(BFM Bourse) - Le CAC 40 boucle la première séance de la semaine sur un recul de 0,33% à 5.310 points, les investisseurs faisant de nouveau preuve de prudence face à l'escalade des tensions à Hong Kong et à la crise politique italienne, alors que les négociations commerciales sino-américaines sont toujours au point mort.
La Bourse de Paris a démarré la semaine sur une ouverture en nette hausse (de près de 1%) lundi, avant de subitement plonger en territoire négatif à partir de 10h puis de passer le reste de la séance dans le rouge. À la clôture, le baromètre de la place parisienne affiche un repli de 0,33% à 5.310,31 points, dans un volume d'échanges faible de 2,45 milliards d'euros et après avoir lâché 1,11% vendredi dernier.
"Les indices européens devraient ouvrir sans réelle tendance ce matin regardant avec inquiétude la décomposition du gouvernement italien et l’effondrement des rendements gouvernementaux dans la majeure partie des pays du globe" anticipaient les experts de Mirabaud Securities Genève dans leur note matinale. Ces derniers ajoutaient que "si les investisseurs se sont habitués aux chocs politiques ces dernières années (Brexit, montée du populisme, élection de Donald Trump), il est probable que cette énième tension politique italienne aura un impact (...) sur plusieurs actifs financiers en zone euro et pourrait inciter la BCE à intervenir le plus rapidement possible".
L'Italie, Hong Kong et la guerre commerciale
En Italie, la chef de file du Parti démocrate (centre gauche) au Sénat a rappelé lundi que seul le président de la République Sergio Mattarella disposait du pouvoir constitutionnel de dissoudre le parlement italien. Andrea Marcucci a estimé que le ministre de l'Intérieur Matteo Salvini, qui a ouvert une crise politique en Italie dans l'espoir de provoquer des élections anticipées, devait démissionner de ses fonctions. Le chef de la Ligue (parti d'extrême droite) a en effet réclamé jeudi dernier des élections anticipées, l'objectif de l'homme fort de l'actuel gouvernement italien étant de faire monter la pression pour obtenir le vote d'une motion de censure contre ce même gouvernement, au plus tard le 20 août. Matteo Salvini entend profiter de sa cote de popularité actuelle qui le créditent de 36 à 38% des intentions de vote pour prendre le pouvoir par les urnes.Sur l'autre dossier qui préoccupe les investisseurs, la guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine prend de plus en plus des allures d'impasse commerciale, tant les différends semblent profonds entre les deux plus grandes puissances économiques mondiales. Vendredi, Donald Trump a ainsi de nouveau averti que les États-Unis n'étaient "pas prêts" à conclure un accord commercial avec la Chine, allant jusqu'à évoquer une possible annulation du prochain round de négociations, prévu en septembre à Washington.
Et à ces préoccupations lancinantes s'ajoutent lundi les troubles à Hong Kong, où l'aéroport -le 8e le plus fréquenté au monde avec 74 millions de passagers en 2018- a pris lundi la décision rarissime d'annuler tous ses vols après que des milliers de manifestants eurent envahi le hall des arrivées pour protester contre les violences policières et la répression du gouvernement chinois. En réaction à cette manifestation pacifique qui réclame la démission de Carrie Lam, la cheffe du gouvernement local pro-Pékin, le gouvernement chinois a musclé son discours, affirmant voir dans ce mouvement "des signes de terrorisme", ce qui fait craindre une nouvelle escalade des tensions.
La Bourse de Buenos Aires lâche plus de 30%
À l'international toujours, la Bourse de Buenos Aires -l'indice "Merval" a plongé lundi de plus de 10% à l'ouverture, au lendemain de la défaite cinglante et inattendue du président libéral sortant, Mauricio Macri face au péroniste de centre-gauche et ex-chef du gouvernement Alberto Fernandez, aux primaires considérées comme une répétition générale de la présidentielle d'octobre. Le Merval a par la suite lourdement creusé ses pertes au cours de la matinée pour afficher un plongeon de 31,6% (!) vers 18h (13h heure locale).
Wall Street ouvre en baisse
La Bourse de New York reculait à l'ouverture lundi, toujours lestée par les craintes de l'impact des actuelles tensions sino-américaines sur la croissance mondiale. Vers 18h10, son indice vedette, le Dow Jones Industrial Average, perdait 1%. Le Nasdaq, à dominante technologique, cédait 0,6%, le S&P 0,8%.À Paris, le luxe et les bancaires reculent
Givenchy, Coach et Versace ont dû présenter des excuses pour avoir mis en vente des t-shirts accusés d'affront à la souveraineté de la Chine en laissant supposer que Taïwan et Hong Kong ne feraient pas partie de l'empire du Milieu. La marque italienne s'est retrouvée dans le collimateur dimanche pour un t-shirt qui représente une liste de villes suivies du nom de leur pays, par exemple "Paris - FRANCE" et "Shanghai - CHINA". Malencontreusement, la mention "Hong Kong" est suivie de "HONG KONG" en majuscules, alors que l'ancienne colonie britannique est revenue dans le giron chinois depuis... 1997. Lundi, le Français Givenchy -marque appartenant à LVMH- et l'Américain Coach étaient à leur tour dans le viseur pour des affronts similaires: des t-shirts pouvant laisser croire que Hong Kong, mais aussi Taïwan, seraient des territoires indépendants, alors que Pékin continue de revendiquer sa souveraineté sur l'île gouvernée séparément depuis 1949. Conséquence, à la clôture, le titre LVMH -2e plus grosse pondération au sein du CAC 40- lâchait 2,1%, entraînant les autres grands noms du secteur dans son sillage (-1,3% pour Kering, -0,5% pour Hermès).
Après une ouverture en hausse, les valeurs bancaires se sont également retournées, le secteur financier étant le plus affecté par le mouvement général de baisse avec la perspective d'un ralentissement de l'activité et le mouvement de baisse des rendements qui risque de plomber la rentabilité. À Paris, les valeurs du secteur abandonnent entre 2,2% pour Société Générale et 1,3% pour BNP Paribas (-1,8% pour Crédit Agricole).
Le groupe de conseil en technologie Altran a donné son feu vert aux conditions de son rachat par Capgemini, ont annoncé lundi les deux groupes, franchissant une nouvelle étape vers la création d'un géant français et mondial dans l'informatique. Les deux valeurs terminent proche de l'équilibre.
Sur le marché pétrolier, les cours de l'or noir ont baissé lundi matin, souffrant des tensions commerciales accrues entre la Chine et les États-Unis qui menacent la croissance mondiale, avant de tenter un timide rebond dans l'après-midi. Vers 18h15, le baril de Brent reprend 0,24% à 58,67 dollars et celui de WTI rebondit de 0,44% à 54,74 dollars.
Enfin, sur le marché des changes, la monnaie unique abandonne 0,82% face au billet vert, à 1,1213 dollar.