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CAC 40

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Cac 40 : Pourquoi il faut parfois plusieurs jours pour bien apprécier des résultats d'entreprise en Bourse

samedi 27 avril 2024 à 07h00
Nombre de résultats d'entreprises du CAC 40 s'apprécient sur la durée

(BFM Bourse) - La saison des résultats bat actuellement son plein avec de nombreux groupes livrant en même temps leurs performances au premier trimestre. Plusieurs exemples récents montrent que le marché a parfois besoin de plusieurs séances voire plusieurs semaines pour capter tout l'intérêt d'une publication.

C'est toujours une période très agitée pour les marchés: la saison des résultats. En raison des obligations légales et des recommandations de l'Autorité des marchés financiers (par exemple les sociétés ne possèdent qu'un délai de trois mois pour publier un rapport financier semestriel après la clôture des comptes, et ce en plein été) le calendrier peut s'avérer très chargé.

Cette semaine plus de 20 groupes du CAC 40 ont dévoilé des résultats ou des revenus au titre du premier trimestre. C'est encore pire pour les résultats semestriels. L'an passé, une trentaine de sociétés du CAC 40 et 90 membres (environ) du SBF 120 avaient publié leurs comptes du premier semestre sur la dernière semaine de juillet.

Pas évident donc pour les investisseurs de suivre toutes les annonces des sociétés. Surtout que plusieurs exemples montrent qu'une publication d'une entreprise cotée s'apprécie parfois non pas sur une séance mais sur plusieurs jours voire semaines.

Cela tient au fait que les analystes, lors d'une publication, écrivent souvent un "first take", c'est-à-dire un premier jet, parfois sommaire, pour décortiquer ces résultats. Il peut leur falloir ensuite plusieurs jours pour réévaluer leur modèle, leurs projections et changer éventuellement leur opinion sur la société.

Une hausse en deux temps pour le numéro un du chocolat

Citons l'exemple récent de Barry Callebaut, le numéro un mondial suisse du cacao et du chocolat. Cette société ne vend pas directement des produits aux consommateurs, mais fournit du cacao et des chocolats aux grands groupes agroalimentaires, aux pâtissiers, aux restaurateurs, traiteurs ou encore aux fabricants de boissons chocolatées.

L'envolée des cours récents du cacao (ils ont été multipliés par trois depuis le début de l'année), se traduit mécaniquement par une hausse des revenus de la société puisqu'elle doit répercuter l'inflation de la matière première. Mais cette flambée est loin de constituer une panacée pour Barry Callebaut, car elle créé des pressions tant sur les volumes que sur le besoin en fonds de roulement (soit pour simplifier à l'extrême le cash nécessaire pour faire tourner l'activité).

Mais le 10 avril dernier, le groupe avait réussi à publier une hausse de ses volumes au premier semestre (+0,7%) et surtout au deuxième trimestre (+1%). L'action s'est envolée de 11% à la Bourse de Zurich.

Quelques jours, plus tard, le 16 avril, le titre a repris 6,7%. Entre temps les analystes ont davantage digéré les annonces du chocolatier. Et ont révisé leur opinion. UBS a abandonné son conseil à "vendre" passant à "neutre", jugeant que le pire était passé en termes d'absorption de cash due à l'envolée des prix de la fève de cacao. Stifel a décidé, le même jour, de relever son conseil à "l'achat" contre "conserver", la banque se déclarant surprise par les volumes en hausse de la société. Ce qui l'a aidé à se montrer plus positive pour les perspectives de moyen terme.

Des résultats de Renault qui convainquent sur la durée

Parfois il faut plus de temps. L'action Renault avait bien progressé à la suite de la publication de ses résultats (+6,5%) marqués par une génération de trésorerie nettement plus forte qu'attendu. Mais le titre avait rétrocédé ensuite une grande partie de ses gains la séance suivante (-4,7%). Sauf que Renault a, après, connu un rallye boursier très prononcé, avec une hausse de plus de 40% depuis la mi-février.

Nombre de bureaux d'études ont, dans l'intervalle, relevé leurs cibles sur l'action, ou même leurs recommandations. C'est le cas de Barclays, début avril, qui est passé à "surpondérer". Parmi les raisons invoquées pour justifier son regain d'optimisme, l'établissement britannique a cité la génération de cash, comme publiée par le groupe lors de ses résultats annuels, qui ont apaisé ses craintes sur le bilan financier de Renault.

