(BFM Bourse) - Avant un jour de fermeture lors du 1er mai, et dans l'attente de la décision de la Réserve fédérale américaine, le CAC 40 a passé toute la journée de mardi dans le rouge... avant de terminer in extremis sur un gain symbolique (+0,1%), porté par l'accélération de poids-lourds tels que Total et LVMH dans la dernière ligne droite.
En repli pendant la majeure partie de la séance, la Bourse de Paris est parvenue à se reprendre au dernier moment, clôturant en hausse de 0,1% à 5.586,41 points, dans un volume d'échanges moyen de 3,64 milliards d'euros. Comme avant chaque réunion importante d'une grande banque centrale, les opérateurs se sont abstenus de prendre des positions trop tranchées, alors que se sont poursuivies les publications de résultats trimestriels. "En approchant de la période peu propice du mois de mai, il est probable que la volatilité et les volumes continuent de rester à de bas niveaux" a résumé Christopher Dembik, responsable de la recherche économique chez Saxo Banque, dans sa note matinale. Rappelons que si la Bourse ne fermera que le 1er mai (fête du travail), beaucoup d'opérateurs risquent de manquer à l'appel lors de l'un ou l'autre des jours fériés du mois. "Sur le CAC 40, il n'y a pas eu de séance avec une hausse supérieure à 1% depuis le 1er avril", a ajouté le spécialiste pour illustrer son propos.
Selon Christopher Dembik, s'il y a "bien évidemment la Fed en ligne de mire cette semaine", c'est surtout la réunion de juin qui devrait être décisive car l'institution monétaire ne devrait pas toucher à ses taux directeurs lors de la session de mercredi. En attendant, les investisseurs ont largement eu de quoi alimenter leur réflexion en matière macroéconomique avec la publication de nombreux indicateurs, en Chine comme en zone euro.
L'activité s'essouffle en Chine
En France, la croissance du PIB a atteint 0,3% au premier trimestre selon l'Insee. Un résultat légèrement inférieur à la précédente prévision publiée par l'organisme public, qui tablait sur 0,4% de progression, mais conforme à la dernière estimation de la Banque de France. Dans le même temps, en Allemagne, le moral des consommateurs devrait se stabiliser en mai sur fond d'optimisme sur les revenus malgré une détérioration des perspectives sur la croissance, selon l'étude mensuelle de l'institut GfK publiée mardi. En revanche, l'activité manufacturière s'est essoufflée (à 50,1) en Chine au cours du mois d'avril, après le rebond enregistré en mars (à 50,5), selon les chiffres du Bureau national des statistiques (BNS), au moment où Pékin négocie âprement un accord avec Washington pour mettre fin à leur guerre commerciale.
Sur ce dossier, les experts de Mirabaud Securites notent que, "d'une manière assez surprenante, la directrice générale du Fonds monétaire international Christine Lagarde, d’habitude pessimiste, a déclaré s'attendre à un accord commercial entre les Etats-Unis et la Chine". L'ancienne ministre de l'Économie française a également affirmé qu'elle ne s'attendait pas à ce que l'économie américaine plonge en récession, bien qu'elle ait besoin de davantage d'indicateurs avant de se prononcer définitivement - une déclaration qui tranche avec ses discours habituellement plus réservé.
Les résultats d'Orange mal accueillis
Sur le terrain des valeurs, la saison des publications trimestrielles (et semestrielles pour certains, à l'image de Bénéteau, en repli de 6,3% dans la foulée de son annonce) a continué d'animer la place parisienne ce mardi. Bouygues (-4,5%) et Orange (-2,9%) ont joué les lanternes rouges sur le CAC 40, l'opérateur historique ayant fait état d'un repli de son activité en France en début d'année. Un signal potentiellement négatif pour Bouygues, dont la branche télécom est proportionnellement beaucoup plus dépendante du marché français que ne l'est le groupe Orange, largement internationalisé. Cela explique que Bouygues (-4,5%), qui publiera le 16 mai ses propres chiffres trimestriels, a davantage souffert, et ce malgré le très bon trimestre réalisé par sa filiale TF1 (+5%).
Thales a abandonné également 5,2%, plombé par un chiffre d'affaires et des prises de commandes en recul au cours des trois premiers mois de l'année et en dépit de la confirmation de ses perspectives. Toujours sur le CAC, Airbus a cédé 0,9% après avoir annoncé un bénéfice net en forte baisse au premier trimestre, en raison d'"ajustements" ayant provoqué des pertes totalisant 368 millions d'euros.
Néanmoins, la performance de l'indice phare a tiré parti en fin de séance de la hausse de plusieurs de ses principales pondérations dont Total (+1,95%) sur fond de ré-accélération des cours pétroliers, LVMH (+1,1%) ou L'Oréal (+0,9%).
Sur le SRD, Archos a signé, et de loin, la plus belle performance du jour (+20%) après la signature d'un partenariat avec le géant vietnamien VinSmart, lequel pourrait prendre le contrôle du groupe français s'il exerce l'intégralité des bons de souscription d'actions qu'Archos compte lui attribuer dans le cadre d'une levée de fonds. Rexel a été dynamisé (+5%) par des ventes en hausse de 4,7% au premier trimestre, à 3,3 milliards d'euros, notamment portées par l'activité du spécialiste de la distribution de matériel électrique, de chauffage, et de plomberie mais aussi d'énergies renouvelables aux États-Unis. Spie a également avancé de 4,6%, soutenu par des résultats en hausse pour le premier trimestre et des objectifs confirmés pour 2019.
Le titre Biom'up a souffert (-12%), l'entreprise reconnaissant un risque pour sa continuité d'exploitation après l'explosion des dépenses en 2018, bien qu'elle espère une diminution des charges et une accélération des ventes cette année.
Sur le marché de l'or noir, les cours du pétrole qui s'étaient stabilisés lundi soir sur le marché new-yorkais Nymex, après leur repli dans le sillage de nouvelles pressions de la part de Donald Trump pour que l'Opep contribue à une baisse des cours, repartaient à la hausse. Le baril de Brent gagnait 1,18% à 72,89 dollars et le WTI 0,88% à 64,06 dollars.
Sur le marché des changes, l'euro reprend un peu de terrain face au billet vert, à 1,1202 dollar (+0,15%) en fin de journée.