(BFM Bourse) - Au lendemain d'un repli limité, les prises de bénéfices se font plus marquées mardi, notamment sur les valeurs cycliques grandes gagnantes du rallye des dernières semaines. Jugé décevant, le plan d'aide au secteur aéronautique entraîne un recul de l'ensemble des valeurs du compartiment.
Une pause, puis la rechute. Après avoir temporisé lundi (-0,43%) à la suite d'une semaine exceptionnelle (+10,7%), le CAC a pourtant ouvert en légère hausse mardi "dans le sillage du redémarrage progressif de l’économie new-yorkaise et de la poursuite de la rotation sectorielle des valeurs de croissance vers les valeurs values-cycliques" relevait John Plassard, responsable des investissements chez Mirabaud Securities. "Et ce malgré l’entrée en récession des États-Unis en février 2020, après 128 mois d'expansion (selon le Bureau national des études économiques, comité indépendant qui fait foi, NDLR)" ajoutait-il.
L'indice vedette de la Bourse de Paris a toutefois rapidement rétrocédé ses maigres gains matinaux, pour violemment repartir à la baisse. À 12h40, il lâche 2,01% à 5.071,85 points, dans un volume d'échanges encore particulièrement nourri, proche des 2 milliards d'euros.
Rattrapé par les statistiques économiques
Si les prévisions de la Banque Mondiale avaient déjà fait office de rappel à l'ordre lundi, l’institution tablant sur la plus forte contraction de l'économie mondiale depuis l'après-guerre en 2020 (-5,2%), les nouvelles statistiques macroéconomiques sont ressenties comme une douche froide. En Allemagne, les statistiques de la balance commerciale d'avril montrent une chute de 24% sur un an, plus marquée qu'attendu. Et en France, la Banque de France table désormais sur une contraction de 10,3% de l'économie cette année. Les taux de croissance du PIB projetés en 2021 (7%) et en 2022 (4%), bien qu'élevés, permettraient de retrouver le niveau d'activité de fin 2019 vers mi-2022 seulement. L'institution prédit en outre une hausse historique du chômage pour mi-2021 (à environ 11,5%). Seule "bonne nouvelle" de la matinée, mais d'un intérêt rétrospectif donc limité, la contraction de l'économie de la zone euro a été révisée par Eurostat de 3,8% à 3,6% sur les trois premiers mois de l'année.
"Dans l'intérêt de la Fed de calmer l'euphorie boursière"
"Tandis que Wall Street caracolait encore, les indices européens ont fait une pause hier. Les marchés sont dans l'attente des conclusions" du comité de politique monétaire de la Fed mercredi soir, estime Tangi Le Liboux, stratégiste du courtier Aurel BGC. "Si jamais le marché de l'emploi se rétablit rapidement, la Fed pourra difficilement justifier la mise en place de nouvelles mesures de soutien, mais pourrait aussi ralentir le rythme de ses injection hebdomadaires de liquidité", a-t-il ajouté. Il est donc "peut-être dans l'intérêt de la Fed de calmer l'euphorie boursière à court terme".
La Réserve fédérale a assoupli lundi les modalités du programme de prêts aux entreprises de "Main Street" (comme on appelle le tissu des PME, en opposition à Wall Street qui représente le grand capital), doté de 600 milliards de dollars et qu'elle doit mettre en oeuvre dans les jours à venir. Une décision attendue toutefois, qui ne préjuge pas de la teneur du discours qu'elle tiendra mercredi.
Prises de bénéfices sur valeurs cycliques
Sur le front des valeurs, les investisseurs encaissent donc leurs plus-values sur les titres qui ont largement rebondi au cours des deux dernières semaines, à savoir les valeurs cycliques. Plusieurs compartiments sont ainsi lourdement sanctionnés mardi, à commencer par celui des banques (-6,2% pour Société Générale, -5,7% pour Crédit Agricole, -3,8% pour BNP Paribas).
En hausse à l’ouverture, Airbus cède désormais 5,3%, Safran 3,1% et Thales 3% après la présentation par le gouvernement de son plan de soutien à la filière aéronautique. Il prévoit une enveloppe de 15 milliards d’euros, mais celle-ci intègre les 7 milliards d’aide déjà accordés à Air France-KLM, alors que le quotidien économique Les Échos évoquait hier un montant de 10 milliards hors Air France. Le plan prévoit également un soutien aux PME et aux entreprises de taille intermédiaire du secteur. Plus fragiles, ces équipementiers s'effondrent (-13% pour Figeac Aéro et Aviation Latécoère, -8,1% pour Lisi).
Seul Danone (+0,2%) se maintient dans le vert à la mi-journée au sein de l'indice phare.
Si l'actualité est toujours aussi morne du côté des poids lourds de la cote, les sociétés biotechnologiques continuent d'animer le marché parisien mardi.
En pointe dans le développement d'un traitement contre la maladie de Lyme, Valneva (+5,9%) a confirmé qu'elle allait bien recevoir 130 millions d'euros de la part de Pfizer sous forme de paiement initial, après le feu vert de l'autorité de la concurrence américaine pour le développement du projet. Sensorion (+6,9%) a pour sa part dévoilé des premières données prometteuses, issues d'une étude sur des primates, en vue de développer des thérapies géniques pour les surdités infantiles d'ordre génétique. Enfin, Eurobio (+8,2%) a annoncé avoir obtenu la validation CNR de deux nouveaux tests sérologiques Covid-19 qui viennent compléter son offre, tout en annonçant un chiffre d'affaires de 26 millions d'euros uniquement sur les produits liés au nouveau coronavirus, un chiffre supérieur aux attentes des analystes.
Du côté des matières premières, le marché pétrolier est lui aussi repassé dans le rouge après un début de séance bien orienté. Le baril de Brent cède 1,23% à 40,30 dollars vers 13h15, quand celui de WTI s'échange à 37,73 dollars (-1,20%).
Enfin, après un impressionnant "rallye", la monnaie unique rétrocède quelques gains face au billet vert (-0,15% à 1,1275 dollar).