(BFM Bourse) - Le CAC 40 boucle sa deuxième semaine depuis janvier dans le rouge sur fond de craintes relatives à un fléchissement de l'économie mondiale, au lendemain d'un discours inquiet de Mario Draghi et alors que les dernières statistiques économiques en provenance de Chine et des États-Unis témoignent d'une dégradation de la conjoncture.
Pour la deuxième fois, seulement, en douze semaines, le CAC 40 termine sur un recul hebdomadaire (-0,6%) après sa nette baisse ce jour (-0,7% à 5.231 points), le principal indice du marché parisien ayant été rattrapé par les inquiétudes liées à un fléchissement de l'économie mondiale. Au lendemain d'un recul de 0,39%, le CAC enchaîne donc une troisième séance de baisse consécutive -une première depuis de longues semaines- dans un volume d'échanges nourri de plus de 4 milliards d'euros. Depuis le 1er janvier 2019, son rebond reste toutefois conséquent (+10,6%).
"Sans surprise, Mario Draghi a décrit une situation morose faite de multiples risques pesant sur la conjoncture, allant des tensions protectionnistes aux incertitudes géopolitiques, en passant par les interrogations des marchés émergents", ont souligné les experts de Mirabaud Securities Genève dans leur note matinale. Pire encore selon ces experts, la "violence" des révisions économiques à la baisse "suggère implicitement que l’objectif de l’institution de Francfort ne sera pas atteint avant au-moins 2022, donc que les taux ne remonteront pas de sitôt". Et "si on se réfère aux deux précédents lancements de TLTROs, nous pourrions voir les indices aller bien plus bas" anticipent les analystes de Mirabaud Securities.
La période des résultats annuels se terminant et faute de beaucoup de nouvelles fraîches concernant la signature d'un accord commercial sino-américain -Donald Trump a d'ailleurs brandi, vendredi, la menace de ne pas signer d'accord commercial avec la Chine si les deux pays ne parviennent pas à élaborer un bon texte réglant leurs différends- ou le Brexit, les marchés sont désormais "en manque de carburant" estime Guillaume Garabedian, responsable de la gestion conseillée chez Meeschaert, interrogé par l'AFP. D'autant que les derniers indicateurs économiques, en provenance de Chine et des États-Unis, n'incitent guère les investisseurs à l'optimisme. De fait, l'économie américaine, qui avait créé en janvier un nombre record d'emplois sur un an à cause du shutdown, n'a créé le mois dernier que 20.000 postes, soit le plus faible niveau depuis septembre 2017. Côté chinois, les exportations se sont littéralement effondrées en février (-20%) tandis que les importations ont aggravé leur repli amorcé au cours des derniers mois. En Allemagne, enfin, les commandes passées à l'industrie ont nettement baissé sur un mois en janvier.
Les bancaires, l'auto et le secteur pétrolier en difficulté
Du côté des valeurs, EssilorLuxottica affiche, de très loin, la plus forte chute du CAC 40 vendredi (-6,3%). Les résultats annuels du groupe et surtout des perspectives décevantes ont plombé le géant mondial de l'optique. Autre chute mais sur le SRD, le parapétrolier CGG (-7,59%) qui a lui aussi présenté des résultats mitigés. Le recentrage du groupe sur ses activités à forte valeur ajoutée (géoscience, études multi-clients et équipements) commence à porter ses fruits mais la croissance attendue pour 2019 n'emballe pas les opérateurs.
Plus largement, l'ensemble du secteur pétrolier souffre, sur fond de crainte d'un ralentissement de l'économie mondiale et donc de la demande en or noir, au lendemain des annonces de la BCE. Total termine à -1,35% et TechnipFMC à -2,14%. Le cours du baril de Brent européen n'est pas en reste et évolue en nette baisse vers 18h25 (-2,12% à 64,69 dollars), tout comme le WTI américain (-2,3% à 55,16 dollars).
Par ailleurs, les valeurs bancaires sont toujours à la peine, en réaction aux propos du président de la BCE Mario Draghi. Société Générale (-2,47%) BNP Paribas (-1,93%) et Crédit Agricole (-0,54%) tirent le CAC 40 vers le bas. Tout comme les valeurs automobiles (-1,32% pour Valeo, -0,94% pour Renault, -1,03% pour Peugeot et -1,47% pour Michelin).
Parmi les 11 valeurs qui sortent la tête de l'eau en clôturant en vert, Unibail-Rodamco-Westfield (+1,61%), Orange (+1,04%), L'Oréal (+0,44%) et Vinci (+0,4%) se distinguent. La monnaie unique regagne un peu de terrain face au dollar après avoir nettement reculé la veille, à 1,1242 dollar (+0,46%) vers 18h25.