(BFM Bourse) - À l'issue d'une séance calquée sur celle de la veille, le marché parisien termine symboliquement dans le vert après avoir passé l'essentiel de la journée en baisse sur fond d'inquiétudes quant au déroulement des campagnes de vaccination.
On prend les mêmes et on recommence. Après une ouverture nettement dans le rouge (-0,7%) en raison des inquiétudes qui persistent sur le front sanitaire et notamment sur l'approvisionnement des pays européens en vaccins, le CAC 40 a effacé ses pertes initiales dans l'après-midi avant de basculer en territoire positif à la cloche (+0,09% à 5.952,41 points). Sans actualité majeure, le baromètre du marché parisien a ainsi repris près de 70 points par rapport à son creux journalier touché peu avant 14h (-1,02%), aidé par la nouvelle rotation sectorielle favorisée par les nouvelles tensions observées sur le marché obligataire.
Vers 16h, les "Treasuries" américains à 10 ans ont de fait connu une nouvelle poussée de fièvre, bondissant de 1,596% à 1,617% en l'espace d'une demi-heure. Ce mouvement s'est répercuté sur l'OAT français à 10 ans, entraînant un sursaut des valeurs cycliques à Paris, automobile et aéronautique en tête. Le volume de transactions resserré de 3,1 milliards d'euros signale néanmoins que les investisseurs sont peu enclins à la prise de risque, dans un marché toujours préoccupé par l'évolution de la situation sanitaire.
Si la mise au point des vaccins est arrivée beaucoup plus vite qu'on ne pouvait l'imaginer il y a un an de cela, la montée en cadence de la production de doses apparaît encore largement insuffisante face à l'ampleur des besoins. En attendant un approvisionnement plus massif, les pays commencent à se disputer les doses disponibles, ce qui n'est pas du meilleur effet. Les dirigeants de l'Union européenne doivent discuter d'un projet de durcissement des conditions d'exportations de vaccins, si AstraZeneca ne livre pas les commandes. Le Royaume-Uni propose de partager les stocks d'une future usine à construire aux Pays-Bas pour tenter d'apaiser la situation.
Aussi, selon une étude d'Euler Hermès, le retard pris par rapport à l'objectif initial de vaccination devrait atteindre sept semaines, ce qui coûterait jusqu'à 123 milliards d'euros aux économies de l'UE.
Les valeurs aéronautiques au rebond
En parallèle, l'arrivée à saturation des établissements hospitaliers dans plusieurs pays européens inquiète de plus en plus. Un durcissement des restrictions à la circulation apparaît inéluctable, à un moment où les échanges mondiaux tendent à se gripper, pénalisant déjà des secteurs de pointe comme les micro-processeurs et les composants électroniques, mais aussi des produits plus triviaux comme la pâte à papier servant à fabriquer le papier hygiénique... La cerise sur le gâteau étant l'échouement de l'Ever Given dans la canal de Suez, bloquant purement et simplement l'un des principaux axes de transit de marchandises du monde.
En souffrance à la mi-journée sur fond d'inquiétudes vis-à-vis de la reprise économique, certaines valeurs cycliques ont repris du poil de la bête en fin de séance. C'est le cas du compartiment aéronautique, avec des gains de 0,5% pour Airbus ou 0,2% pour Thales, deux valeurs qui lâchaient plus de 1% à 13h. Le secteur automobile était également recherché, notamment Stellantis (+1,6%) et Michelin (+2,1%). Malgré la remontée des rendements souverains et une vague de relèvements d'objectifs de Jefferies les valeurs bancaires ne sont en revanche pas parvenues à effacer leurs pertes matinales (-1,2% pour Société Générale, -0,7% pour BNP, -0,2% pour Crédit Agricole).
Maurice Lévy va rempiler chez Publicis
Le titre Publicis s'est distingué en s'adjugeant la meilleure au sein de l'indice vedette (+3,2%), dans la perspective de la prolongation du mandat de Maurice Lévy à la présidence du groupe, formant avec le directeur général Arthur Sadoun un tandem apprécié des investisseurs. L'annonce du rachat du brésilien Grupo BIG (et le caractère défensif de son métier) continuent à porter Carrefour, dans le vert pour la troisième séance d'affilée (+1,2%).
Parmi les midcaps, l'ex-Maisons France Confort, désormais Hexaom a réussi a améliorer sa rentabilité en 2020 et va reprendre le versement d'un dividende. Le groupe vise une nouvelle croissance de son activité cette année, qui devrait permettre d'approcher pour la première fois la barre du milliard d'euros de chiffre d'affaires. L'action décolle de 8,7%, à un plus haut depuis septembre 2018. Dans le vert toute la séance en réaction à sa solide publication annuelle, le spécialiste de l'ameublement haut de gamme Roche Bobois cède finalement 0,5% en clôture.
Aubay s'adjuge 11,1%, tandis que l'entreprise de services du numérique compte verser un total de 0,66 euro par action au titre de 2020 en ayant réussi à maintenir quasi inchangé son bénéfice net l'an dernier.
De son côté le groupe Sandro, Maje et Claudie Pierlot avait publié mercredi avant Bourse des résultats 2020 dans le rouge, mais cependant moins dégradés que redouté grâce à un strict contrôle des coûts. Après avoir gagné 3,6% mercredi, le titre SMCP garde le cap et ajoute 1% supplémentaire.
Sur le marché pétrolier, la flambée de la veille se corrige brutalement avec un repli de 3,99% à 61,84 dollars dollars pour le Brent (-4,71% à 58,30 dollars pour le WTI) vers 18h20. Enfin, sur le Forex, la monnaie unique repasse sous le seuil des 1,18 dollar pour la première fois depuis mi-novembre dernier, avec un nouveau repli de 0,33% à 1,1775 dollar. Dans le même temps, le bitcoin corrige également, s'échangeant autour de 51.000 dollars.