(BFM Bourse) - Une petite accalmie se profile, entre deux formations de jambes baissières, dans le contexte toujours aussi crispant de la guerre en Ukraine et de ses conséquences, profondes mais encore difficilement lisibles, à court, moyen et long terme. Dans tous les cas, nous vivons "un basculement de l'histoire", selon les termes du Ministre français de l'Europe et des Affaires Etrangères, Jean-Yves Le Drian, interrogé ce matin sur France 2.
Une légère accalmie qui est entretenue par ailleurs par les commentaires de J. Powell devant les Parlementaires américains sur le rythme de remontée des taux fédéraux, laissant entendre que la remontée serait vraisemblablement moins forte que prévu. La voie est ainsi ouverte à un relèvement de 25 pdb, au lieu de 50 pdb pour cette prochaine échéance. La Fed achèvera le 16 mars une nouvelle réunion de son Comité de politique monétaire (FOMC).
Il faut dire que la question du ralentissement potentiel de la croissance mondiale, dans un contexte inflationniste élevé, énergie en tête, rebat complètement les cartes pour les grands argentiers de la planète. "Dans ce contexte, les Banques Centrales devraient se montrer plus prudentes et plus accommodantes, en particulier en Europe, face aux risques pesant sur la croissance. Parallèlement, l’inflation apparaît donc moins sous contrôle sachant que celle-ci pourrait être accrue nettement e cas d’accélération des sanctions sur le front de l’énergie, entraînant à nouveau des risques de ralentissement de l’activité", expliquent Jean-Marie MERCADAL, Directeur des stratégies d'investissement et Eric BERTRAND, Directeur Général Délégué et Directeur des Gestions chez OFI AM.
Et ce alors même que l'horizon est particulièrement brumeux. "Un enlisement et une aggravation du conflit pourraient mener à une phase de ralentissement économique couplée à une inflation élevée laissant craindre une période de stagflation. Les Banques Centrales n’ont pas fini d’être au centre des marchés".
Au chapitre statistique, relégué une nouvelle fois au second plan, EuroStat a publié hier les derniers chiffres de l'inflation en Zone Euro, au-dessus des attentes, à +2,7% en rythme annualisé, hors panier d'éléments volatils (alimentation, énergie, alcool et tabac). Outre Atlantique, les opérateurs ont pris connaissance des résultats de l'enquête du cabinet privé ADP sur l'emploi américain au mois de février. Cet "avant-goût" avant les résultats du rapport Non Farm Payrolls de vendredi montre des créations de postes dans le secteur privé (hors agriculture) de l'ordre de 475 000, très largement au-delà de la cible.
Côté valeurs, TotalEnergies, pourtant menacé de devoir emboîter le pas de ses homologues BP, Shell ou Chevron en stoppant non seulement tout nouveau projet, mais en abandonnant potentiellement ses investissements en cours en Russie, a rebondi de 8,17% à 47,975 euros. Société Générale (+0,26%), très implantée en Russie, a stabilisé l'hémorragie. Airbus et Safran ont repris respectivement 5,3% et 4,9%. Les investisseurs ont par ailleurs plutôt bien réagi à la présentation du plan stratégique de Stellantis (+1,1%), qui a notamment annoncé vouloir lancer 75 modèles électriques d'ici à 2030 pour ses marques dont Peugeot, Opel, Fiat, Alfa Romeo ou Maserati. Au contraire Thales, porté ces dernières séances par l'engouement pour les valeurs de la défense, a reflué de 4,90% à 102,90 euros.
De l'autre côté de l'Atlantique, les principaux indices sur actions ont terminé la séance de mercredi dans le vert, portés de façon égale par tous les secteurs ou styles de dossiers: le Dow Jones a gagné 1,79% à 33 891 points, et le Nasdaq Composite 1,62% à 13 752 points. Le S&P 500, baromètre de référence de l'appétit pour le risque aux yeux des gérants de fonds, a gagné 1,86% à 4 386 points.
Un point sur les autres classes d'actifs à risque: vers 08h00 ce matin sur le marché des changes, la monnaie unique se traitait à un niveau proche des 1,1100$. Le baril de WTI, l'un des baromètres de l'appétit pour le risque sur les marchés financiers, s'échangeait autour de 114,00$.
A suivre en priorité, à l'agenda ce jeudi, l'indicateur PMI Services en Zone Euro en données finales pour février à 10h00, et outre Atlantique, les inscriptions hebdomadaires aux allocations chômage à 14h30, le PMI Services ISM à 16h00, et la suite de l'audition semestrielle du Président de la Fed devant le Sénat, à 16h00 également.
ELEMENTS GRAPHIQUES CLES
Les 6 760 points, que nous identifiions jusqu'ici comme un plancher progressivement fragilisé,ont cédé, sur gap ample, ouvrant la voie à une nouvelle phase de marché. Rappelons que l'indice a tracé du 16 au 18 février une combinaison de bougies en trois corbeaux. Cette combinaison a dans la foulée été suivie d'une structure d'englobante baissière très significative, accompagnée de volumes loin d'être timides pour une séance rappelons-le, sans repères américains en raison d'un jour férié. La dernière phase de fragilisation du support précité aura donc été agressive. Le pullback de vendredi aura été d'une précision chirurgicale. Une phase de haute volatilité s'ouvre. Le marubozu d'école tracé mardi 01er/03 en est une première étape.
PREVISION
Au regard des facteurs graphiques clés que nous avons identifiés, notre opinion est neutre sur l'indice CAC 40 à court terme.
On prendra soin de noter qu'un franchissement des 6760.00 points raviverait la tension à l'achat. Tandis qu'une rupture des 6385.00 points relancerait la pression vendeuse.
Le conseil BFM Bourse
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