(BFM Bourse) - Très sensible au risque politique, le secteur bancaire souffre à la Bourse de Paris après la démission du Premier ministre, Sébastien Lecornu, annoncée ce lundi 6 octobre.
Plusieurs secteurs souffrent à la Bourse de Paris. Dont les banques, qui sont en première ligne de ce mouvement d'aversion au risque en réaction à l'annonce ce lundi 6 octobre de la démission du Premier ministre, Sébastien Lecornu, quelques heures après avoir dévoilé son gouvernement. Il devient ainsi le Premier ministre le plus éphémère de la Ve République.
Société Générale perd 6%, BNP Paribas 5% et Crédit Agricole SA 4,9%, les trois groupes accusant trois des quatre plus fortes baisses d'un CAC 40, qui chute pour sa part de 1,9% ce lundi 6 octobre.
Les établissements bancaires chahutés
Les établissements bancaires réagissent très souvent plus que le marché lors de l'éclatement de tensions politiques (cela a notamment été le cas lors de la crise de la dette souveraine de la zone euro), en raison notamment de leur caractère cyclique, c'est-à-dire que ce sont des titres davantage exposés à la conjoncture.
"Habituellement, les valeurs bancaires ainsi que les entreprises liées aux services, aux collectivités et aux infrastructures sont les premières affectées par ce phénomène. Très sensibles aux décisions budgétaires, réglementaires, fiscales et aux taux d'intérêt, ces secteurs voient leur valorisation diminuer face à un avenir incertain", expliquait en août Antoine Fraysse-Soulier, analyste de marché pour Etoro, après l'annonce d'un vote de confiance demandé par l'ancien Premier Ministre François Bayrou.
Cette onde de choc ranime le spectre d'un blocage politique avec l'absence de mesures nécessaires pour assainir la trajectoire des finances publiques tricolores. "La démission de Lecornu plonge la scène politique dans l’incertitude. Les investisseurs craignent un effet domino sur la politique économique et budgétaire", analyse Antoine Andreani, chef de la recherche actions chez XTB France.
Des tensions sur la dette
Ce qui explique de nettes tensions sur la dette française. L'écart entre le rendement de l'obligation souveraine française à 10 ans et celui de même échéance sur l'obligation allemande à 10 ans (le fameux "spread"), thermomètre du stress de marché sur la signature française, s'inscrit à 87 points de base, soit 0,87 point de pourcentage, un niveau inédit depuis janvier.
"Les banques restent la principale variable d'ajustement pour le marché après le regain de tensions obligataires car les banques françaises ont des obligations françaises dans leur bilan", rappelle Alexandre Baradez, responsable de l’analyse marchés chez IG France.
"Par ailleurs on peur craindre qu'avec l'incertitude politique ambiante, la note de crédit de la France soit encore abaissée, notamment lors des prochaines revues par S&P et Moody's", ajoute le spécialiste de marché.
Dans une note publiée l'an passé, lorsque les banques françaises étaient déjà malmenées en Bourse à la suite de la dissolution de l'Assemblée nationale, Barclays soulignait qu'il existait effectivement "un lien robuste entre les notes de crédit souveraines (d'un pays) et celle des banques (de ce même pays)". "La détérioration du contexte économique se traduit probablement par un environnement opérationnel plus faible pour les banques, ce qui se traduit par des notations négatives", ajoutait Barclays.
Toutefois, la banque britannique expliquait aussi qu'une dégradation de la note souveraine d'un pays n'entraîne pas "automatiquement" celle de ses banques. S&P, par exemple, avait abaissé en 2024 la note de la France sans décider de faire de même pour les établissements tricolores (à l'exception de La Banque Postale, détenue par La Poste, un établissement public).
Un secteur sujet à des prises de bénéfices
Faut-il céder à la panique pour autant? Alexandre Baradez tient à relativiser ce fait de marché et explique que "les banques sont toutefois solides" et que nous ne sommes pas dans "une situation de crise comme en 2011-2012".
"Il s'agit avant tout d'un sentiment de marché. Dans les faits, les banques françaises cotées sont très diversifiées, que ce soit géographiquement ou en termes de métiers. On trouve chez Crédit Agricole SA de la gestion d'actifs, par exemple, ou encore de la conservation de titres avec CACEIS", expliquait David Benamou, directeur des investissements chez Axiom AI fin août.
Aussi, ces prises de bénéfices appuyées sont à mettre en perspective avec le très bon parcours boursier des banques françaises depuis le début de l'année. Elles ont livré pour la plupart des résultats de bonne facture.
"Par ailleurs c'est le secteur sur lequel il est le plus évident de vendre, car les banques européennes (et dans une moindre mesure les banques françaises) ont connu un important rallye depuis deux ans", tient à noter Alexandre Baradez.
A noter aussi que les banques françaises demeurent très diversifiées, comme le remarquait d'ailleurs Barclays. L'exposition des différents groupes à la banque de détail française, la plus sensible au risque politique français demeure ainsi relativement contenue. En 2024, UBS estimait que ce segment représentait autour de 20% du résultat brut d'exploitation de Société Générale, la plus exposée, et 11% pour celui de BNP Paribas.
"Le risque politique ne peut avoir d'impact que sur le long terme, si de nouvelles mesures changent la donne économique de façon structurelle", notait aussi David Benamou.
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