(BFM Bourse) - Après avoir momentanément tangué en milieu d'après-midi après l'annonce par Pékin d'une fermeture des écoles face à de nouveaux foyers de coronavirus, le marché parisien a terminé la séance en hausse de 2,84%. Les dernières annonces de la Fed, auxquelles s'ajoutent des rumeurs d'un plan d'infrastructures à 1.000 milliards de dollars, nourrissent le regain d'aversion au risque des opérateurs, malgré les nouvelles en provenance de Chine et certaines tensions internationales.
Portée par l'espoir d'un plan américain massif en faveur d'une rénovation des infrastructures et par l'annonce d'achats de titres de dette d'entreprises par la Fed lundi, la Bourse de Paris a complètement renversé la spirale baissière dans laquelle la crainte d'une deuxième vague de Covid-19 l'avait entraînée. Après avoir démarré la semaine en repli de 3% lundi matin, le CAC 40 était déjà parvenu à limiter ses pertes hier à la clôture (-0,49%) avant de repartir nettement de l'avant mardi, bouclant la séance sur un gain de 2,84% à 4.952,46 points. Le volume de transactions plus nourri que la veille, à 4,4 milliards d'euros, témoigne du regain d'appétit pour le risque des opérateurs, décidément convaincus du soutien sans faille des banques centrales.
Il faut dire que plusieurs éléments amènent les investisseurs à relativiser les craintes récentes. Sur le plan sanitaire, Hervé Goulletquer, stratégiste chez La Banque Postale Asset Management, pointe un double constat sur les USA et la Chine. D'abord, il n'est pas vraiment fondé d'évoquer un risque de deuxième vague aux Etats-Unis... dans la mesure où la première n'est pas vraiment passée (la baisse du nombre de nouveaux cas n'a jamais dépassé 30% par rapport au niveau maximum observé). Pour la Chine, si quelques nouveaux foyers apparaissent, ce n'est pas pour autant une reprise nette de la maladie (la croissance journalière des nouveaux cas atteint seulement 0,1% après plus de deux mois de stabilité).
La deuxième vague se précise à Pékin
Les craintes sont néanmoins réapparues à l'annonce, par Pékin, d'une nouvelle fermeture de toutes les écoles de la ville pour cause de résurgence du virus. La capitale chinoise exhorte par ailleurs ses habitants à ne pas quitter la ville, alors que la situation épidémique locale est "extrêmement grave", avait averti, plus tôt dans la journée, un porte-parole de la mairie. Le bilan au cours des cinq derniers jours dans la capitale chinoise est passé à 106 contaminations.Si les nouvelles peu réjouissantes en provenance de Pékin ont brièvement fait tanguer les principaux indices new-yorkais qui avaient ouvert en très nette hausse, ils affichent toujours des gains importants en fin de matinée. À 18h10, le Dow avance de 1,6%, le S&P de 1,4% et le Nasdaq de 1,3%. En parallèle, l'annonce que l'étude britannique Recovery avait permis de mettre en évidence un effet thérapeutique significatif contre le Covid-19 d'une molécule générique, la dexaméthasone, a aussi contre-balancé l'annonce de la dégradation de la situation sanitaire à Pékin.
Wall Street reste surtout porté par la Fed, qui a une nouvelle fois rappelé lundi qu'il n'était jamais bon d'essayer de se mettre sur le chemin d'une banque centrale lancée en pleine phase d'expansion de son bilan. L'institution dirigée par Jerome Powell a annoncé qu'elle allait élargir, dès ce mardi, son programme de rachats d'obligations d'entreprise, en s'autorisant désormais à racheter des titres hors catégorie d'investissement (jusqu'à la note BB-), en plus des obligations bien notées et des fonds cotés de créances. Du côté de l'administration américaine, des rumeurs rapportées par Bloomberg font état d'un projet d'investir jusqu'à 1.000 milliards de dollars dans des dépenses d'infrastructure, de quoi donner un coup de fouet supplémentaire à la conjoncture.
À ces deux bonnes nouvelles est venu s'ajouter un rebond surprise des ventes de détail en mai (+17,7%) par rapport au mois précédent, alors que les économistes interrogés par Reuters prévoyaient en moyenne un rebond de 8% des ventes d'un mois sur l'autre.
Les valeurs bancaires et pétrolières profitent du nouveau retournement
Du côté des valeurs parisiennes, c'est donc un nouveau coup de barre dans l'autre sens qui s'est opéré, au profit des valeurs cycliques. Avec l'aide ci et là de bureaux d'études comme chez Elior (+6,8% après le relèvement à l'achat par Citigroup), ou chez Renault (+4,1% à la suite du conseil d'achat émis par Bank of America).Le secteur bancaire a également repris du poil de la bête avec 5% de gains pour BNP Paribas ou 3% pour Société Générale. Au sein de l'indice phare, c'est néanmoins ArcelorMittal (+6,9%) et Thales (+5,8%) qui ont signé les meilleures performances de la séance.
Le cours de Rémy Cointreau a progressé de 1,9% après l'annonce de l'entrée en négociations exclusives en vue d'une prise de contrôle de la maison de champagne J. de Telmont, aujourd'hui encore aux mains des descendants du fondateur.
Tandis que le cours du Brent remonaite de 1,03% à 40,13 dollars, et que celui du baril texan WTI grignote 0,40% à 37,47 dollars, les pétrolières progressaient à l'image de CGG (+5,8%) et TechnipFMC (+7,9%), suivis par le producteur Total (+2,8%).
Le secteur des biotechs a été particulièrement animé avec une envolée de 220% en clôture pour Inventiva à la suite du succès de l'entreprise dans un essai de phase intermédiaire dans la NASH, là où Genfit avait échoué dernièrement.
MedinCell a enregistré de son côté un recul limité (-2,4%) après le succès d'un placement privé pour un montant de 15,6 millions d'euros.
Du côté des devises, le billet vert reprenait vers 18h00 un peu de terrain face à la monnaie unique, qui rétrocède 0,53% à 1,1265 dollars.