(BFM Bourse) - Encouragé par le prolongement de la trêve commerciale entre les Etats-Unis et la Chine, la Bourse de Paris a engrangé 0,31% supplémentaires lundi. Les secteurs les plus sensibles à la consommation chinoise, comme l'automobile et le luxe, ont été particulièrement recherchés.
Après avoir démarré en légère hausse, le marché parisien ne s'est pas départi de son cap haussier lundi, clôturant en hausse de 0,31% à 5231,85 points, nouveau pic depuis le début de l'année, dans un volume d'échanges toutefois resté timide (2,55 milliards d'euros).
La décision de Donald Trump de reporter l'augmentation des droits de douane sur des produits importés de Chine, initialement prévue le 1er mars, a clairement servi de catalyseur. À cinq jours de la date butoir, le président américain a levé son ultimatum sur le commerce chinois au vu des "progrès" enregistrés dans les négociations, relançant l'espoir d'un sommet avec le président chinois pour sceller un éventuel accord. De son côté, Pékin a également fait état de "progrès significatifs" lundi, au lendemain de six jours de pourparlers à Washington.
Hervé Goulletquer, stratégiste de la direction de la gestion à La Banque Postale Asset Management, considère que "les investisseurs retiendront que les discussions progressent et que l’hypothèse d’un relèvement des taxes à l’importation au 1er mars est levée". S'il faut se contenter de ce double constat pour le moment, "comparé à l’état d’esprit il y a un peu moins de trois mois, c’est déjà beaucoup" ajoute le stratégiste. Hervé Goulletque note toutefois un bémol susceptible de "tempérer tout excès trop marqué d'optimisme", à retrouver dans la communication de l'agence Xinhua. L'agence officielle du régime chinois indique en effet que "les discussions se feront plus dures en entrant dans la dernière ligne droite".
Outre les transferts de technologie, les Etats-Unis reprochent à la Chine d'autres pratiques commerciales "déloyales" et exigent de Pékin des réformes structurelles pour y mettre fin: respect de la propriété intellectuelle, fin du piratage informatique et des subventions aux entreprises publiques.
Moins d'enthousiasme sur le Brexit
Sur le Vieux Continent en revanche, les dernières nouvelles sur le Brexit suscitent moins d'enthousiasme. Dimanche, Theresa May a différé au 12 mars au plus tard un vote des députés sur l'accord concernant le Brexit, voulant se donner plus de temps pour tenter de renégocier le texte avec Bruxelles, malgré l'échéance qui se rapproche dangereusement. Hervé Goulletquer indique que les investisseurs resteront attentifs à l'évolution de ce dossier au cours de la semaine, alors que Theresa May s'empêtre dans une stratégie de "la dernière minute" pour forcer ses partenaires à un ralliement sur sa position.
En matière de chiffres économiques, l'attention des opérateurs se portera sur la première estimation, jeudi, du PIB américain au quatrième trimestre 2018, tandis que les auditions du président de la Fed Jerome Powell par chacune des chambres du Congrès, mardi, seront également scrutées par le marché.
Luxe, automobile, semi-conducteurs et sidérurgie portent la Bourse de Paris
Sur le front des valeurs, les secteurs les plus exposés au marché chinois ont sans surprise profité du report de l'augmentation américaine des droits de douane sur les produits importés de Chine. Sur l'indice phare, Valeo (+3,26%), STMicro (+2,9%), Michelin (+2,7%) Peugeot (+2%), Renault (+1,76%) ou encore LVMH (+1,05%) ont ainsi été particulièrement recherchés. À noter également un beau tir groupé des principales valeurs bancaires françaises avec une hausse de 2,8% pour Société Générale, de 2,2% pour BNP Paribas et de 1,8% pour Crédit Agricole, alors qu'un dirigeant d'UniCredit, le directeur général adjoint Francesco Giordano, a déclaré lundi que les banques européennes étaient "trop petites par rapport à leurs homologues américaines". Même s'il prend la précaution d'indiquer que les conditions ne lui apparaissent pas encore réunies pour des fusions transfrontalières en Europe, la remarque fait son chemin alors que des rumeurs sur un rapprochement entre UniCredit et Société Générale circulent régulièrement.
Au lendemain de la cérémonie des Oscars, c'est le titre Technicolor qui a pris la tête du SBF 120 tandis que le film produit par Netflix, Roma, a remporté une moisson de récompenses dont celle du meilleur film étranger. Technicolor a largement contribué à la partie technique du film, comme son réalisateur Alfonso Cuarón l'a d'ailleurs rappelé technicolor.com/fr/news/alfonso-cuaron-parle-du-travail-de-technicolor-sur-son-film-roma-dans-une-interview-exclusive">dans un petit film de 5mn.
Parmi les fortes baisse du jour, le groupe pharmaceutique Ipsen a cédé 6,5% après l'annonce d'une acquisition majeure. Le groupe va offrir 1,04 milliard de dollars pour racheter Clementia Pharmaceuticals, dont la principale molécule n’est pas encore homologuée aux Etats-Unis. Un pari jugé risqué par les investisseurs, alors que l'intégration de cette biotech québécoise pèsera légèrement sur la marge opérationnelle cette année.
Trump interpelle l'Opep sur Twitter
L'inénarrable président des Etats-Unis a encore une fois animé le marché pétrolier jeudi, en jugeant que les prix devenaient trop élevés et appelant l'Opep (via Twitter) à y aller doucement sur les quotas de production. Attention fragile, le monde n'est pas en mesure de supporter une flambée des cours, a-t-il indiqué en substance. Message reçu sur les marchés : stable en matinée, le cours du baril de WTI cédait 3,4% à 55,31 dollars vers 18h00 et celui du Brent 3,41% à 64,83 dollars.
Du côté des devises, peu de mouvement à signaler sur l'euro/dollar avec un parité quasi inchangée de 1,1340.