(BFM Bourse) - Le rebond de la Bourse de Paris aura tenu jusqu’à l'ouverture très hésitante de Wall Street. Pourtant, c'est cette même place américaine qui a donné la force au CAC 40 de repartir de l'avant, revigoré après le ton moins dur que redouté de la Réserve fédérale américaine sur sa politique monétaire. Les excellentes publications trimestrielles d'Airbus, de Stellantis ou Legrand n'auront été d'aucun secours pour contenir le repli de l'indice parisien.
Fin de la hausse tout le monde descend ! L'euphorie aura été de courte durée. En forte hausse jusqu'en début d'après-midi, les indices européens ont ralenti leur progression dans le sillage d'une ouverture fébrile à Wall Street. Pourtant, dans la matinée, le vent d'optimisme était venu de l'autre côté de l'Atlantique après le ton plus accommodant que prévu de la Réserve fédérale américaine.
A l'heure de la clôture parisienne, le Nasdaq chute de 4,50% alors que plusieurs sociétés évoluant dans le e-commerce ont fait part de prévisions très prudentes pour le trimestre en cours. Le Dow Jones (-2,85%) et le S&P 500 (-3,15%) effacent aussi leurs gains de la veille, plombés par deux indicateurs économiques de mauvaise facture. Les inscriptions hebdomadaires au chômage sont ressorties supérieures aux attente, une statistique qui jette le doute sur la bonne santé de l'emploi américain alors que les chiffres officiels pour le mois d'avril sont attendus vendredi. L'autre statistique du jour faisait état d'une baisse de la productivité de 7,5% aux Etats-Unis au premier trimestre. Du jamais vu depuis 1947!
La Bourse de Paris n'a pas échappé au retour de bâton américain et clôture en baisse de 0,43% à 6.368,40 points, après avoir inscrit un pic à 6.558,91 points (+2.51%) à l’ouverture. Près de 200 points d'écart séparent ces deux moments clés de la journée boursière.
Sur le marché obligataire, les taux repartaient vivement à la hausse après s'être détendus la veille apaisés par le discours de la Fed. Le rendement des emprunts d'Etat américains à 10 ans a ainsi repassé le seuil symbolique de 3%, qu'il avait déjà franchi d'une courte tête en début de semaine, pour la première fois depuis fin 2018.
Toujours au chapitre banques centrales, la Banque d'Angleterre a relevé sans surprise son taux de 25 points de base (0,25 point de pourcentage) à 1%, soit la quatrième depuis fin 2021. Confrontée à une inflation galopante depuis le Brexit, l'institution d'outre-Manche a pris de l'avance sur ses homologues dans sa décision de relever ses taux directeurs.
Airbus s'envole, ArcelorMittal a une santé de fer
Airbus a résisté jusqu'au bout et affiche un gain plus qu'honorable de 6,28% à 109,02 euros après avoir triplé son bénéfice au premier trimestre. L'avionneur maintient ses perspectives pour l'année 2022 et va augmenter la cadence de production mensuelle de sa gamme A320 d'ici 2025.
Legrand limite ses gains à 1,51% dans le sillage de ventes dynamiques au premier trimestre 2022. Le groupe a annoncé un chiffre d'affaires en croissance de 17,8% par rapport à la même période de 2021, à 1,97 milliard d'euros.
Après avoir été en hausse, ArcelorMittal cède finalement près de 2% malgré l'annonce d'un bond de ses résultats au premier trimestre de son exercice 2022, grâce à une hausse des cours de l'acier et malgré l'impact de la guerre en Ukraine sur les volumes.
Lanterne rouge du CAC, Crédit Agricole lâche plus de 4%, en raison de la forte baisse des bénéfices trimestriels, plombés par d'importantes provisions liées à son exposition à la Russie et à l'Ukraine. Contrairement à Société Générale (+1,5%) qui a vu ses profits trimestriels progresser de plus de 20% à 1,57 milliard d'euros au titre du premier trimestre 2022, malgré sa présence en Russie.
Hors indice vedette, Arkema s'adjuge 3,42% après un premier trimestre solide, marqué par une nette hausse de ses indicateurs financiers. Le chimiste vise un Ebitda pour ses matériaux de spécialités et pour le groupe en légère hausse par rapport au niveau record de 2021.
Air France-KLM gagne 2,05% dans le sillage de comptes trimestriels rassurants sur les trois premiers mois de l'année. La compagnie aérienne prévoit un résultat d’exploitation à l'équilibre au deuxième trimestre puis nettement positif au troisième trimestre 2022.
Stellantis redonne 0,75% à 12,728 euros après avoir fait état d'une hausse de 12% de son chiffre d'affaires net au premier trimestre de cette année, soutenu par des prix et un mix de véhicules solides, et des effets de change favorables.
En revanche, CGG accuse le coup et aggrave ses pertes à 18,69%. Le groupe de services parapétroliers a vu son chiffre d'affaires des activités reculer de 28% au premier trimestre mais confirme ses objectifs pour 2022.
Sur le marché des changes, l'euro cède du terrain et perd plus de 1% face au dollar à 1,0511 tandis que le pétrole reste bien orienté et se négocie à 109,27 dollars pour le Brent de Mer du Nord et à 108,36 dollars pour le WTI. La veille, la Commission européenne a proposé un embargo progressif sur les importations de pétrole russe. Cette décision s'inscrit dans le cadre d'un sixième volet de sanctions contre la Russie en raison de l'offensive lancée en Ukraine. Par ailleurs, l'Opep a donné le feu vert à une hausse de la production de 432.000 barils par jour en juin. Cette annonce d'une hausse modérée de la production du cartel n'a pas eu d'effets notables sur les cours.
Sabrina Sadgui