(BFM Bourse) - Forvia, qui a publié ses ventes du troisième trimestre, souffre à la Bourse de Paris ce lundi 20 octobre. La faute non pas à la publication mais au ton prudent de la direction sur les bisbilles entres les Pays-Bas et la Chine autour du fabricant de puces Nexperia.
Les équipementiers automobiles ont l'habitude de connaître de gros rodéos boursiers après une publication. Ce lundi Forvia subit une nouvelle fois des dégagements prononcés après la parution de ses ventes du troisième trimestre. L'action chute de 7% en début d'après-midi, entraînant un peu dans son sillage l'autre équipementier français Valeo (-2%) ou encore l'allemand Aumovio (-2,6% à Francfort).
Toutefois, selon un analyste spécialiste du secteur, ce n'est pas la publication de la société qui explique la chute du titre.
"Je pense que c'est dû au message prudent de la direction sur Nexperia, qui rappelle les mauvais souvenirs de 2021 (année à partir de laquelle le secteur automobile a connu une crise d'approvisionnement en semi-conducteurs, NDLR). Dans ces situations, même s'il manque un seul composant, la voiture n'est pas prête", explique cet analyste.
"Ils publient en premier et du coup ils sont pénalisés" sur ce risque en Bourse, relève-t-il encore.
Pékin prend des contre-mesures
Nexperia est une entreprise de semi-conducteurs devenue la pomme de discorde entre La Haye et Pékin. Ce groupe basé à Nimègue, aux Pays-Bas, est la filiale du chinois Wingtech Technology. La société est spécialisée dans les composants électroniques, notamment à destination de l'automobile. Wingtech avait racheté en 2018 ce groupe batave, une ancienne filiale de Philips.
Le 30 septembre, les Pays-Bas ont invoqué une loi sur la sécurité nationale datant de la guerre froide (1952) pour prendre le contrôle de Nexperia. Selon Reuters, La Haye a mis en avant des craintes de potentiels transferts de technologie à la Chine pour justifier cette décision.
"Le gouvernement néerlandais ne prendra pas le contrôle de Nexperia mais il aura désormais le pouvoir d'annuler ou de bloquer les décisions de gestion qu'il juge néfastes. La production régulière de l'entreprise se poursuit", expliquait Reuters.
Évidemment, Pékin n'a pas accueilli la nouvelle avec le sourire, s'opposant à la décision de La Haye. Le gouvernement chinois a aussi interdit à Nexperia d'exporter certains composants finis et sous-ensembles produits en Chine vers les Pays-Bas. Problème: Nexperia est indispensable dans la chaîne de production mondiale de l'automobile.
L'ACEA tire la sonnette d'alarme
"Les puces Nexperia sont présentes dans tous les types de modules électroniques automobiles, il s'agit d'un produit de faible valeur, mais produit en grande quantité", a expliqué UBS dans une note publiée la semaine dernière.
"Nous pensons donc que toute escalade du conflit sous-jacent affecterait l'ensemble du secteur, car elle pourrait entraîner des arrêts de production généralisés chez les constructeurs et les fournisseurs. D'après nos vérifications auprès des constructeurs, les puces nécessaires sont toujours produites, mais ne sont pas expédiées aux fournisseurs", écrivait encore UBS.
Le sujet s'avère critique, au point que l'Association européenne des constructeurs automobiles, l'ACEA, a tiré la sonnette d'alarme.
"Le 10 octobre, les constructeurs automobiles et leurs fournisseurs ont reçu une notification de Nexperia décrivant une série d'événements qui les empêchent de garantir la livraison de leurs puces à la chaîne d'approvisionnement automobile", a prévenu l'association dans un communiqué publié jeudi dernier .
"Nexperia est un important fournisseur de semi-conducteurs, souvent utilisés dans les unités de contrôle électronique des systèmes électriques des véhicules, par exemple", a-t-elle ajouté.
"Task force"
Pour revenir à Forvia, le directeur général du groupe, Martin Fischer, a été interrogé par les analystes lors de la conférence téléphonique suivant la publication de la société sur ce risque.
Le dirigeant a assuré que le groupe surveillait la situation et ses développements, alors que Forvia utilise des composant de Nexperia dans sa division "electronics". Martin Fischer a expliqué que la société avait utilisé "sa voix" auprès des autorités pour les alerter des impacts de la situation.
Le groupe a aussi mis en place une "task force" (une équipe dédiée) pour prendre des mesures de nature à compenser ou minimiser les impacts. En gros "nous achetons toutes les puces sur le marché qu'il est possible d'acheter et nous regardons des alternatives", a indiqué Martin Fischer.
Quant à la publication de Forvia, à proprement parler, elle n'a pas l'air de déclencher les passions. Oddo BHF note que les revenus de la société ont été en ligne avec les attentes, Forvia publiant un chiffre d'affaires de 6,12 milliards d'euros contre un consensus (la prévision moyenne des analystes) logé à 6,04 milliards d'euros. La société a par ailleurs réitéré ses objectifs pour 2025.
"Globalement, les performances de Forvia au troisième trimestre ne devraient pas créer de surprises, et la confirmation des perspectives pour l'exercice était largement attendue", conclut Oddo BHF.
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