(BFM Bourse) - Le CAC 40 termine finalement en baisse ce lundi 28 juillet après l'accord noué entre les États-Unis et l'Europe qui évite le scénario du pire pour les importations européennes. Le marché commence cependant à prendre conscience que le texte inscrit dans le marbre des conditions d'exportation moins bonnes pour les entreprises européennes.
Un rebond qui a fait pschitt. La Bourse de Paris qui avait ouvert en hausse de plus de 1% boucle cette séance du lundi 28 juillet sur une note terne.
Le CAC 40, son principal indice, recule de 0,43% à 7.800,88 points après l'accord commercial noué dimanche soir entre Bruxelles et Washington, fixant les droits de douane imposés par les États-Unis sur les importations européennes à 15%. Sans terrain d'entente, Washington aurait infligé des taxes douanières de 30% à l’Europe à compter du 1er août prochain.
Cet accord, qualifié de "plus grand" jamais conclu en matière de commerce par Donald Trump, inclut un certain nombre d'exceptions, avec des produits taxés à 0% de la part des deux partenaires commerciaux, notamment les équipements aéronautiques, les équipements pour les semi-conducteurs, et certains produits agricoles. Mais pas les produits alcoolisés dont le sort doit être tranché "dans les prochains jours", a indiqué Ursula von der Leyen.
Le texte prévoit également que les Européens achèteront pour 750 milliards de dollars de produits énergétiques auprès des États-Unis et investiront pour 600 milliards de dollars de plus dans le pays.
"Une détérioration marquée des conditions d'exportation "
L'accord fait toutefois face à de nombreuses critiques. Le ministre français chargé de l'Europe, Benjamin Haddad juge le texte "déséquilibré". Le Premier ministre, François Bayrou, a même évoque "un jour sombre" pour une Europe qui "se résout à la soumission". La présidente du Conseil italien, Giorgia Meloni, a elle évoqué un accord "potentiellement dévastateur".
Ursula von der Leyen a, elle, rappelé "d'où nous venions", avec le risque de surtaxes douanières très élevées au 1er août et a invoqué la nécessité de "donner de la visibilité aux entreprises" et aux citoyens.
"Si l'accord réduit l'incertitude et le risque d'escalade, il confirme toutefois une détérioration marquée des conditions d'exportation des entreprises européennes vers les États-Unis", souligne UBS dans une note. Sur la base des indications données par Ursula von der Leyen durant sa conférence de presse, la banque suisse calcule un taux moyen pondéré d'imposition sur les importations européennes à 15,2% contre environ 1,5% avant le "jour de la Libération", début avril.
"En l'absence d'une déclaration commune des États-Unis et de l'Union européenne, nous restons quelque peu préoccupés par les ambiguïtés qui pourraient donner lieu à des interprétations divergentes de ce qui a été convenu", ajoute la banque.
Les États-Unis sont encore loin d'avoir fini leur marathon de négociations. Après l'Europe, Washington a entamé ce lundi à Stockholm, un nouveau cycle de négociations avec Pékin sur leurs droits de douane réciproques, qui pourrait aboutir à une prolongation de la "pause" douanière entre les États-Unis et la Chine.
Plusieurs médias rapportent que Washington et Pékin prolongeront de 90 jours la suspension de l'essentiel des surtaxes douanières qu'elles s'étaient mutuellement infligées. Cette pause avait été décidée en mai et fixait temporairement les surtaxes douanières frappant les produits chinois à 30% et celles infligées aux produits américains par la Chine à 10%, contre respectivement 145% et 125% avant cet accord.
Forvia bondit
Du coté des valeurs, Forvia s'est envolé de 13,4% après avoir livré des résultats semestriels encourageants, avec un flux de trésorerie plus de deux fois plus fort qu'attendu.
Robertet a gagné 5,5% après avoir fait état d'une croissance robuste sur les six premiers mois de son exercice 2025.
Thales a en revanche reculé de 4,3%. L'ensemble du secteur de la défense recule ce lundi après que Donald Trump a déclaré que les Européens achèteraient davantage de matériel militaire aux États-Unis dans les prochaines années.
Rémy Cointreau a cédé 3,45% pénalisé par Barclays qui a abaissé son conseil à "sous-pondération" contre "pondération en ligne".
Sur les autres marchés, l'euro dévisse face au dollar après cet accord défavorable aux exportations européennes. La devise européenne plonge de 1,15% face au billet vert à 1,1620 dollar.
Le pétrole monte. Le contrat de septembre sur le Brent de mer du Nord prend 1,08% à 68,39 dollars le baril tandis que celui de même échéance sur le WTI coté à New York avance de 1,14% à 65,90 dollars le baril.