(BFM Bourse) - Le grand équipementier automobile a livré une batterie de résultats jugés encourageants au premier semestre, avec un résultat opérationnel supérieur de 4% aux attentes et un flux de trésorerie plus de deux fois supérieur au consensus. L'accord commercial noué entre les États-Unis et l'Europe vient également soutenir l'appétit pour le risque sur le compartiment.

Les trois grands équipementiers automobiles de la Bourse de Paris auront connu des fortunes diverses au cours de cette saison des résultats.

Dans un contexte difficile, où la visibilité a été obstruée par les surtaxes douanières américaines chez leurs grands clients, les constructeurs automobiles, Opmobility, Valeo et Forvia ont tenté de résister du mieux possible.

Opmobility a passé l'épreuve avec brio, avec une rentabilité améliorée et supérieure aux attentes sur les six premiers mois de l'année. Son action avait pris près de 8% dans la foulée de la publication de ses résultats semestriels. Cela a été bien plus compliqué pour Valeo, dont le titre a chuté de 5,4% vendredi après que le groupe a dévoilé des comptes mitigés tout en abaissant son objectif de revenus pour 2025.

Forvia, pour sa part semble tenir le (très) bon bout. L'action du groupe né du rachat de l'allemand Hella par le français Faurecia et présent dans de nombreux métiers (éclairages, sièges, équipements de bord, propulsion, électronique) bondit de plus de 12% ce lundi 28 juillet, vers 11h30, après avoir livré ses résultats des six premiers mois de 2025.

>> Accédez à nos analyses graphiques exclusives, et entrez dans la confidence du Portefeuille Trading

Un résultat opérationnel nettement au-dessus des attentes

"Forvia affiche des résultats solides dans un contexte difficile", souligne Jefferies. Sur les six premiers mois de l'année, l'équipementier automobile a dégagé des ventes de 13,477 milliards d'euros, en repli de 0,4% en données publiées, mais en hausse de 1,1% hors effets de périmètre et de changes. Le chiffre s'avère un peu supérieur au consensus, logé à 13,37 milliards d'euros selon Bernstein.

Forvia a bénéficié de la croissance de sa plus importante division, c'est-à-dire les sièges, qui a vu ses revenus progresser de 3,7% en données comparables sur la période, grâce notamment à des contrats passés avec les groupes chinois BYD et Chery. De son côté, la division "electronics" (production et technologies d'affichage, système d'assistance au conducteur et électronique du cockpit) a enregistré une croissance de 10% en données comparables.

"L’activité a été tirée par les constructeurs japonais en Asie, par Volkswagen et Stellantis en Europe et par GM en Amérique du Nord", a expliqué Forvia.

A contrario, la division "clean mobility" (système de propulsion) a reculé de 4,2% tandis que la division éclairage (-5,5% sur semestre) a pâti de la fin de plusieurs programmes.

Le résultat opérationnel de la société a progressé de 3,1% à 722 millions d'euros pour atteindre une marge de 5,4% contre 5,2% un an plus tôt. Là encore la société a dépassé le consensus (la prévision moyenne des analystes) de 12% en valeur absolu et de 0,5 point de pourcentage au niveau du taux, remarque Bernstein.

"L'amélioration du résultat d'exploitation s'explique par une réduction des coûts d'exploitation, les premiers bénéfices du programme 'EU Forward' de Forvia et les synergies avec Hella, qui ont été partiellement compensés par les difficultés rencontrées en Amérique du Nord (dans les activités de sièges et d'éclairage, NDLR) et les effets négatifs des taux de change", décrypte l'intermédiaire financier.

Le plan "EU Forward" a été annoncé l'an dernier par Forvia et vise à adapter son empreinte industrielle européenne, en surcapacités, à une demande européenne structurellement déclinante. Ce plan prévoit 10.000 suppressions de postes dans les cinq prochaines années avec des économies de 500 millions d'euros attendues.

Un bon semestre à confirmer

Le résultat net a basculé dans le rouge, avec une perte de 269 millions d'euros contre un bénéfice de 5 millions un an plus tôt. Ce qui s'explique essentiellement par des éléments exceptionnels.

Le groupe a passé une dépréciation de 136 millions d'euros sur Symbio, sa coentreprise dans l'hydrogène avec Michelin et dont l'avenir est menacé par la récente décision de son client Stellantis d'arrêter les activités liées à l'hydrogène. Par ailleurs, au premier semestre 2024, Forvia avait enregistré une plus-value de cession de 134 millions d'euros.

Point surveillé par les analystes dans la mesure où la société est relativement endettée, Forvia a dégagé un flux de trésorerie largement supérieur aux attentes. Le cash-flow net s'est établi à 418 millions d'euros contre 123 millions d'euros attendu par les analystes. Le ratio d'endettement, mesuré par la dette nette rapportée au résultat brut d'exploitation, s'inscrit à 1,8 à fin juin contre 2 à fin décembre.

À l'issue de ce semestre, Forvia a confirmé ses objectifs pour l'ensemble de l'année 2025. Le groupe vise un chiffre d'affaires compris entre 26,3 milliards et 27,5 milliards d'euros, une marge d'exploitation située entre 5,2% et 6% du chiffre d'affaires, un cash flow net d'au moins 655 millions d'euros, et un ratio d'endettement inférieur ou égal à 1,8 à fin décembre prochain.

Oddo BHF apprécie une première partie d'année "encourageante" qui montre les premiers bénéfices d'une gestion plus serrée dans les coûts ainsi que l'agilité de la société.

Cependant, cette bonne dynamique être "confirmée au second semestre (les faibles performances enregistrées au premier semestre en Amérique du Nord doivent être améliorées et nous doutons que les performances en matière de flux de trésorerie se reproduise dans la même mesure, c'est pourquoi les prévisions n'ont été confirmées que parce que le groupe a déjà atteint environ les deux tiers de son objectif pour l'exercice)", prévient le courtier.

"Cette situation, associée à l'absence de cessions à ce stade et à un endettement 'seulement' aux attentes conforme malgré le niveau du flux de trésorerie disponible, ne devrait pas permettre à l'équipementier d'apaiser complètement les inquiétudes concernant sa situation financière pour le moment (même si le refinancement au premier semestre a été une mesure positive) et cela devrait continuer à peser sur l'attrait de l'action à court terme", conclut Oddo BHF.

Pour sa part, Bernstein estime que ces résultats marquent "un bon départ" dans un "environnement difficile" et sont ainsi à même de porter le titre, avec, en parallèle, les annonces sur l'accord commercial entre l'Europe et les États-Unis.

Les deux blocs ont noué dimanche un accord qui, de facto réduit les surtaxes américaines imposées aux exportations européennes d'automobile à 15% contre 30% en l'absence d'accord.

"Toutes choses égales par ailleurs, cet accord a deux avantages : ce sont des droits de douane inférieurs à ce qui était exercé depuis quelques mois par l'administration américaine, et si ça permet de réduire la volatilité et l'incertitude, c'est meilleur pour l'ensemble des acteurs économiques", a déclaré le directeur financier de Forvia, Olivier Durant, cité par Reuters.

Au-delà de Forvia, les équipementiers automobiles montent. Valeo prend 3,4% et OPmobility avance de 2%.

La société a par ailleurs indiqué qu'elle tiendrait une journée dédiée aux investisseurs le 24 février prochain.