(BFM Bourse) - Les opérateurs peinent à retrouver véritablement de l'appétit pour le risque, de part et d'autre de l'Atlantique. Le mouvement de reprise généralisé esquissé en matinée s'est réduit comme peau de chagrin en fin de séance sur le marché parisien.
Resté sur une séquence baissière de quatre séances au cours desquelles il a lâché près de 6%, le marché parisien n'a finalement que maigrement rebondi mercredi. Initialement rasséréné par le retour à meilleure fortune des géants technologiques américains mardi en clôture, le CAC 40 a largement réduit son avance alors que Wall Street s'orientait à la baisse. Gagnant près de 2% en séance, l'indice tricolore n'a repris que 0,62% à la cloche, à 4.802,26 points, dans un volume ramené à 2,9 milliards d'euros.
Au moment de la clôture européenne, le Dow Jones cédait pour sa part près de 0,3%, le S&P 500 0,7% et le Nasdaq retombait de plus de 1,2%, les opérateurs se montrant à nouveau incapables de maintenir un état d'esprit acheteur malgré des cours redevenus potentiellement plus attractifs. De grands noms de la tech continuaient ainsi à corriger, à commencer par Tesla dont le très attendu Battery Day n'a pas exaucé les attentes, entraînant un repli de 8,9%.
"Il n'y a pas fort enthousiasme" à l'idée d'effacer la majorité des pertes concédées lundi, où le CAC 40 avait chuté de 3,74%, comme l'observait en séance Tangi Le Liboux, analyste du courtier Aurel BGC. D'autant plus que les baromètres d'activité PMI du secteur privé ont rechuté en septembre en France. L'indice flash composite de l'activité globale s'est replié à 48,5 points, contre 51,6 points en août, un chiffre en dessous de 50 indiquant une contraction de l'activité et au-dessus de 50 une expansion. C'est le signe de "nouvelles perturbations relatives à la pandémie de Covid-19", précise le cabinet IHS Markit qui calcule ce baromètre, jusqu'ici sur une série de quatre hausses consécutives. À l'échelon de la zone euro, le PMI du mois courant redescend à 50,1, contre 51,9 en août, indiquant que l'activité ne progresse qu'à peine.
"On s'attendait de notre côté à une décélération. Donc on n'a pas été tant surpris que ça par rapport au marché", juge ce mercredi dans l'émission BFM Bourse François Cabau, chef économiste France chez Barclays. Mais "on a un double problème qui est devant nous, qui est à la fois la résurgence des mesures de restrictions liées au Covid-19. (...) Et en même temps, j'ai aussi l'impression qu'il y a (un problème) de confiance plus généralisé sur la capacité des gouvernements à mettre en place des politiques qui vont fonctionner", ajoute-t-il.
En effet le contexte sanitaire continue de peser sur le moral des opérateurs. Des confinements locaux et partiels ont d'ailleurs (re)commencé dans des régions en Espagne ou au Royaume-Uni, et le Premier ministre anglais Boris Johnson a présenté mardi de nouvelles mesures de restriction qui incluent la fermeture des pubs et des restaurants dès 22h. Face à cela, "la perception croissante du marché est que les banques centrales ont déjà fait leur maximum et qu'en cas de crise sanitaire plus aiguë, on voit mal quel levier pourrait être actionné pour soutenir l'activité économique" s'inquiètent les économistes de Saxo Bank.
Unibail plonge encore
Alors que l'intégralité des valeurs de l'échantillon principal évoluaient dans le vert à la mi-journée, plus du tiers ont terminé en repli. Les titres qui tentaient de rebondir après la punition des dernières séances ont même souvent été les plus pénalisés, à l'image d'Unibail-Rodamco-Westfield (encore -4,2%). De même le rebond des valeurs aéronautiques (-3,6% finalement sur Safran, -0,9% sur Airbus) et des bancaires (-2,4% pour BNP, -1,2% pour Société Générale) a été tué dans l'oeuf. A contrario le secteur automobile est parvenu à conserver son avance. Renault en particulier (+3,4%) dans le sillage du relèvement de l'objectif d'Exane sur le titre aujourd'hui, au lendemain du relèvement du conseil d'AlphaValue.
L'actualité des entreprises reste morne, alors que le marché se trouve dans un entre-deux - les grands rendez-vous de politique monétaire sont terminés et la nouvelle saison de résultats trimestriels ne débutera que d'ici deux semaines.
Suez dénonce "la casse sociale"
Le bras de fer continue entre Suez (-0,33%) et Veolia (+0,6%) sur la tentative de rachat du premier par le second. Suez dénonce "la casse sociale" que représenterait l'opération de son point de vue, en entraînant le licenciement de 10.000 personnes dans le monde, un chiffre que conteste Veolia qui se dit prêt, par ailleurs, à discuter avec Engie sur son offre, y compris le prix.
Après un début de séance en hausse, le groupe de maisons de retraite et de cliniques privées Orpea a finalement flanché de 4,9% après la publication de ses résultats et l'annonce de l'acquisition d'un bloc de 50% du capital du quatrième exploitant national de maisons de retraite en Irlande, Brindley Healthcare.
En revanche, Mauna Kea a brillé (+12%) à la suite de l'annonce de ses performances commerciales à fin juin, tandis qu'Alten a progressé de 9,5% après la publication de ses comptes semestriels.
L'euro poursuit son repli
Les cours pétroliers reprennent un peu de hauteur, alors que les chiffres officiels de l'AEI ce mercredi ayant contredit ceux de l'American Petroleum Institute la veille, en faisant état d'une diminution du niveau des stocks stratégiques au cours de la semaine écoulé. Or, ce sont plutôt les chiffres de l'Agence américaine d'information sur l'Energie (EIA) qui font foi. Le baril de Brent regagnait ainsi 0,58% à 41,96 dollars et celui du WTI prenait 0,55% à 40,02 dollars.
Sur le Forex, la monnaie unique reste pénalisée par la perspective d'une deuxième vague épidémique sur le Vieux continent et lâche encore 0,3% à 1,1674 dollar, du jamais-vu depuis juillet.