(BFM Bourse) - Dans la foulée d'une hausse à nouveau encore plus forte qu'attendu du niveau des prix aux Etats-Unis, un courant d'aversion au risque balaie la Bourse de Paris et ses homologues européennes lundi matin. Plus l'inflation s'accroît, plus les banques centrales vont devoir restreindre le crédit, au risque de plomber davantage l'économie déjà menacée par les crises géopolitiques.
La baisse atteint -2% lundi matin pour les principaux marchés européens, symptôme de l'affolement des investisseurs qui réalisent l'ampleur herculéenne de la tâche à laquelle les banques centrales commencent à peine à s'attaquer après des années à pratiquer une généreuse politique de soutien. Vendredi, l'indice des prix à la consommation aux Etats-Unis a révélé une nouvelle accélération en mai à +8,6% d'inflation sur un an, prenant une nouvelle fois de court le consensus des prévisions, ce qui amène les investisseurs à réévaluer encore à la hausse leurs anticipations de long terme. Vers 11h30, le CAC 40 trébuche ainsi de 2,23% à 6.049,21 points, après avoir signé sa pire semaine depuis l'invasion de l'Ukraine, quand le Dax et le FTSE MIB perdent 2,1% et l'Ibex 1,8%.
Concrètement, cela pousse le rendement des obligations à des niveaux inconnus depuis des années - 2018 s'agissant du bon du Trésor américain à 10 ans à 3,25%, le Bund allemand de même échéance n'était pas en reste à 1,569% ce qui marque un pic depuis 2014. Une envolée qui dégrade mécaniquement l'intérêt relatif d'un placement en actions.
Cependant, les banques centrales commencent tout juste à resserrer leur politique : la Réserve fédérale des Etats-Unis a durci ses taux en mars puis en mai pour les amener à 1%, ce qui signifie encore un potentiel considérable avant d'arriver à un niveau véritablement restrictif (le taux réel est encore largement négatif car bien inférieur à l'inflation). Quant à la Banque centrale européenne, ce n'est que la semaine dernière qu'elle a officiellement annoncé sa première hausse de taux (pour le mois prochain). Conclusion: les marchés sont très loin d'être au bout de leur peines.
Le PIB du Royaume-Uni se contracte
Pour ne rien arranger, la Chine où le taux de vaccination reste faible se débat toujours avec l'épidémie de Covid, avec la menace d'une nouvelle flambée épidémique à Pékin, quelques jours seulement après une réouverture prudente des lieux publics. "Les efforts de prévention et de contrôle de cette épidémie liée à des bars à Beijing sont plus difficiles que la vague épidémique survenue sur le marché de Xinfadi en juin 2020", a déclaré dimanche le porte-parole du gouvernement municipal de Beijing (Pékin), Xu Hejian. Cette épidémie de juin à août 2020 liée au marché de gros de Xinfadi avait été l'une des plus importantes flambées que la capitale ait chinoise ait connu. "Beijing poursuivra avec des mesures dynamiques et précises d'adaptation à l'épidémie au lieu de fermer tous les lieux publics comme elle l'a fait dans la plupart des districts lors de la "gestion statique" précédente", a toutefois assuré un spécialiste des maladies respiratoires infectieuses, cité par China.org.
En Europe hors UE, c'est le PIB britannique qui a déçu ce matin, affichant une contraction de 0,3% en avril au lieu d'une légère progression attendue, alors que la Banque d'Angleterre tiendra à son tour sa réunion cette semaine.
Le risque de voir le parti présidentiel privé de la majorité absolue à l'Assemblée nationale en France ajoute à la pression, pénalisant l'automobile ou la banque, tandis que la remontée des rendements obligataires plombe les valeurs technologiques.
La biotech Valneva tombe au plus bas depuis plus d'un an et demi alors que la commande géante de l'Union européenne semble sur le point de définitivement disparaître.
À la veille de la présentation de son nouveau plan stratégique, où le groupe devrait annoncer la filialisation de son pôle de services informatiques, révèle BFM Business, Atos plonge de 10%.
Thalès résiste
Parmi les rares hausses, Thales (+2%) profite de la perspective de recevoir un dédommagement de 555 millions d'euros après la rupture par le gouvernement australien de l'accord pour la livraisons de 12 sous-marins, Carrefour et Orange grappillant quelques points compte tenu du caractère défensif de leur activité. Hors de l'indice phare, Pizzorno Environnement s'adjuge 1,2% après avoir remporté le marché de la collecte des déchets de 61 communes de la métropole lilloise pour les sept prochaines années.
Du côté des devises, le dollar profite de son statut de monnaie de réserve mondiale et l'euro flanche de 0,36% à 1,0479 dollar, au plus bas depuis plus d'un mois.
Les tarifs énergétiques se replient de 1,53% à 120,14 dollars s'agissant du baril de Brent et de 1,63% à 118,70 dollars pour le WTI, de crainte qu'une dégradation de la conjoncture limite la demande. En outre, alors que la Chine s'est efforcé de remplir ses stocks le mois dernier dans la perspective d'une réouverture plus large en juin, ce scénario prend du plomb dans l'aile au vu des dernières nouvelles du front sanitaire.