(BFM Bourse) - On aurait pu penser que le marché parisien allait consolider au lendemain de la 8e plus forte hausse de son histoire après l'annonce d'un vaccin potentiellement efficace contre le Covid, mais il n'en est rien. Le CAC poursuit sa progression et reprend désormais 20% sur les 9 dernières séances.
Pas rassasiés, les investisseurs poursuivent leurs emplettes parmi les valeurs décotées mardi sur le marché parisien. Au point de surprendre les observateurs avisés comme John Plassard, le directeur des investissements chez Mirabaud qui s'attendait à "une accalmie après le véritable vent d’euphorie qu’ont connu les marchés mondiaux hier (lundi, NDLR) permettant à plusieurs indices de retoucher des sommets historiques (S&P 500 et MSCI World)". S'il a brièvement hésité sur la direction à suivre au cours de la première demi-heure de cotation, le CAC 40 a ensuite progressivement accru ses gains, jusqu'à ajouter 1,5% supplémentaire au gain de 7,57% enregistré la veille -soit la 8e plus forte hausse de l'histoire de l'indice- avant de stabiliser sa hausse. Vers 12h20, l'échantillon principal de la cote parisienne affiche une progression de 1,21% à 5.401 points, ce qui porte son rebond à 19,7% depuis son creux du 29 octobre dernier.
L'optimisme suscité par l'annonce de Pfizer et BioNTech d'un vaccin "efficace à 90%" contre le Covid-19 demeure bien présent et continue de nourrir les espoirs d'une reprise progressive de l'économie mondiale en 2021. Bien que le vaccin potentiel doive encore être manufacturé et commercialisé - un processus qui prendra un certain temps - les nouvelles de lundi donneront aux investisseurs une certaine assurance qu'une solution à long terme est peut-être en route, leur permettant d'envisager les perspectives économiques avec une plus grande confiance à l'horizon 2021" résume Randeep Somel, gérant actions, M&G Investments.
"Si les résultats de Pfizer sont prometteurs, nous ne sommes pas encore sortis de l'auberge confirme ainsi Jeroen Blokland, gérant de Robeco. "La durée de la protection, la quantité de doses disponibles et le fait que le vaccin doit être stocké à des températures extrêmement basses sont quelques éléments à garder à l'esprit. Cela étant dit, le vaccin est le facteur le plus important pour nous mettre sur la voie d'une nouvelle normalité dans un avenir prévisible" ajoute-t-il.
Ruée sur les valeurs décotées
Dans le sillage de cette annonce, "les marchés américains ont en revanche évolué en ordre plus dispersé ; si le Dow Jones s'est adjugé près de 2,9%, l'indice Nasdaq a reculé de 1,5%. Ces écarts de performance s'expliquent par des compositions sectorielles différenciées : les secteurs les plus affectés par la crise sanitaire – aéronautique, tourisme, énergie, banque… - ont enregistré des rebonds spectaculaires, tandis que les valeurs dites de croissance ont fait l'objet de prises de bénéfices" observe pour sa part le département des investissements de la banque Neuflize OBC.
De fait, les espoirs nés d'un vaccin ont suscité une réaction incroyablement forte des marchés boursiers, mais celle-ci s'est concentrée sur les valeurs les plus décotées du marché, dans des secteurs (immobilier, banque, aéronautique, automobile) qui avaient été le plus touchés par la crise sanitaire et/ou qui ont le plus à craindre des perspectives de nouveaux confinements en Europe. Cette rotation sectorielle des valeurs de croissance vers les valeurs dites de "value" se poursuit à la Bourse de Paris mardi, comme en témoigne le palmarès de l'indice phare.
Airbus, URW et BNP à la fête
Au sein du CAC, les plus fortes hausses à la mi-journée sont ainsi à mettre à l'actif d'Airbus (+6,1%), BNP Paribas (+5,1%), Safran (+4,8%), Renault (+4,6%), Axa (+3,5%), Crédit Agricole (+3,2%) et Société Générale (+2,7%). Sans oublier le géant des centres commerciaux Unibail-Rodamco-Westfield qui s'envole de 27% à 12h50 en réaction au refus, par les actionnaires, de procéder à l'augmentation de capital souhaitée par l'actuelle direction. Un vote qui fait office de violent camouflet pour le PDG Christophe Cuvillier, en posture délicate face au groupement d'investisseurs mené par l'ancien patron Leon Bressler et le médiatique Xavier Niel qui se sont opposés à l'opération.
Sur le reste de la cote, les valeurs liées au voyage, aux loisirs et à la consommation discrétionnaire (ou "non-essentiels" pour reprendre des termes en vogue) restent bien orientés, à l'instar de SMCP (+10,1%), Air France - KLM (+9,8%) ou Europcar (+6,8%). Les foncières et les parapétrolières s'offrent également un bon bol d'air (+16,8% pour Klepierre, +13,7% pour Vallourec, +9,1% pour Technip, +9% pour Mercialys ou +8,9% pour Icade).
Résultats encourageants pour Nanobiotix
Également à souligner, la progression du titre Nanobiotix (+6,1%), la biotech tricolore ayant annoncé de nouveaux résultats encourageants de ses traitements immuno-oncologiques les plus avancés.
De l'autre côté du palmarès, on retrouve aussi les mêmes valeurs que la veille, à savoir celles de la santé et du numérique (-4% pour Ubisoft, -3,9% pour Sartorius, -3,7% pour Teleperformance, -3,5% pour STMicro, -3,2% pour Worldline et Sartorius).
Les cours pétroliers restent bien orientés face aux espoirs de voir la demande repartir à la hausse à mesure que la situation se normalisera grâce au potentiel vaccin. Le baril de Brent prend 1,46% de plus à 43,02 dollars à 13h, quand le WTI grignote 1,12% à 40,72 dollars.
Enfin, sur le Forex, la monnaie unique cède 0,11% à 1,1799 dollar.