(BFM Bourse) - L'évolution préoccupante sur le front sanitaire, notamment en Europe, refroidit clairement les investisseurs qui tablaient ces derniers mois sur une reprise économique vigoureuse en 2021. Le marché parisien enchaîne une troisième séance consécutive dans le rouge.
L'optimisme affiché par les opérateurs depuis la découverte des vaccins en novembre dernier est mis à l'épreuve de la recrudescence du nombre de nouvelles contaminations, notamment en Europe continentale, qui pourrait compromettre le rebond de l'activité attendu au deuxième trimestre. Les indices européens sont "refroidis par les nouvelles mesures allemandes prises afin de lutter contre la troisième vague épidémique" constate Tangi Le Liboux, stratégiste chez le courtier Aurel BGC. Confrontée à une hausse "exponentielle" des contaminations et à un nouveau variant "beaucoup plus létal" du Covid, l'Allemagne va en effet se placer en "verrouillage renforcé pendant tout le week-end de Pâques", a annoncé mardi la chancelière Angela Merkel, évoquant une "situation très grave".
Ces nouvelles restrictions, quelques jours après le 3e "confinement" français, pèsent sur le moral des opérateurs qui limitent les prises d'initiative dans ce contexte, comme l'indique le volume de transactions particulièrement resserré, de moins de 900 millions vers 12h45. Au même moment, le baromètre du marché parisien cède 0,31% à 5.950,17 points, proche d'un plus bas depuis deux semaines.
Toujours sur le front sanitaire, l'approvisionnement en doses de vaccin d'AstraZeneca suscite des tensions entre l'UE et le Royaume-Uni, tandis le régulateur américain, citant un groupe d'experts indépendants, se plaint que le laboratoire ait mentionné des données "obsolètes" lors de ses essais cliniques aux Etats-Unis.
Le sentiment de marché est également affecté par le regain de tensions diplomatiques et commerciales entre la Chine et l'Occident, ainsi que par la nouvelle tempête financière en Turquie après le limogeage du gouverneur de la banque centrale par le président Recep Tayyip Erdogan, qui provoque de nouveaux remous sur les marchés locaux ce mardi au lendemain d'une chute de la livre turque.
Ces nouvelles négatives l'emportent largement sur le ton plutôt optimiste adopté lundi par Jerome Powell, le président de la Fed, et Janet Yellen, la secrétaire au Trésor, sur les perspectives d'évolution de l'économie américaine, avant leur audition au Congrès. Au four et au moulin cette semaine, le patron de l'institution monétaire est de nouveau attendu ce mardi devant la chambre des Représentants.
Les cycliques refluent face à l'ampleur de la 3e vague
Calme plat sur le front des valeurs, la cote tricolore étant pour l'essentiel animée par des mouvements sectoriels au profit des technologiques dans le sillage du Nasdaq, et par des changements de recommandations - dont la liste complète est à retrouver ici. JCDecaux profite ainsi d'un relèvement de conseil (et d'objectif) de Berenberg pour prendre 2,8%, le bureau d'études mettant en avant le potentiel de redressement des bénéfices du spécialiste de la publicité urbaine.Plusieurs valeurs cycliques souffrent alors que la reprise économique semble s'éloigner, à commencer par le compartiment automobile (-4,8% pour Plastic Omnium, -3,5% pour Valeo, -3,3% pour Faurecia, -3,2% pour Renault, -2,2% pour Stellantis). Les valeurs bancaires et aéronautiques lâchent aussi du lest.
Marche arrière toute pour l'or noir
Parmi les autres classes d'actifs, les cours pétroliers amplifient leur repli, les dernières nouvelles de la crise sanitaire en Europe continentale alimentant les craintes sur la demande et les prix. Vers 12h35, le baril de Brent plonge de 3,81% à 62,17 dollars après avoir frôlé les 70 dollars il y a tout juste une semaine, quand celui de "light sweet crude" texan repasse sous le seuil des 60 dollars avec un vif repli de 3,53% à 59,39 dollars.Sur le marché des changes, ou "forex", le billet vert s'apprécie en amont des nouvelles auditions de Powell et Yellen devant le Congrès, et la monnaie unique cède 0,44% à 1,1882 dollar.