(BFM Bourse) - Le marché parisien a bondi de 2,55% lundi, regagnant d'un coup tout le terrain perdu la semaine précédente, avant une nouvelle batterie de résultats d'entreprises et les réunions de la Fed puis de la BCE, et laissant de côté le nouvel affaissement des cours pétroliers.
À l'orée d'une semaine de tous les dangers, ou de tous les espoirs, selon le paradoxe souligné par John Plassard, responsable adjoint des investissements chez Mirabaud Securities, le marché parisien a pris le parti de l'optimisme en avançant lundi de 2,55% à 4.505,26 points, regagnant ainsi tout le terrain perdu la semaine précédente.
Avec un important bémol cependant, sous forme de relative rareté des échanges avec 2,5 milliards d'euros traités seulement. Derrière la variation apparemment solide du jour, cette faiblesse des volumes montre que les opérateurs ne sont pas prêts à se précipiter à l'achat avant une série de rendez-vous majeurs. Après la Bank of Japan qui a annoncé acheter désormais sans limite des obligations, la Réserve fédérale américaine puis la Banque Centrale Européenne tiendront cette semaine leur réunion de politique monétaire, tandis que sera publiée la première estimation du PIB américain du premier trimestre, et qu'une nouvelle vague massive de publications d'entreprises est également sur les tablettes.
Dans l'attente de ces rendez-vous majeurs, le marché s'est concentré essentiellement sur les plans de relance et autres mesures de soutien à l'économie, annoncés ou en pourparlers, ainsi que sur les signaux de réouverture à venir des économies.
Les Etats-Unis se préparent à déconfiner
Sous la pression, quelques États américains s'apprêtent à rouvrir partiellement leur économie dès cette semaine. "Le redémarrage de l'activité, malgré l’avis médical, fait suite aux manifestations dans le pays pour la reprise du travail alors que l’économie américaine a détruit près de 26,5 millions d’emplois durant les dernières semaines" souligne Vincent Boy, analyste chez le courtier IG. Les investisseurs américains pariant sur l'effet des plans de relance et sur l'assouplissement du confinement, Wall Street progressait également lundi. Le Dow Jones Industrial Average gagnait 1,2%, le S&P 500 1,25% et le Nasdaq Composite 1,3% à l'heure de la clôture parisienne.
Renault et les banques soufflent, pas Airbus
Le secteur automobile a bénéficié d'une chasse aux bonnes affaires, qui a particulièrement porté Renault (+9,9%) alors que l'État français envisage de garantir un prêt bancaire d'environ 5 milliards d'euros pour aider le groupe automobile ainsi que Michelin (+6,7%).
BNP Paribas (+5,7%) en tête, le secteur bancaire a aussi rebondi significativement (+5% pour Société Générale, +4,5% pour Crédit Agricole) dans le sillage des résultats trimestriels meilleurs qu'attendu de Deutsche Bank, dont l'action a bondi de 11,2% à Francfort).
Sanofi a pris 2,7% tandis que le laboratoire pharmaceutique a obtenu des résultats extrêmement encourageants pour son anticorps cemiplimab (Libtayo) en traitement de première ligne du cancer du poumon non à petites cellules, avec une amélioration de plus de 30% du taux de survie dans cette indication à mauvais pronostic, compensant les données mitigées obtenues pour un autre traitement dans le Covid-19.
Sur le reste de la cote, le producteur de serveurs informatiques 2CRSi a confirmé une grosse commande du spécialiste du "cloud gaming" Blade, et terminé dans le haut du tableau du SRD (+21%).
Airbus en mode survie
Parmi les rares baisses de l'indice phare, le titre de l'avionneur européen Airbus a encore cédé 2,4% après avoir demandé aux 135.000 employés du groupe de se préparer à des réductions d'emplois potentiellement plus importantes qu'annoncées et averti que sa survie était en jeu sans action immédiate. Dans une lettre aux employés envoyée vendredi, le président exécutif de l'entreprise, Guillaume Faury, écrit ainsi qu'Airbus "perd de l'argent à une vitesse inédite".
Toujours dans l'aérien, Air France-KLM a limité son avance à +0,85% en clôture après l'annonce d'un accord de principe en vue d'un prêt de 7 milliards d'euros au total.
Le pétrole replonge
Après s'être très brièvement stabilisé vendredi à l'issue d'une semaine historique pour le pétrole puisqu'elle a notamment vu le cours du WTI plonger en territoire négatif pour la première fois depuis la création des contrats à terme, le cours du baril de référence aux Etats-Unis rechute lourdement lundi. Pénalisé par des infrastructures de stockage proches de leurs limites et une réponse des pays producteurs jugée insuffisante face à la chute historique de la demande, le baril de WTI lâche 27,51% à 12,28 dollars vers 17h35, quand le baril de Brent européen cède 8,63% à 22,67 dollars. Selon une note publiée dimanche par Goldman Sachs, le marché s'apprête à tester les limites des capacités de stockage dans trois semaines seulement, ce qui nécessitera un ajustement brutal de la part des producteurs.
Enfin, sur le marché des changes, la monnaie unique récupère 0,13% à 1,0837 dollar après être tombée vendredi à un plus bas en cinq semaines (jusqu'à 1,0727 dollar).