(BFM Bourse) - En deux séances, la peur du coronavirus ramène le marché parisien à son niveau de fin octobre 2019. Au lendemain d'un "lundi noir" où le baromètre parisien a lâché près de 4%, l'indice vedette cède encore près de 2% mardi, tombant à moins de 5.700 points.
Un sursaut, puis la rechute. Alors que le CAC 40 a flanché lundi de 3,94%, sa plus forte baisse depuis le vote britannique en faveur du Brexit en juin 2016, la tentative de rebond esquissée à l'ouverture sur le marché parisien a tourné court. Déjà en repli de 1% à la mi-journée, le CAC 40 a continué à creuser ses pertes dans l'après-midi pour boucler la deuxième séance de la semaine sur une nouvelle lourde chute: -1,94% à 5.679,68 points, dans un volume encore très fourni (5,2 milliards d'euros). Le marché reste paniqué par la propagation de l'épidémie de coronavirus hors de Chine, et en particulier en Europe.
En deux séances, le CAC 40 a ainsi effacé quatre mois de hausse et renoue avec son niveau de fin octobre 2019. Nouvelle illustration de l'adage boursier selon lequel, "les marchés montent par l'escalier et redescendent avec l'ascenseur".
Le marché parisien semble également avoir négativement réagi aux propos de François Villeroy de Galhau, le gouverneur de la Banque de France ayant jugé qu'il n'y avait "actuellement pas besoin de prendre de nouvelles mesures de politique monétaire pour faire face aux conséquences de l'épidémie de coronavirus". L'épidémie aura des "conséquences négatives mais provisoires" sur l'économie, a-t-il ajouté à l'occasion d'une conférence sur la finance durable.
En Asie ce matin, le Nikkei japonais (fermé hier à l'occasion d'un jour férié) a en quelque sorte rattrapé la baisse des autres places boursières, fléchissant de 3,34%. Le Shanghai Composite a de son côté limité son repli à -0,6%. D'ailleurs, l'indice phare du marché chinois parvient à afficher en l'espace d'une semaine une progression d'environ 1,55%, à rebours des autres grands indices mondiaux. Peut-être faut-il y voir le signe d'un regain d'espoir alors que le nombre de nouveaux cas recensés (hors province de Hubei) en Chine tend à diminuer et que les autorités chinoises, notamment la banque centrale, multiplient les mesures de soutien à l'économie.
Ne pas ajouter à l'angoisse des marchés
Donald Trump a d'ailleurs pris soin d'affirmer, à la suite d'une conversation téléphonique avec son homologue Xi Jinping, que la Chine travaillait d'arrache-pied et qu'il lui apparaissant que la situation sur place revenait sous contrôle. Certes, le Washington Post affirme aussi que le président des Etats-Unis a enjoint son propre gouvernement de ne surtout rien dire ou faire vis-à-vis du coronavirus qui soit susceptible d'ajouter à l'angoisse des marchés.
À l'instar de la Bourse de Paris, Wall Street a également tenté un rebond à l'ouverture avant de se retourner brusquement. À 17h45, les trois principaux indices du marché new-yorkais cédaient encore 1,1%. La veille, le Dow avait perdu plus de 1.000 points pour la troisième fois seulement de son histoire.
Carrefour surnage
Du côté des valeurs parisiennes, l'agenda était relativement peu garni ce mardi. Au sein du CAC 40 Carrefour a pris la tête du palmarès... en s'adjugeant 0,7% après le relèvement à "surpondérer" du conseil de Morgan Stanley. Les autres recommandations notables du jour sont à retrouver ici. Le titre du distributeur était le seul avec Danone (+0,1%) à surnager au sein du CAC 40.
Alors que les laboratoires ont pris conscience de leur vulnérabilité face à une approvisionnement majoritairement en Chine pour les principes actifs chimiques, Sanofi a tenté de limiter ses pertes, (avant de finir en repli de 1,2%) après avoir détaillé son projet pour créer un nouveau leader dans le secteur de la fabrication de principes actifs.
Hors de l'indice phare, EDF a cédé 0,7% en clôture, malgré un relèvement de recommandation de Goldman Sachs passé de neutre à achat sur la valeur, estimant que l’électricien pourrait profiter de la réforme du parc nucléaire français. Le chimiste Arkema a profité pour sa part d'informations de Bloomberg selon qui le groupe français ciblé par le fonds activiste Elliott aurait engagé une revue stratégique en vue d'éventuelles cession d'actifs pour prendre 6,4% en clôture (meilleure performance du SBF 120)
La biotech Lysogene flambe
Au chapitre des biotechnologies, la vedette du jour est la société Lysogene, un des pionniers tricolores des thérapies géniques. Grâce au soutien de la FDA, qui s'est engagée à aiguiller le plus efficacement possible les démarches de l'entreprise pour homologuer un traitement expérimental d'une terrible maladie génétique, le syndrome de Sanfilippo, le titre a bondi de 43%.
Parmi les perdants, Renault a encore cédé 2,9%, au lendemain d'une chute de 6,6%.
Le secteur bancaire pâtit d'une nouvelle chute des rendements obligataires, alors que le rendement du bon du Trésor américain à dix ans a atteint en matinée un nouveau plus bas historique à 1,347% (le précédent point bas était de 1,364% en juillet 2016). BNP Paribas a flanché de 4,9%, Crédit Agricole et Société Générale de 2,6%. Natixis, qui va céder le contrôle de Coface, a reculé de 4,5%.
Enfin SMCP a perdu 11,2% alors que le groupe de prêt-à-porter, très exposé à la Chine, renonce à ses objectifs.
Sur le marché des changes, l'euro reprenait 0,18% à 1,0873 dollar, tandis que les cours pétroliers tentent rechutaient. Le baril de Brent retombait sous les 50 dollars (-1,49% à 54,94 dollars) tandis que le WTI s'échange à 50,69 dollars (-1,44%) vers 17h50.