(BFM Bourse) - Les cours de l'or noir ont encore fortement reculé mercredi, pénalisés par la nouvelle hausse des stocks de brut américains et la publication de nouveaux indicateurs macroéconomiques laissant entrevoir un ralentissement de l'économie mondiale.
Entre l'inversion de la courbe des taux d'intérêts des bons du Trésor américains à 2 et 10 ans (pour la première fois depuis 2007), le net recul de la production industrielle en Chine ainsi qu'en zone euro et la publication, en fin d'après-midi, de stocks de pétrole brut américains une nouvelle fois en hausse, les cours de l'or noir ont encore flanché mercredi. Le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en octobre s'est établi à 59,48 dollars à Londres, en baisse de 3,06% par rapport à la clôture de mardi. À New York, le baril américain de WTI pour livraison en septembre a de son côté clôturé en repli de 3,4% à 55,23 dollars.
Les deux références mondiales de brut ont ainsi complètement effacé leurs gains enregistrés la veille suite à l'annonce américaine du report des droits de douane sur certains produits chinois. Cette accalmie sur le front commercial avait en effet permis au marché de nourrir de nouveaux espoirs quant à une issue positive sur le front commercial sino-américain, apaisant ainsi les craintes qui pesaient sur la croissance mondiale.
Peu avant 10h30, jeudi, les cours des barils de brut évoluent en léger repli, le baril de Brent cédant 0,29% à 59,31 dollars quand celui de WTI texan cède 0,16% à 55,14 dollars.
Nouvelle hausse des stocks US
Selon les chiffres publiés mercredi par l'Agence américaine d'information sur l'Énergie (EIA), les stocks de brut aux États-Unis ont augmenté de 1,6 million de barils lors de la semaine achevée le 9 août, tandis que les analystes interrogés par l'agence Bloomberg s'attendaient à un recul de 2,5 millions de barils. Il s'agit de la deuxième hausse hebdomadaire consécutive et inattendue des stocks de brut outre-Atlantique, ce qui implique une offre plus abondante de nature à faire baisser les cours.
Craintes d'une récession
Les stocks d'essence et de produits distillés (fioul de chauffage et gazole) ont toutefois baissé, respectivement de 1,4 million et 1,9 million de barils. Pour Phil Flynn de Price Futures Group, ce sont plutôt les appréhensions sur le ralentissement de la croissance économique mondiale qui ont tiré les prix vers le bas. "D'un point de vue de la demande en essence et en produits distillés, les chiffres du rapport sont excellents", a souligné l'expert. "Mais dans le même temps, beaucoup d'investisseurs craignent qu'on s'oriente vers une récession", a-t-il ajouté, plusieurs indicateurs signalant un possible ralentissement de la croissance mondiale.Alors que les prix du pétrole avaient bondi mardi après l'annonce du report de droits de douane américains supplémentaires sur des produits chinois, Stephen Brennock, analyste chez PVM Reports, souligne que "l'enthousiasme à la hausse s'est dissipé mercredi" après plusieurs coups durs économiques.
Dans la matinée, avant même l'ouverture de la Bourse de Paris, les opérateurs avaient en effet pu prendre connaissance du net ralentissement de la production industrielle chinoise. Celle-ci a enregistré sa plus faible progression en 17 ans, au mois de juillet (+4,8%), selon des chiffres publiés mercredi par le Bureau national des statistiques (BNS). Cette décélération de l'industrie de la deuxième économie mondiale provoque mécaniquement une baisse de la demande mondiale d'or noir. Peu avant midi, c'était au tour de l'Allemagne, première économie européenne, de faire part d'une contraction (-0,1%) de son Produit intérieur brut (PIB) au deuxième trimestre, faisant craindre aux observateurs une récession technique si, faute d'amélioration de la conjoncture économique mondiale, le troisième trimestre se révèle également baissier.
Dans la foulée, le taux d'intérêt sur la dette américaine à dix ans est passé temporairement mercredi sous celui des bons à deux ans, pour la première fois depuis 2007. Ce phénomène, connu sous le nom d'"inversion de la courbe des taux", reflète la différence de rendement accordé par l'Etat américain aux investisseurs misant sur sa dette à court ou à long terme. Particulièrement redouté des marchés financiers, il est souvent considéré comme un indicateur avancé d'une récession -même si, comme le précisent les experts de Mirabaud Securities Genève dans leur note matinale, "s’il est de coutume de dire cela, on se rend compte en analysant les récessions depuis 1977 que ce sont toutes les courbes de taux qui doivent s’inverser et non une seule (comme c'était le cas mercredi), 3 ans / 5 ans, 3 mois / 10 mois, 1 an / 10 ans et le 2 ans / 5 ans, pour que la récession soit "criante"- ce qui a pénalisé l'ensemble des marchés financiers. Également à souligner sur le marché obligataire américain, le taux d'intérêt sur le bon du Trésor américain est passé, pour la première fois de son histoire, sous les 2%.
(avec AFP)