(BFM Bourse) - Au lendemain d'un gain de 1,12%, la Bourse de Paris reste bien orientée et reprend 1,33% supplémentaire mercredi. Passé l'effet de surprise, l'abaissement inattendu par la Fed de ses taux directeurs semble bien accueilli par le marché, également soulagé de voir Joe Biden prendre l'avantage sur Bernie Sanders dans les primaires démocrates.
Nouveau bol d'air pour le CAC 40, qui boucle une deuxième séance consécutive en nette hausse (+1,33% mercredi, après +1,12% la veille), à 5.46489 points et dans un volume d'échanges encore étoffé mais en recul par rapport aux séances précédentes.
Entre les craintes liées à la propagation du Covid-19 et le coup de semonce subi par les marchés à la suite de la baisse surprise des taux de la Réserve fédérale, les marchés craignaient de se réveiller avec l'annonce d'un succès du candidat socialiste Bernie Sanders au terme d'une journée décisive de scrutins en vue de l'investiture Démocrate à la présidentielle américaine. Il n'en fut rien, la victoire revenant à Joe Biden, qui a devancé son grand rival dans 9 États sur 14 (dont le Texas qui confère un important vivier de grands électeurs. La probabilité de voir l'ex-vice président de Barack Obama défier Donald Trump en novembre est montée à 75,2%, contre 16,8% pour Bernie Sanders, selon les chiffres cités par Mirabaud Securities (avant les résultats définitifs au Texas). Sanders conserve néanmoins des chances en ayant remporté le vote en Californie, le plus important des 14 Etats en jeu avec 415 délégués, soit plus de 20% des délégués nécessaires pour obtenir l'investiture).
Sur le front de l'épidémie de Covis-19, qualifiée pour la première fois mercredi de "pandémie" par l'Allemagne, le virus a contaminé à ce jour plus de 93.000 personnes dans le monde et fait plus de 3.200 morts, notamment en Chine où il est apparu en décembre. Il affecte dorénavant tous les continents, sauf l'Antarctique. Le FMI a estimé que la croissance mondiale sera inférieure en 2020 à celle de 2019 à cause de l'impact de l'épidémie. En revanche, là où est née l'épidémie (en Chine), "la situation évolue plus favorablement, à la fois sur le plan sanitaire mais aussi sur le plan économique" puisque "de nombreuses entreprises ouvrent de nouveau", selon Daniel Larrouturou, gérant actions de Dôm Finance.
Côté indicateurs, le secteur privé aux Etats-Unis a créé 183.000 emplois en février, selon les résultats de l'enquête mensuelle du cabinet de conseil ADP, un chiffre supérieur au consensus des économistes interrogés par Reuters qui tablaient sur 170.000 créations d'emplois. En France, la croissance de l'activité du secteur privé s'est accélérée en février. L'activité dans les services en Allemagne est elle aussi restée solide, et aux Etats-Unis sa croissance a atteint son plus haut niveau en un an. En revanche, en Chine, l'activité dans les services s'est effondrée en février, comme dans le secteur manufacturier.
Côté politique monétaire, la Banque du Canada a également annoncé mercredi une baisse de 50 points de base de son taux directeur, tandis que la Banque du Japon et la Banque d'Angleterre ont dit se tenir elles aussi prêtes à agir.
La Fed sème la confusion à Wall Street
La décision de la Réserve fédérale a pris de court les investisseurs qui n'ont pas compris l'intérêt de précipiter ce mouvement, qui était déjà pratiquement acquis pour le 18 mars prochain. "La pression de Donald Trump a-t-elle été trop forte ? La situation du coronavirus aux Etats-Unis serait-elle plus grave que prévue ? La réunion du G7 s’est-elle (très) mal déroulée ?" s'interrogent les experts de Mirabaud, pour le moins circonspects. Quoi qu'il en soit, cette baisse des taux n'a clairement pas eu l'effet escompté sur la Bourse de New York, dont les principaux indices ont terminé nettement dans le rouge (entre -2,81% pour le S&P et -2,99% pour le Nasdaq). Au lendemain, certes, d'un rebond spectaculaire (+5,1% pour le Dow lundi).La Bourse de New York rebondissait néanmoins fortement à l'ouverture des échanges mercredi, saluant le retour de Joe Biden au rang de favori des primaires démocrates. Après avoir enregistré des soubresauts dans la matinée, les principaux indices de Wall Street enregistrent toujours de nettes progressions en fin de matinée (+1,4% pour le Nasdaq, +1,65% pour le S&P et près de 2% de hausse pour le Dow).
Soitec flambe, Eurofins a touché un nouveau sommet historique
Sur le front des valeurs, le spécialiste isérois de la fabrication de plaques de silicium utilisées pour les semi-conducteurs Soitec indique n'avoir subi à ce jour "aucun impact significatif sur ses activités lié à l'épidémie de coronavirus" et confirme en conséquence ses prévisions pour son exercice qui se clôt à la fin du mois. Tombé la semaine dernière à un plus bas depuis près d'un an (précisément depuis le 28 mars 2019), le titre Soitec s'offre un joli rebond mercredi (+7,3%, parmi les plus fortes hausses du SRD).À 491,5 euros (+5,2%) en clôture, le titre Eurofins Scientific évolue proche de son sommet historique, dans le sillage de la publication de ses résultats annuels qui ressortent légèrement au-dessus des prévisions du groupe, malgré la cyberattaque qui grève le bénéfice net du groupe d'analyses. Il l'a même nettement dépassé vers la mi-journée, s'adjugeant jusqu'à 12% (à 523 euros).
Au sein du CAC, Engie (+4,6%), Veolia (+4,5%) et Sanofi (+4%) signent les meilleures performances de la séance, tandis que les valeurs bancaires souffrent encore de la baisse des rendements obligataires (entre -1% pour Crédit Agricole et -1,3% pour BNP Paribas). Enfin, TechnipFMC (-3,3%) subit le nouveau retournement des cours de l'or noir. Airbus, qui s'attend à une situation "encore plus difficile" cette année en raison de l'impact de l'épidémie de Covid-19 sur le trafic aérien, a encore reculé de 1%. Air France - KLM chute de 4,1%.
Côté medtech, la double homologation (américaine et européenne) de la nouvelle version de la plate-forme d'endomicroscopie Cellvizio de Mauna Kea Technologies réveille le cours du spécialiste de l'imagerie médicale (+14,4%). Genkyotex (+9,6%) et Cerenis (+4,3%) progressent aussi.
Sur le marché pétrolier, le rebond tarde à se matérialiser et les cours de l'or noir évoluent même de nouveau dans le rouge mercredi vers 18h10, le baril de Bren cédant 1,06% à 51,31 dollars quand celui de WTI cède 0,5% à 46,98 dollars. Les investisseurs doutent que la manœuvre de la Fed puisse franchement relancer la demande mondiale, alors que les stocks US ont enregistré leur 6e semaine consécutive de hausse (+800.000 barils). Dans le même temps, à Vienne, l'Arabie saoudite et d'autres membres de l'Opep s'emploient à convaincre la Russie d'accepter une nouvelle réduction de la production de pétrole afin d'enrayer la baisse des cours provoquée par l'épidémie de coronavirus.
Enfin, après huit séances consécutives de hausse qui ont porté la monnaie unique proche d'un sommet annuel, le billet vert reprend un peu de terrain mercredi matin, la parité eurodollar s'établissant à 1,1131 (-0,36%) vers 18h15.