(BFM Bourse) - La perspective d'un durcissement au rythme plus rapide qu'anticipé de la politique monétaire américaine aura eu des répercussions sur le CAC 40, qui a perdu 1,72% hier à 7 249 points, alourdi par les dossiers du luxe et de la tech, particulièrement épidermiques. Sur l'ensemble de la séance, Kering aura perdu 3,06% à 718,10 euros, Dassault Systèmes 3,65% à 48,685 euros, LVMH 4,08% à 727,10 euros, Téléperformance 4,08% à 378,10 euros, cap Gemini 4,37% à 203,30 euros, et Hermès 4,69% à 1 504,50 euros.
Les marchés ont été surpris par la transcription des discussions alors tendues autour du calendrier de réduction du bilan, avec la publication des Minutes mercredi soir. Le ton légèrement plus "hawkish" que prévu adopté par la Fed lors de sa dernière réunion de politique monétaire apparaît plus comme un prétexte pour s'adonner à quelques prises de bénéfices que comme une réelle surprise, selon Jeffrey Halley, analyste chez Oanda. "Le procès-verbal a révélé que les membres du comité ont estimé que les risques d'inflation élevée étaient désormais persistants, et qu'il y avait un accord général sur l'accélération de la hausse des taux, avec trois hausses de taux provisoires prévues. Soit exactement ce qui nous avait été dit lors de la réunion "post-FOMC" par le président Jerome Powell. La seule surprise, si on peut l'appeler ainsi, est que certains membres ont estimé que la Fed devrait commencer à réduire son bilan peu après sa première hausse de taux" commente-t-il.
Les Minutes sont un compte-rendu détaillé, comprenant la teneur des échanges et débats qui ont animé le FOMC deux semaines auparavant. Les opérateurs, au-delà des décisions de politique monétaire qu'ils connaissent déjà, y scrutent le rapport de force entre les hawkish et les dovish, les arguments employés dans les débats, et plus largement la tonalité de ces débats. Pour les plus curieux, voici le document diffusé hier, et qui a provoqué cette accélération à la baisse.
Bastien Drut, Responsable de la Macro Stratégie Thématique chez CPR AM, synthétise: "Lors du FOMC de décembre, la Fed avait décidé d’accélérer le « tapering », c’est-à-dire de réduire un peu plus que prévu ses achats nets de titres (titres du Trésor et MBS), avec une fin des achats nets prévue pour mi-mars 2022. La question suivante au sujet du bilan de la Fed était de savoir si la taille de bilan allait rester stable quelques temps ou si elle serait réduite (quantitative tightening). Alors que Jerome Powell avait fait savoir que des réflexions étaient en cours sur le sujet, les minutes du FOMC de décembre indiquent que la réduction du bilan devrait en réalité arriver assez vite en 2022 : elle y est mentionnée des dizaines de fois !"
Côté valeurs, Carrefour a dominé le palmarès de l'indice vedette avec un nouveau gain de 6,3%, consécutif à une hausse de 5,1% mercredi, à mettre sur le compte de rumeurs d'une nouvelle offre de rachat à venir par Auchan.
Au chapitre statistique, les opérateurs ont pris connaissance de chiffres satisfaisants, au-delà des attentes sans pour autant montrer de suréchauffement, sur les prix à la production en novembre (+1,8% en Zone Euro en rythme mensuel). Outre Atlantique, peu d'écart à signaler par rapport à leur consensus respectif pour les inscriptions hebdomadaires aux allocations chômage et le déficit mensuel (novembre) de la balance commerciale. En revanche, le PMI services (ISM) est ressorti à 62, loin de la cible (67) et du mois précédent (69,1).
De l'autre côté de l'Atlantique, les principaux indices sur actions ont clôturé dans le rouge hier, mais dans une ampleur inférieure à celle de mercredi. Le Dow Jones s'est contracté de 0,47% à 36 236 points et le Nasdaq Composite de 0,13% à 15 080 points. Le S&P 500, baromètre de référence de l'appétit pour le risque aux yeux des gérants de fonds, a perdu symboliquement 0,10% à 4 696 points.
Un point sur les autres classes d'actifs à risque: vers 08h00 ce matin sur le marché des changes, la monnaie unique se traitait à un niveau proche des 1,1300$. Le baril de WTI, l'un des baromètres de l'appétit pour le risque sur les marchés financiers, s'échangeait autour de 80,00$.
A suivre à l'agenda ce vendredi, en priorité, les prix à la consommation en toutes premières estimations pour le mois de décembre en Zone Euro à 10h00, et le rapport NFP (Non Farm Payrolls) sur l'emploi aux États-Unis, rapport fédéral mensuel. Pour rappel mercredi, les opérateurs ont pris connaissance des résultats de l'enquête ADP (Automatic Data Processing) sur l'emploi. Selon le cabinet privé en ressources humaines, l'économie américaine a crée au mois de décembre 807 000 postes dans le secteur privé (hors agriculture), battant très largement la cible, au plus haut depuis le mois de mai. Verdict à 14h30.
ELEMENTS GRAPHIQUES CLES
Le trend de fond n'est pas menacé à ce stade, mais force est de constater que les pertes de Wall Street hier ont eu des répercussions à Paris, sous forme de profits ponctuelles et ciblées à Paris, prises de profits dont l'ampleur doit être envisagée à l'aune des avancées initiales, dossiers par dossiers.
Nous restons tout de même largement au-dessus d'une oblique haussière et de la moyenne mobile à 100 jours (en orange).
PREVISION
Au regard des facteurs graphiques clés que nous avons identifiés, notre opinion est neutre sur l'indice CAC 40 à court terme.
On prendra soin de noter qu'un franchissement des 7500.00 points raviverait la tension à l'achat. Tandis qu'une rupture des 7000.00 points relancerait la pression vendeuse.
Le conseil BFM Bourse
Graphique en données horaires

Graphique en données quotidiennes
