'autre les producteurs de matières premières, en particulier dans l'énergie et les métaux. Freiné par la menace de devoir à son tour tirer un trait sur ses actifs en Russie, TotalEnergies grappille tout de même 0,8%. Les parapétrolières en profitent beaucoup plus franchement avec 13,4% pour Schlumberger, 7,4% pour Vallourec ou 9,8% pour CGG. Eramet (+12,4%) et Maurel et Prom (+12,3%) profitent également de la flambée des cours, respectivement des métaux et du pétrole. Particulièrement résistant depuis le début du conflit armé (+1,8% sur un mois), Dassault Systèmes avance aussi de 3%.
Inversement, le chemin de croix se poursuit pour Engie (-5,9%), Alstom (-5,3%), Renault (-5,3%) ou Société Générale (-4,2%). Crédit Agricole cède 2,4% alors que la banque a évalué à 0,6% de ses engagements commerciaux son exposition à la Russie et à l'Ukraine. Danone maintient "pour l'instant" son activité de production et de distribution de produits laitiers frais et de nutrition infantile en Russie, pour répondre aux besoins alimentaires essentiels des populations civiles, mais suspend tout nouvel investissement dans le pays. Le titre recule encore de 2,3%. URW signe la plus forte baisse du jour avec un nouveau plongeon de 8,8% (-7,6% vendredi), devant Stellantis (-6,4%, là aussi après une chute de 7,6% vendredi).
La fuite vers le billet vert se poursuit sur le marché des changes, l'euro perdant encore 0,59% à 1,0870 dollar, au plus bas depuis l'été 2020. Dans l'univers des crypto-actifs, le bitcoin grappille 0,8% à 38.700 dollars.