(BFM Bourse) - Au lendemain d'une séance dynamisée par les annonces sur un potentiel traitement contre le Covid-19 et la détermination affiché par la Fed pour soutenir l'économie, la Bourse de Paris attend désormais la réunion de la BCE et les nouveaux chiffres de l'emploi US.
Les indicateurs macroéconomiques alarmants semblent largement éclipsés parr l'annonce de résultats encourageants sur le front de la pandémie ainsi que par le soutien sans faille des banques centrales. L'information selon laquelle l’antiviral expérimental remdesivir (qui pourrait être approuvé dès aujourd’hui par la FDA) développé par la biotech californienne Gilead Sciences a permis d'accélérer le rétablissements de patients atteints du Covid-19 a suscité l'espoir mercredi à Wall Street. Toutefois, après trois séances consécutives dans le vert, le CAC 40 après une nouvelle progression en matinée redonne un peu de terrain, à 4655,70 points (-0,33%) en début d'après-midi. Déjà 1,2 milliard d'euros ont été échangés, témoignant d'un regain d'activité par rapport au début de semaine, malgré l'accumulation d'indicateurs économiques historiquement bas.
La contraction de l'activité française au premier trimestre était attendue, elle est d'une ampleur inédite sur la période d'après-guerre. Le PIB a plongé de 5,8% par rapport au trimestre précédent, ce qui correspond au repli le plus important "dans l’historique des évaluations trimestrielles du PIB débutées en 1949" selon les données de l'Insee. Ce chiffre ressort ainsi nettement au-dessus de la contraction de 5,3% enregistrée au deuxième trimestre 1968, quand les grandes grèves avaient paralysé le pays. Elle intervient en outre alors que l’Allemagne s’attend, "à vivre la pire récession" de l’histoire de la république fédérale (créée en 1990) et que l’Espagne voit son PIB s’effondrer de 5,2% au premier trimestre. Les Etats-Unis, eux, ont annoncé un recul de 4,8% en rythme annualisé sur les trois premiers mois de l'année, mettant ainsi un terme à dix années de croissance.
Ce flot de mauvaises nouvelles est cependant atténué par l'annonce de résultats encourageants par le laboratoire Gilead contre le Covid-19 qui a déjà fait plus de 227.000 morts à travers le monde, même si les experts préviennent qu'il faut attendre la publication des résultats complets de l'essai mené sous l'égide de l'institut national des allergies et maladies infectieuses des Etats-Unis.
La détermination affichée par la Fed alimente également l'optimisme des investisseurs. L'institution monétaire a en effet promis, mercredi, à l'issue d'une réunion de deux jours, de faire "tout ce qu'elle pourrait pour sauver l'économie américaine", appelée à plonger dans les mois à venir. Aujourd'hui, c'est "la BCE qui est le rendez-vous le plus important de la journée. L'institution francfortoise ne devrait pas toucher aux taux directeurs (comme la Fed), mais certains observateurs espèrent de nouvelles mesures afin de contrecarrer les hésitations des dirigeants européens sur le plan de relance", note le stratégiste du courtier Aurel BGC Tangi Le Liboux.
Airbus rebondit, Valneva flambe
Côté valeurs, les publications continuaient à se suivre en ordre serré. Et certains compartiments, éprouvés par la crise, en profitent pour effectuer une remontée spectaculaire. C'est notamment le cas des valeurs aéronautiques, qui profitent à la fois de publications légèrement meilleures qu'anticipé et du soutien affiché par le ministre de l'Économie Bruno Le Maire. Comme la veille, Airbus s'installe donc au sommet du palmarès de l'indice phare avec un gain de 3,8%. Safran reprend 2,1% après avoir fait état d'un chiffre d'affaires en baisse de 6,9% au premier trimestre.A l'autre extrémité, Société Générale perd 5,8% à 12h40. La première banque tricolore a annoncé une perte de 326 millions d'euros, plombée par sa banque de financement et d'investissement, ainsi que des provisions de plus de 550 millions d'euros pour faire face au coronavirus et à "deux dossiers exceptionnels de fraudes". Dans son sillage, Crédit Agricole (-3,3%) et BNP Paribas souffrent (-3%), quelques jours avant leur publication (respectivement mercredi et mardi prochain).
Une fois n'est pas coutume, les meilleures performances de la cote parisienne sont à mettre à l'actif du compartiment biotechnologique. Valneva bondit de 29% à l'annonce d'un accord majeur avec Pfizer, le géant américain ayant acquis les droits de développement et commercialisation du vaccin expérimental contre la maladie de Lyme mis au point par la firme nantaise, contre un paiement initial de 130 millions d'euros, pouvant grimper jusqu'à 308 millions d'euros. Toujours dans les sciences de la vie, Genomic Vision prend 22% et Genkyotex 11%.
Le pétrole poursuit sa "remontée"
Les cours des références mondiales de brut poursuivent leur rebond -mais restent à des niveaux historiquement bas- au lendemain de statistiques montrant une augmentation des stocks américains moins inquiétante que prévu et grâce à des signes d'une baisse de production bienvenue. Plus gros producteur d'hydrocarbures d'Europe de l'Ouest, la Norvège a annoncé mercredi une réduction de sa production de pétrole jusqu'à la fin de l'année. Comme les marchés actions, c'est néanmoins l'annonce de Gilead qui constitue le principal catalyseur du marché pétrolier. Stephen Innes, d'Axicorp, a relevé une "nouvelle incroyablement positive pour le marché pétrolier mondial puisqu'elle laisse entrevoir une reprise plus rapide de la demande mondiale". À 12h50, le baril de WTI reprend 16,25% à 17,50 dollars quand celui de Brent du Nord gagne 8,71% à 26,34 dollars, au plus haut depuis 10 jours.Enfin, sur le marché des changes, la parité eurodollar est stable à 1,0877.