(BFM Bourse) - La tentative de rebond observée dans les premiers échanges jeudi matin aura tourné court pour le CAC, l'indice phare abandonnant 1,6% par rapport à son ouverture en hausse vers 13h15, toujours inquiet des multiples signaux de ralentissement économique.
La Bourse de Paris a ouvert en hausse de 0,45% jeudi, tentant de reprendre un peu de hauteur au lendemain d'une journée compliquée sur les marchés (-2,08% pour le CAC) en raison d'indicateurs macroéconomiques décevants en Chine et en zone euro, auxquels est venue s'ajouter l'inversion de la courbe des taux sur les bons du Trésor américains à 2 et 10 ans. Ce phénomène rarissime et considéré comme annonciateur d'une récession économique, a notamment préoccupé Wall Street dont les principaux indices ont connu leur plus grosse chute journalière de 2019 (-3,05% pour le Dow Jones, -3,02% pour le Nasdaq). Une dégringolade qui s'est donc répercutée sur le marché parisien ce jeudi puisque le CAC 40 affiche une perte 1,12% à 5.192 points vers 13h, dans un volume d'échanges particulièrement étoffé pour un jour férié, de près de 1,2 milliard d'euros. Le baromètre parisien a même temporairement lâché plus de 1,5% vers 12h45, et une nouvelle ouverture en baisse à Wall Street pourrait nettement accentuer ses pertes.
"Les indices européens devraient ouvrir en baisse ce matin dans le sillage de l’effondrement des marchés américains et des rendements dans la majeure partie du globe. Le 30 ans américain est passé pour la première fois sous les 2% de son histoire. Nous pourrions cependant assister à un rebond technique dans la matinée après une baisse de près de 6% du S&P 500 depuis la dernière baisse des taux de la Fed" anticipaient -à juste titre- les experts de Mirabaud Securities Genève dans leur note matinale.
La publication d'indicateurs décevants mercredi matin (ralentissement de la croissance de la production industrielle en Chine et recul de la croissance en Allemagne), avait déjà commencé à rendre les marchés nerveux, d'autant que ces statistiques s'ajoutent à une liste déjà longue de nouvelles peu réjouissantes pour les investisseurs. "L'Europe est déjà confrontée à des problèmes majeurs, alors que l'incertitude politique en Italie s'aggrave et que les discussions autour d'un Brexit sans accord restent d'actualité", a rappelé dans une note David Madden, analyste chez CMC Markets. Sans compter les tensions commerciales entre Washington et Pékin qui restent toujours vives, même si le report des droits de douane américains de 10% sur des produits -notamment dans l'électronique grand public (smartphones, PC, etc.)- chinois importés avait laissé suggérer, mardi, une détente sur ce font commercial.
Mais l'inversion de courte durée de la courbe des rendements obligataires américains, généralement interprétée comme un signe avant coureur de récession, a fini de mettre le feu aux poudres sur les marchés boursiers mondiaux. Pour la première fois depuis 2007, le taux d'intérêt sur les bons du Trésor américains à dix ans est passé temporairement sous celui des bons à deux ans.
Avant l'ouverture des échanges à la Bourse de Paris, les investisseurs avaient pu prendre connaissance de la diminution de 3,3% de la production industrielle au Japon en juin comparée à celle du mois précédent, selon des chiffres révisés. Un déclin légèrement atténué par rapport à une première estimation dévoilée fin juillet (-3,6%) dernier.
Du côté des valeurs, les titres cycliques -sensible à la conjoncture économique- reculent encore jeudi, à l'image des valeurs automobiles comme Renault (-2,9%) et Peugeot (-1,9%), alors que les équipementiers lâchent aussi du lest sur le SRD (-3% pour Plastic Omnium et Valeo, -2,3% pour Faurecia).
À la mi-journée, les plus fortes chutes sont néanmoins à mettre à l'actif des valeurs liées aux matières premières, qui subissent le recul des cours de celles-ci à l'image d'ArcelorMittal (-2,4%), TechnipFMC (-2,1%) ou Total (-1,3%) au sein de l'indice phare. Sur le reste de la cote, Vallourec lâche encore 5% tandis qu'Eramet abandonne 4% et CGG 3,1%.
Les nets replis de Technip, Total ou CGG sont dus à la nouvelle chute des cours de l'or noir, jeudi matin, au lendemain de la publication d'une nouvelle hausse inattendue des stocks de brut américain. Dans la matinée, les Etats-Unis ont par ailleurs demandé aux autorités de Gibraltar de prolonger l'immobilisation du pétrolier iranien qu'elles retiennent depuis un mois, un coup de théâtre alors que le territoire britannique s'apprêtait à laisser repartir le navire. À 13h20, le baril de Brent de mer du Nord s'échange à 58,01 dollars, soit 2,47% de moins que la veille, alors que celui de WTI texan vaut 54,14 dollars, en recul de 1,97% par rapport à la clôture de mercredi.
Enfin, la monnaie unique reprend un peu de terrain face au billet vert, à 1,1154 dollar (+0,12%).