(BFM Bourse) - L'inflation aux USA a atteint en mars un niveau jamais vu depuis... décembre 1981, soit +8,5%, un chiffre toutefois proche du consensus des attentes, ce qui a permis au marché parisien de limiter sa baisse mardi.
S'inquiétant du niveau de l'inflation aux Etats-Unis, les opérateurs -alarmés notamment par les propos d'une porte-parole du gouvernement Biden- s'étaient toutefois préparés à un chiffre encore plus élevé que celui qui a finalement été dévoilé par le Bureau of Labor Statistics mardi après-midi, ce qui a permis à l'indice tricolore, en recul de presque 2% en matinée, de terminer sur un score beaucoup plus bénin de -0,28%, à 6.537,41 points.
En février, l'institut américain des statistiques avait déjà flashé l'indice des prix à la consommation (CPI) à 7,9% sur un an, soit l'inflation la plus élevée mesurée depuis janvier 1982. Pour mars, une porte-parole de la Maison-Blanche avait évoqué un niveau "extraordinairement élevé" puisque les dernières hausses liées au pétrole et au gaz seront cette fois intégrées dans le panel. Finalement, le CPI est ressorti en hausse de 8,5% sur un an le mois écoulé (plus haut depuis décembre 1981 tout de même), relativement proche des attentes. De plus, la croissance de l'indice sous-jacent (hors prix alimentaire et énergie, ou indice "core") a même ralenti par rapport au mois précédent. Ces derniers mois, la statistique avait toujours surpris à la hausse, mais ce "moins pire" ne devrait pas freiner la Fed pour autant dans la remontée de ses taux directeurs.
Par ailleurs les entreprises commencent à livrer des indications concrètes de leur performance en ce début 2022 et précisant pour certaines d'entre elles leurs perspectives en intégrant l'effet des hausses de coûts à leurs objectifs.
Poussée des taux d'intérêt
Le facteur inflationniste a deux principales conséquences. D'une part, il se traduit par une poussée constante des rendements obligataires (le rendement du bon du Trésor à dix ans évolue au plus haut depuis décembre 2018, et son équivalent allemand le Bund au plus haut depuis juillet 2015), et cela rend les actifs sans risque plus concurrentiels face notamment aux valeurs de croissance très chèrement valorisées. D'autre part, cela va être à coup sûr un point de focalisation dans le discours des entreprises, qui devront convaincre primo qu'elles sont en mesure de répercuter la hausse de leurs coûts dans leurs prix, et secundo que cela ne décourage pas les consommateurs. Le luxe est réputé pour avoir cette capacité à un degré incomparable: visiblement les investisseurs n'étaient pas trop inquiets pour LVMH qui a gagné 1,8% avant la publication de ses ventes trimestrielles (juste après la clôture). Hermès a crû de 0,9% qui surperforment (-0,1% et +0,2%) mais Kering convainc moins pour le moment (-0,65%).
Du côté de la santé, bioMérieux a fait état avant l'ouverture de sa performance commerciale au premier trimestre, qui révèle comme attendu une baisse d'activité liée à "l'endémisation" en cours du Covid (synonyme de ralentissement de la demande de tests). Le titre a perdu 5,6%.
Au sein des producteurs de matières premières, les producteurs de métaux et minerais se sont détachés, notamment Eramet (+3,5%) et ArcelorMittal (+2,3%), ainsi que les parapétrolières Maurel & Prom (+5,1%) et CGG (+7,5%) alors que le géant TotalEnergies est resté en retrait de 0,4%. Dans le même temps le cours du Brent remontait brusquement de 6,8% à 105,20 dollars en fin de journée.
Parmi les hausses notables du moment figurait la biotech Poxel (+5,3%) après une étape réglementaire aux Etats-Unis pour un projet de traitement dans les maladies rares, tandis que la société espère trouver bientôt un nécessaire nouveau financement.
Sur le marché des changes l'euro glissait de 0,29% à 1,0854 dollar.