Morgan Stanley, pour sa part, a relevé son objectif de cours à 59 euros (contre une action actuellement autour de 47 euros), le 10 avril, citant (entre autres) le retour en termes de cash de la société et l'exécution robuste de la société, comme elle l'a démontré lors des résultats annuels. "Les fruits de cette exécution deviennent plus visibles aujourd'hui avec l'accélération des retours de trésorerie, l'amélioration de la santé du bilan et l'augmentation des marges du groupe à des niveaux historiques", soulignait-elle.

Le cas particulier de Forvia

Parfois, le marché a même du mal à décortiquer une publication et des réactions violentes peuvent survenir. Le cas de Forvia, équipementier automobile né du rachat de l'allemand Hella par le français Faurecia, l'illustre bien.

Le groupe avait publié, en février, des résultats supérieurs aux attentes. Après une première réaction nettement positive, l'action s'est retournée en cours de séance et a lâché ensuite près de 20% sur deux séances.

Comme le notait Deutsche Bank, le marché s'est interrogé sur la qualité de l'amélioration du besoin en fonds de roulement, redoutant que cette variation cache un loup. Quand bien même rien ne l'indiquait en l'état. La direction a dû tenir une conférence avec des analystes deux jours plus tard pour éclaircir plusieurs points. Notamment le fait que l'affacturage inversé, un mécanisme permettant à ses fournisseurs de recevoir immédiatement le paiement d'une facture via un tiers (le "facteur" qui encaisse lui plus tard l'argent), était bien inscrit dans son bilan et ne constituait que 10% de sa dette fournisseurs.

L'éclairage apporté par la direction a ensuite permis d'atténuer en partie ces craintes, l'action reprenant 9%. Stifel avait loué une intervention "bienvenue". "La direction de Forvia a corrigé toutes les interprétations erronées et les inexactitudes qui ont circulé" deux jours plus tôt, avait apprécié le bureau d'études. UBS est ensuite passée à l'achat sur l'action, pointant des peurs injustifiées sur le désendettement de Forvia.

Signe que les inquiétudes ont pu être exagérées après la publication des résultats annuels, l'action Forvia a bondi de près de 8% le 18 avril dernier, après une activité encourageante au premier trimestre, mais pas fortement au-dessus des attentes.

La réaction de marché sur un jour, un thermomètre imparfait

Plus largement, comme nous l'expliquons régulièrement lors de nos articles consacrés aux groupes qui réussissent le mieux les saisons des résultats, la réaction du marché sur la seule séance suivant une publication constitue un thermomètre intéressant mais parfois parcellaire et incomplet.

Notamment parce que les conditions de marché le jour "j" peuvent gonfler ou au contraire grandement réduire le mérite de cette réaction boursière. En 2023, Dassault Systèmes, avait bondi de 12% à la suite de la publication ses résultats annuels 2022. Mais ce bond s'était inscrit dans une séance où les valeurs technologiques étaient très bien orientées, en raison notamment d'anticipations de taux plus faibles de la Réserve fédérale américaine.

A contrario, lors des résultats du premier semestre 2023, Stellantis n'avait gagné "que" 2,7%, une hausse qui aurait pu être bien plus forte si le marché dans son ensemble n'avait pas corrigé (le CAC 40 avait perdu 1,35%) le même jour. D'ailleurs l'action prendra 5,3% le lendemain à la faveur de commentaires positifs d'analystes et encore 2,4% la séance suivante, montrant que le titre en avait encore sous le capot.

Il arrive également que la réaction de marché soit faussée par des facteurs extérieurs. Il y a un an, Renault (encore une fois) avait publié une activité satisfaisante au titre du premier trimestre. Mais l'action avait chuté dans la foulée, non pas en raison de la publication, mais de l'annonce par Tesla dans la nuit de baisses de prix qui avaient suscité des craintes quant à la vulnérabilité du groupe aux coupes tarifaires du constructeur californien.

Notons enfin que les difficultés de compréhension des analystes et stratégistes ne se limitent pas au marchés actions. Cela fait maintenant des semaines que les différentes banques (Goldman Sachs, UBS) réfléchissent aux potentielles explications du bond du cours de l'or, qui malmène les fondamentaux économiques traditionnels censés influencer le prix du métal précieux.

Julien Marion - ©2025 BFM Bourse
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