(BFM Bourse) - La Bourse de Paris a calé jeudi, après 3 séances consécutives de rebond, terminant en recul de 1,9%, accompagnant la rechute de Wall Street sur fond de regain de craintes liées à la propagation du Covid-19.
Au rebond depuis le début de semaine avec trois séances d'affilées bouclées en territoire positif, le CAC 40 a subi un nouveau coup d'arrêt jeudi, terminant la séance sur un net repli de 1,9% à 5.361,10 points dans un volume d'échanges encore très élevé de 5,8 milliards d'euros.
Certes, l'affaiblissement de la première vague de l'épidémie tend à se confirmer, avec des chiffres de nouveaux malades en recul en Chine (et, nouveauté, en Corée du Sud également), ce qui permet le redémarrage graduel des sites chinois qui avaient dû être arrêtés - une bonne nouvelle pour les approvisionnements des entreprises occidentales. "Selon les secteurs, le niveau de production pouvait être estimé à la fin février comme étant de 55% à 75% de la normale (compilation proposée par Morgan Stanley). Au milieu du mois, il n’était que de 30% à 50%. Une extrapolation prudente, sous l’hypothèse d’une situation sanitaire qui évolue le long de la tendance observée actuellement, suggérerait un retour à la normale vers la fin mars", souligne le stratégiste de La Banque Postale Asset Management Hervé Goulletquer.
Mais ce sont désormais les informations relatives à la deuxième vague de l’épidémie de coronavirus -hors de Chine- qui tendent à dicter l'humeur des marchés. "D’un côté, il est possible que le nombre de cas quotidiens commence à ralentir en Asie hors Chine et en Europe ; même si le point est à confirmer. De l’autre, l’accélération se poursuit au Moyen-Orient et l’épidémie n’est pas encore vraiment visible en Amérique et en Afrique. Faut-il commencer à être davantage confiant ou plus alarmiste ?", s'interroge le stratégiste. Il est bien difficile de répondre, et les prochains jours seront sans doute déterminants, conclut-il. Le dernier bilan fait état de près de 97.000 cas à travers le monde, pour 3.300 décès.
Pour l'heure, la pression monte aux Etats-Unis avec par exemple l'état d'urgence déclaré en Californie, où un premier décès est à déplorer, et tout un chacun ne manque pas de consulter les tableaux représentant en temps réel la propagation de la maladie, ce qui concrètement ne fait rien pour s'en prémunir. Et sur le plan économique, nul ne peut ignorer les victimes de la crise, comme la compagnie aérienne régionale britannique Flybe.
Wall Street rechute
Dans ce contexte, Wall Street est rattrapé par les craintes liées aux répercussions économiques de l'épidémie et les principaux indices new-yorkais ont ouvert en nette baisse jeudi, au lendemain de la 2e plus forte progression du Dow Jones (en points). À 17h50, ce dernier rétrocède une bonne partie de ses gains enregistrés la veille (-2,4%), le S&P lâche 2,2% et le Nasdaq recule de 1,7%.Air France - KLM, Renault et le secteur bancaire plongent encore
Le secteur aérien est particulièrement affecté, avec 11,2% de baisse pour Air France-KLM (-44% depuis le début de l'année) alors que l'Association internationale de transport aérien a mis à jour son analyse des répercussions financières de la crise sanitaire et prévoit désormais un manque à gagner potentiellement supérieur à 100 milliards de dollars pour les compagnies. Le secteur subit également l'avertissement formulé par Norwegian Airlines.L'automobile redoute également un choc de grande ampleur, alors que les commandes de voitures neuves ont chuté de 19% en Allemagne le mois dernier par exemple. Renault flanche encore nettement (-7,6% jeudi, -45% depuis le 1er janvier) et Peugeot lâche 2,4%.
Les valeurs bancaires sont une nouvelle fois attaquées, Société Générale enregistrant encore le plus fort repli (-5,8%), devant Crédit Agricole (-4,6%) et BNP Paribas (-4,1%).
Pas loin derrière, Airbus lâche 2,9%, Bloomberg ayant rapporté que l'avionneur réduirait la production de son A330neo. Selon Jefferies, difficile de croire que l'impact du Covid-19 épargne certains programmes dans le secteur...
Victime directe également, le secteur de la publicité et de la communication avec -5% pour Publicics et un repli anecdotique (-0,2%) pour JCDecaux, qui a reconnu que son premier trimestre porterait la marque du coronavirus.
Pour les bonnes nouvelles, il faut une nouvelle fois se tourner vers les biotechs/medtechs, segment qui d'une façon générale profite de son implication plus ou moins directe dans la lutte contre le coronavirus (+21% sur Novacyt, +18% sur Visiomed), et connaît plus généralement un retour en grâce depuis l'automne dernier.
Sur des avancées plus spécifiques, en l'occurrence dans l'ophtalmologie, Nicox reprend 3%.
À noter également, dans un registre plus convivial, une prise de participation de Pernod Ricard dans KI NO BI Kyoto Dry Gin au Japon, gin artisanal produit en petite série. L'action du groupe de spiritueux en profite : +1,6%, meilleure performance du CAC 40 où seulement trois valeurs terminent dans le vert (+0,3% pour Schneider Elctric, +0,1% pour Thales).
Enfin, quelques entreprises échappent au marasme après avoir fait état de comptes 2019 solides, à l'image de Somfy (+4,1%) ou Boostheat (+1,5%).
L'euro à un plus haut annuel
Du côté des changes, la monnaie unique grimpe de 0,56% à 1,1195 dollar et reprend 4% en deux semaines face au billet vert. L'euro a même inscrit un nouveau plus haut annuel peu avant 18h, à 1,1215 dollar.Sur le front pétrolier, L'Opep a proposé jeudi une nouvelle coupe drastique de production de 1,5 million de barils de pétrole par jour pour tenter d'enrayer la chute des cours liée à l'épidémie et va tenter d'obtenir le soutien de son allié russe, réservé sur cette stratégie. Le marché anticipe visiblement un refus du côté de Moscou puisque le baril de Brent recule encore de 0,31% à 50,97 dollars quand celui de WTI s'échange à 46,69 dollars (-0,19%).