(BFM Bourse) - En verve tout au long de la journée, l'indice phare du marché parisien a accéléré jeudi son rebond de la veille, les investisseurs saluant la volonté de la Réserve fédérale de ne pas se laisser déborder par une inflation nettement plus forte et moins transitoire qu'anticipé il y a quelques mois.
Après s'être retranché derrière le terme "transitoire" durant de (trop) longs mois, les annonces de Jerome Powell à l'issue du comité de politique monétaire de la Fed ont sonné mercredi comme une prise de conscience... dont les investisseurs ont salué l'à-propos, face à une inflation qui atteint des niveaux inédits depuis plusieurs décennies. Dans le sillage de l'envolée des indices new-yorkais mercredi soir, le CAC 40 a démarré à son tour en nette hausse jeudi et l'indice maintenu une avance de plus de 1% tout au long de la journée, terminant à 7005,07 points (+1,12%). À l'instant de la clôture parisienne, le marché américain affichait un tableau plus contrasté, avec un gain de 0,4% pour le Dow Jones, un repli léger du S&P 500 mais nettement plus prononcé (-1,4%) du Nasdaq.
Plutôt que de bouder la perspective d'un net durcissement monétaire, les investisseurs ont donc salué la volonté de l’institution américaine de ne pas se laisser déborder par l'inflation, en doublant dans l'immédiat le rythme auquel elle diminue ses rachats d'actifs (le fameux tapering, qui devrait ainsi être achevé au printemps) et annoncé trois hausses de taux en 2022, ainsi que trois autres en 2023.
Or les marchés financiers étaient finalement plutôt inquiets que la Fed ne commette une erreur manifeste de politique monétaire en se montrant trop prudente sur le rythme de ralentissement du tapering. La banque centrale a notamment souligné que les déséquilibres de l'offre et de la demande liés à la pandémie et à la réouverture de l'économie ont continué de contribuer à des niveaux élevés d'inflation, et prévoit désormais que celle-ci se situe, en moyenne, autour de 2,6% en 2022. "Nous pensons que les investisseurs sont satisfaits que la Fed soit consciente des risques d'inflation et y réponde" résume Standard Chartered dans une note.
Guère le temps de souffler entre deux décisions monétaire puisque la Banque d'Angleterre a, elle aussi, opté pour un geste énergique, en relevant (de 0,1% à 0,25%) son principal taux d'intérêt, même si elle a laissé inchangé pour l'heure le montant de son programme d'achats d'actifs inchangé, jugeant que le variant Omicron implique des risques à la baisse pour l'activité début 2022, mais relève son taux d'intérêt directeur à 0,25%, contre 0,1% auparavant. Et la BCE a quant à elle indiqué qu'elle maintenait ses taux directeurs inchangés tout en annonçant une réduction graduelle du rythme de rachat d'actifs : les achats nets de dette dans le cadre de son programme d'achat d'urgence contre la pandémie (PEPP), forts de 1.850 milliards d'euros, seront encore réduits au premier trimestre 2022 et expireront comme prévu fin mars.
Airbus, l'automobile et la tech au rebond
Au sein de l'indice CAC 40, seule une poignée de valeurs sont restées sur le bas-côté jeudi, généralement sans gros repli hormis celui de STMicroelectronics (-1,7%), clairement pénalisé par l'affaiblissement du Nasdaq. Dassault Systèmes a cédé 0,7%.
De l'autre côté du palmarès ArcelorMittal s'est détaché en hausse de 5,4%. Le compartiment automobile (+3,25% pour Stellantis, +2,2% pour Renault) a brillé également, ainsi qu'Airbus (+2,4%), l'avionneur européen ayant été préféré à Boeing par Qantas comme fournisseur privilégié pour le renouvellement de sa flotte domestique.
En queue de peloton du SBF 120, très loin derrière tout le monde, EDF s'est en revanche effondré de 15,5%, à 3 centimes des 10 euros soit un niveau inconnu depuis mars dernier, après avoir détecté des défauts près de circuits de refroidissement d'une centrale nucléaire, obligeant le groupe à prolonger son arrêt et à interrompre la production d'une autre centrale équipée du même type de réacteurs. Dans l'autre sens, Valneva a redécollé de 16,2%, soutenu par de premières données positives pour son candidat-vaccin comme dose de rappel.
Parmi les plus petites capitalisations, le champion des semences Graines Voltz a pris 6,8%, l'engouement pour le jardinage conduisant à un doublement de ses bénéfices en 2020-2021 (exercice clos fin septembre). Le groupe évoque également de "très bonnes perspectives" pour l'exercice en cours.
Au chapitre pétrolier, les cours rebondissaient assez nettement à 75,52 dollars le baril de Brent (+2,22%) et 72,931 dollars (+2,91%) pour le WTI.
Sur le marché des changes, l'euro progressait de 0,18% à 1,1312 dollar, au terme d'une séance cadencée par les différents discours des banques centrales. Le bitcoin faiblissait à nouveau sous 49.000 dollars(-1,16% à 48.650 dollars).