(BFM Bourse) - La Bourse de Paris affiche un repli de 0,39% à 5.268 points vers 12h30, les opérateurs évitant de prendre des positions tranchées avant la réunion cruciale de la BCE dans un contexte de craintes de ralentissement économique en Europe.
Au lendemain d'une séance de baisse (-0,21%) après quatre hausses consécutives, la Bourse de Paris s'affiche de nouveau en recul de 0,39% jeudi, vers 12h30, dans un volume d'échanges encore faible de 715 millions d'euros, témoin de la circonspection qui règne sur les marchés avant la réunion très attendue de la BCE.
"La réunion du jour (de la BCE) sera peut-être à marquer d’une pierre blanche" avancent les experts de Mirabaud Securites. Face à une croissance plus molle que prévu et une inflation atone, la BCE devrait abaisser ses prévisions économiques pour la zone euro et discuter de mesures de soutien. Et une question demeure dans tous les esprits : "la BCE va-t-elle annoncer une nouvelle salve de TLTRO pour faciliter une nouvelle fois la transition vers la normalisation des politiques et protéger certaines des économies les plus fragiles de la zone euro (notamment l'Italie) cette année ?" s'interrogent les experts de Mirabaud Securities.
Évoquée à de nombreuses reprises au cours des dernières semaines par des responsables de la BCE, cette piste est également privilégiée par Hervé Goulletquer, stratégiste à la Banque Postale Asset Management. "Tout plaide pour une Banque centrale dressant des perspectives de réglages monétaire plus accommodants" anticipe-t-il dans sa note matinale. Toutefois, si "la normalisation est toujours à l'ordre du jour (...) l'incertitude force à la décaler dans le temps" car il n'est "pas question de prendre une initiative qui enverrait, directement ou indirectement, le message d'un resserrement (économique)" estime-t-il. Cette réflexion amène le stratégiste à penser que l'institution monétaire devrait opter pour : "le maintien d’un biais baissier en termes de perspectives économiques, une forward guidance inchangée (le guidage prospectif continuerait d’indiquer le maintien des taux directeurs à leurs bas niveaux actuels jusqu’à la fin de l’été prochain) et annoncer, ou au moins en dresser la perspective, un renouvellement du programme de TLTRO".
Pour les experts de Mirabaud Securities, "il est très difficile de penser que la réunion de la BCE de cet après midi se passera sans réaction de marché. Ce d’autant plus que si un nouveau TLTRO devait être lancé". Ils rappellent en outre que les réactions de marché après le déclenchement des TLTROs ont été très intéressantes. En effet, "lors du lancement du TLTRO du 18 septembre 2014 l’Eurostoxx 600 à … baissé de 10% après 1 mois (après avoir fortement progressé lors de l’annonce)". Et lors de cette baisse, "ce sont les secteurs de l’énergie, des matériaux, de la technologie et des financières qui avaient été les plus impactés négativement", alors que les secteurs de l’immobilier et des utilities avaient été les seuls à progresser.
Dans le reste de l'actualité économique, le "Livre beige" (un commentaire des 12 banques fédérales américaine sur les conditions économiques du moment, ndlr) publié mercredi par la Fed "ne surprend pas vraiment (impacts de la baisse de la croissance, du shutdown ou encore des tensions commerciales) mais il évoque tout de même un resserrement des conditions du crédit qui affecte les dépenses des ménages" notent les experts de Mirabaud. "À la lecture de celui-ci, on comprend que la Fed ne devrait pas remonter ses taux de sitôt" ajoutent-ils.
Les investisseurs restent par ailleurs toujours dans l'attente d'éventuelles avancées concrètes dans les négociations commerciales entre les Etats-Unis et la Chine tandis que, côté européen, ils suivent en parallèle les discussions entre Bruxelles et Washington qui peuvent éventuellement déboucher sur un accord commercial pour les biens industriels.
L'automobile encore en souffrance
Sur le terrain des valeurs, le secteur automobile est une nouvelle fois sous pression, après avoir déjà décroché hier en réaction aux résultats peu convaincants de l'équipementier allemand Schaeffler. Au sein de l'indice phare, trois des plus fortes baisses de la matinée sont à mettre à l'actif d'entreprises du secteur (-3,7% pour Valeo, -2,7% pour Peugeot et -2,2% pour Renault).JCDecaux progresse légèrement (+1,2% vers 13h) après s'être adjugé jusqu'à 5% au cours de la matinée, le titre étant soutenu par les résultats annuels de bonne facture du numéro un mondial du mobilier urbain qui a notamment développé son activité dans les transports.
Enfin, Elis a dégagé une marge d'Ebitda conforme aux prévisions, à 31,5%, mais la hausse inattendue de la masse salariale au second semestre pèse néanmoins sur la base de coûts du blanchisseur, ce qui ramène le titre à un plus-bas depuis 2015 (-7,3% vers 13h15, plus mauvaise performance du SRD).
Sur le marché pétrolier, le baril de Brent avance nettement (+1,5% à 66,92 dollars) vers 13h15, tout comme le WTI texan (+1,2% à 56,88 dollars) après l'annonce de l'Agence américaine d'information sur l'énergie, mercredi, d'une hausse des stocks de brut plus important que prévu, signe d'un ralentissement de la demande aux États-Unis, alors que la production a atteint un nouveau record à 12,1 millions de barils par jour, deux millions de plus qu'en début d'année 2018. L'eurodollar est immobile à 1,1309.