(BFM Bourse) - Évolution de la situation pandémique outre-Atlantique, impasse des négociations sur le Brexit, tensions récurrentes entre les Etats-Unis et la Chine, absence d'accord au Congrès américain... tout incite les investisseurs à la prudence lundi.
Parvenu à enchaîner une cinquième semaine consécutive dans le vert grâce à un gain de 0,62% vendredi, le CAC 40 démarre la semaine dans le rouge face au regain d'incertitudes sur de multiples fronts. Notamment "l'absence d’accord entre républicains et démocrates aux Etats-Unis, de tergiversations sur le sujet du Brexit et de triste constat que les Etats-Unis viennent de connaître un nouveau nombre record d’infections au coronavirus", selon l'énumération de John Plassard, directeur des investissements chez Mirabaud.
Après avoir ouvert légèrement dans le rouge (-0,25%), l'échantillon principal du marché parisien a nettement creusés ses pertes dans la matinée et cède 0,76% à 5.666,73 points vers 12h40, dans un volume d'échanges en repli, à 920 millions d'euros.
La prudence -et les prises de bénéfices- pourraient désormais persister en attendant les décisions de la Banque centrale européenne (BCE) jeudi, qui devraient amplifier et prolonger son soutien à l'économie, via le programme d'achats de titres PEPP et les prêts de liquidités aux banques (TLTRO), et la Fed mercredi prochain. D'ici-là, "la volatilité devrait aussi monter d'un cran ces prochains jours", anticipe John Plassard. À 12h45, le VIX (aussi appelé "l'indice de la peur") prend effectivement plus de 6% après être récemment tombé à un plancher depuis février dernier.
Parmi les raisons qui incitent les investisseurs à faire preuve de prudence lundi, les Etats-Unis ont enregistré samedi, pour la troisième journée consécutive, un nombre record de contaminations au coronavirus en 24h avec près de 230.000 cas, selon le comptage de l'université Johns Hopkins. Dans le même temps, la France a enregistré, dimanche, plus de 11.000 nouveaux cas selon les données officielles, un chiffre largement au-dessus de l'objectif des 5.000 cas fixé par le gouvernement pour lever les mesures de confinement le 15 décembre.
Des informations de presse selon lesquelles les Etats-Unis envisageraient de sanctionner des responsables chinois au sujet des récents événements à Hong Kong pèsent également sur la tendance, tout comme l'impasse des négociations à Bruxelles sur l'après-Brexit concernant les trois grands dossiers qui continuent d'empêcher la conclusion d'un accord global: à savoir la pêche, les règles de libre et équitable concurrence et le mécanisme de règlement des litiges.
Ces incertitudes éclipsent les nouvelles statistiques rassurantes publiées ce matin, notamment en Chine où les exportations ont progressé de 21,1% sur un an au mois de novembre. Une hausse bien supérieure aux attentes du marché, et la plus forte depuis plus de deux ans. En Allemagne, la production industrielle a crû à nouveau en octobre, dissipant les craintes d'une chute de la conjoncture pour la fin d'année.
Si l'actualité macroéconomique est dense, on ne peut pas en dire autant sur le front de la microéconomique. Côté valeurs à Paris, le compartiment bancaire repart à la baisse. Société Générale, qui va fermer 600 agences en fusionnant ses réseaux de banques Société Générale et Crédit du Nord, cède 0,9%. BNP Paribas lâche 1,4% à 44,82 euros et Crédit Agricole 0,4%. Axa recule aussi de 0,9% en perspective d'une réunion prévue lundi entre Bercy et les assureurs sur la question du gel des primes d'assurance des hôteliers et restaurateurs.
EDF reflue de 1,6% après la dénonciation dimanche par Greenpeace de failles dans la sécurité du chantier du réacteur nucléaire EPR de Flamanville (Manche). L'ONG antinucléaire affirme avoir pu consulter des documents confidentiels relatifs à la protection du site.
Enfin, la société lilloise de biotechnologie Genfit spécialisée dans la NASH (pathologie chronique du foie surnommée "maladie du foie gras") efface une grande partie de ses dettes en lançant une offre de rachat partiel (et à prix cassé) sur les titres émis en octobre 2017. Le titre cède 0,6%.
Les cours pétroliers cèdent aussi du terrain dans cet environnement incertain, le baril de Brent s'échange à 48,73 dollars (-1,08%) à 13h10, quand le WTI perd 1,20% à 45,71 dollars.
Après avoir lâché du lest dans la matinée, la monnaie unique ne rétrocède plus que 0,08% à 1,2113 dollar.