(BFM Bourse) - L'actualité des entreprises s'est faite particulièrement silencieuse jeudi. Malgré des indicateurs économiques encourageants en Europe, le marché parisien a fini au plus bas de la séance, contrarié par la prudence de Wall Street.
Au lendemain d'un joli rebond de 1,7%, la Bourse de Paris a rétrocédé 0,87% à 5388,25 points jeudi, dans un maigre volume d'échanges de 2,62 milliards d'euros, bouclant ainsi au plus bas de la séance. L'attentisme avant une nouvelle intervention du président de la Réserve fédérale des Etats-Unis et des chiffres mitigés relatifs à l'économie américaine ont pesé sur la tendance surtout en fin de journée. Wall Street s'est d'ailleurs retourné, après une ouverture en nette progression, soit un repli de 0,3% pour l'indice phare S&P 500 et de 0,65% pour le Nasdaq au moment de la clôture en Europe, le Dow Jones limitant parallèlement son repli à -0,05%.
Les "minutes" de la Fed (le procès-verbal de sa dernière réunion) "n’ont pas apporté un véritable éclairage aux interrogations économiques du moment" jugent les experts de Mirabaud Securities, de sorte que les opérateurs attendent surtout d'éventuels éclaircissements que Jerome Powell pourrait apporter lors du symposium de Jackson Hole.
La Fed garde "ses options ouvertes"
Selon les "minutes", la banque centrale estime que si la faible croissance mondiale et les tensions commerciales risquent de ralentir l'économie américaine, elle doit garder "ses options ouvertes" sur l'évolution des taux et ne pas faire penser que ceux-ci sont "sur une voie toute tracée". Pour rappel, la Réserve fédérale américaine avait baissé les taux d'un quart de point de pourcentage (0,25%) pour la première fois depuis 2008 lors de sa dernière réunion monétaire du 31 juillet, affirmant prendre une "assurance" sur l'avenir face aux incertitudes qui pèsent sur l'économie mondiale. Selon le baromètre FedWatch de CME Group, les marchés estiment à 97,3% la probabilité d'une baisse de taux de 25 points de base en septembre. Ils n'estiment plus qu'à 2,7% la probabilité que la Fed opte pour une baisse d'un demi-point, contre plus de 30% il y a une semaine.
Par ailleurs, la cote des actions US a aussi pâti d'une nouvelle inversion du niveau des taux courts et longs (le bon du Trésor US à 2 ans se mettant à rapporter davantage que celui à 10 ans, signal supposé de récession prochaine), et de la publication d'un indice PMI d'IHS Markit montrant une contraction de l'activité manufacturière et un ralentissement de la croissance dans les services.
À noter qu'au contraire les premiers résultats des enquêtes mensuelles de Markit pour l'Europe, en matinée, ont révélé des bonnes surprises en France et en Allemagne, avec des croissances supérieures aux projections dans ces locomotives de la zone euro.
Le luxe plombe le CAC 40
En cette période encore estivale, l'actualité des valeurs s'est faite encore plus mince qu'au cours des dernières séances. Au sein du baromètre du marché parisien, les valeurs du luxe ont particulièrement pesé (-2,2%% pour LVMH et Rémy Cointreau, -1,9% pour Kering et -1,7% pour Hermès). Ces valeurs avaient il est vrai nettement avancé la veille (+3,8% pour LVMH et +2,% pour Hermès notamment) dans le sillage des bons résultats du fabricant danois de bijoux Pandora. La pondération du luxe (premier secteur au sein du CAC 40 désormais) n'a donc pas peu contribué au repli de l'indice vedette du marché parisien ce jeudi.
De l'autre côté du palmarès, Société Générale s'est offert la plus forte hausse de l'indice (+2,1%) sur des rumeurs suggérant une volonté d'accentuer la restructuration en cours, et une possible cession de sa filiale de gestion d'actifs Lyxor en vue de récupérer du cash. De son côté BNP Paribas (+0,8%) envisagerait de réduire de 500 postes les effectifs de BNP Paribas Securities Services, qui offre des services dédiés aux investisseurs institutionnels.
Renault poursuit son rebond
Renault (+1,2%) a amplifié son rebond de la veille provoqué par des informations de la presse italienne selon lesquelles les négociations pourraient reprendre entre le constructeur français et FCA en vue d'une fusion.
Soutenu par une note optimiste de Midcap Partners, rappelant le niveau soutenu de l'activité des tour-opérateurs français cet été, le titre Voyageurs du Monde parmi les plus petites valeurs de la cote a brillé tout au long de la séance (jusqu'à plus de 3% de gains), mais réduit son avance en clôture à moins de 0,5%.
S'interrogeant sur le niveau de l'offre sur le marché pétrolier, dans le sillage de la publication mercredi d'une baisse nettement moins marquée que prévue des stocks de brut aux États-Unis lors de la semaine achevée le 16 août dernier (-2,7 millions de barils, alors qu'une contraction plus forte était anticipée après que ces stocks aient augmenté les semaines précédentes), les opérateurs prennent quelques bénéfices sur l'or noir. Le contrat à terme sur le WTI américain perd 0,72% à 55,28 dollars, tandis que celui sur le Brent européen recule de 0,75% à 59,85 dollars.
Enfin, le taux de change entre l'euro/dollar demeure, comme depuis le début de la semaine, très peu changé à 1,1086. La phase de stabilisation de ces derniers jours intervient alors que la monnaie unique a perdu plus de 10% de sa valeur en un an et demi face au billet vert (à la fureur de Donald Trump qui accuse d'un côté la BCE de faire pression sur l'euro, de l'autre la Fed de ne pas baisser ses taux assez vite).