(BFM Bourse) - Le groupe de spiritueux encaisse mal une dégradation de Barclays qui passe de "pondération en ligne" à "sous-pondérer". Le flou autour du traitement douanier visant le secteur après l'accord passé entre les États-Unis et l'Union Européenne n'aide pas non plus.

Vendredi, Rémy Cointreau avait rassuré les marchés en dévoilant un début d'année supérieur aux attentes grâce à une très forte croissance de ses ventes de cognac aux États-Unis. Le groupe avait relevé dans la foulée son objectif annuel de rentabilité pour intégrer des coûts moins élevés sur les surtaxes douanières chinoises.

Ces annonces avaient fait mouche. À la Bourse de Paris, Rémy Cointreau avait rebondi de plus de 8% vendredi 25 juillet, portant ses gains à plus de 40% sur un mois. Cette publication rassurante n'a pourtant pas emballé Barclays, qui émet encore des réserves sur le dossier.

Des vents contraires qui persistent

La banque britannique a dégradé ce lundi 28 juillet son opinion pour la passer de "pondération en ligne", à "sous-pondérer". Ce qui revient à passer de "neutre" à "vendre" dans la terminologie de Barclays. L'objectif de cours est fixé à 45 euros, ce qui sous-tend un potentiel de baisse de près de 28% au cours de vendredi (62,35 euros).

Barclays note que Rémy Cointreau a renoué avec la croissance au trimestre dernier dans un environnement macroéconomique favorable. Pour autant, le bureau d'études signale que des vents contraires persistent dans l’industrie du cognac et estime donc que la récente hausse du titre n'est pas justifiée à ses yeux.

Le bureau d'études met en évidence des problèmes majeurs comme une forte activité promotionnelle pour capter une nouvelle clientèle et une croissance négative "à deux chiffres" des ventes de cognac. Il cite les données Nielsen qui montrent en effet un repli des ventes en valeur.

Aux États-Unis, le cognac premium fait face à la concurrence d’autres spiritueux comme la tequila Reposado. La Chine, qui est l'autre marché phare de Rémy Cointreau, reste aussi un motif de préoccupation pour Barclays compte tenu de la situation économique du pays.

Cette opinion plus négative de Barclays fait baisser l'action qui redonne 3,3% en début d'après-midi à la Bourse de Paris.

Des précisions sur les produits alcoolisés

Le titre peut aussi pâtir d'une certaine ambiguïté sur l’accord américano-européen sur les droits de douane. Le sort douanier sur les produits alcoolisés doit être tranché "dans les prochains jours", a indiqué Ursula von der Leyen.

TP ICAP Midcap est par ailleurs sorti de son mutisme sur le dossier. Le bureau d'études a repris ce lundi matin la couverture de Rémy Cointreau à "conserver "avec un objectif de cours de 67 euros, ce qui accorde un potentiel de hausse de 7% sur la base du cours de vendredi.

Le bureau d'études rappelle le début d'année de Rémy Cointreau marquait le retour à la croissance après huit trimestres consécutifs de repli depuis début 2023.

Pour autant, le bureau d'études signale que l'objectif de croissance annuelle du spécialiste du cognac suppose un chiffre d'affaires en décroissance organique en consommation et sur toutes les géographies.

La Chine reste dans un environnement de consommation contraint et sera pénalisée par l’occurrence d’un Mid-Autumn (fête de la Lune, qui a lieu en octobre, NDLR) festival tardif générant un effet calendaire défavorable, explique-t-il.

Les déplétions (en clair les ventes de boîtes de spiritueux vendus par un grossiste à un distributeur, la demande en aval, par opposition aux ventes de Rémy Cointreau à un grossiste, NDLR) aux États-Unis toujours mal orientées et le changement de distributeur en Californie (1er septembre) augurent d’un trimestre aux États-Unis en retrait", prévient la stratégiste actions Sarah Thirion en charge de la couverture du titre pour TP ICAP Midcap.

"l faut un siècle et quatre générations de maîtres de chai pour réaliser une carafe de Louis XIII, il conviendra d’attendre un trimestre encore pouvoir voir se normaliser progressivement les réalisations de Rémy Cointreau", ajoute la spécialiste de marché qui espère désormais un retour durable à la croissance organique à compter du deuxième semestre 2025-2026.